Tournier, prix Goncourt pour “Le Roi des aulnes”, s’est éteint à 91 ans

21-01-2016 02:01 PM


L’écrivain Michel Tournier, prix Goncourt “Le Roi des aulnes” en 1970, est décédé lundi à l’âge de 91 ans dans les Yvelines. Il restera comme l’un des grands auteurs français de la seconde moitié du XXe siècle.
 
Entre réalisme et magie, ses œuvres ont marqué toute une génération, amoureux comme lui des lettres, de l’histoire, de l’aventure, de la nature. Il cherchait toujours à réconcilier les idées et le réel. Michel Tournier était un immense auteur et un conteur hors pair. Son œuvre vivra.
L’écrivain, qui restera comme l’un des grands auteurs français de la seconde moitié du XXe siècle, habitait depuis plus d’un demi-siècle dans l’ancien presbytère du village. “Dans les derniers temps, il ne voulait plus se battre, c’était la vieillesse”, a ajouté son filleul. 
Début 2016, l’ancien membre de l’Académie Goncourt, dont le premier roman “Vendredi ou les limbes du Pacifique”, grand prix de l’Académie française, a été vendu à 7 millions d’exemplaires, avait été nommé commandeur de la Légion d’honneur. Cité plusieurs fois pour le Nobel, connu dans une bonne partie du monde, Michel Tournier était aussi un passionné de photographie et un important auteur pour la jeunesse.
 
À la croisée des cultures française et allemande, Michel Tournier a revisité, dans son œuvre de romancier à forte empreinte philosophique, les grands mythes de l’humanité. Il débute dans la littérature à 43 ans avec “Vendredi ou les limbes du Pacifique”, un coup de maître. Grand prix 1967 de l’Académie française, ce récit d’aventures autour de Robinson se vendra à cinq millions d’exemplaires.
Avec “Le Roi des Aulnes” (1970), l’écrivain, qui affirmait ne pas être “un littéraire d’origine”, s’empare encore d’un mythe pour réaliser le passage de la métaphysique au roman. Il raconte l’histoire (reprise de Goethe) d’un ogre en Prusse orientale qui consomme de la chair humaine, séduit la jeunesse et la jette dans la guerre. Comme par exemple Hitler. Le roman, porté à l’écran par Volker Schloendorff en 1996, est le seul à avoir été choisi à l’unanimité des jurés pour le Goncourt.
Sa troisième fiction, encore un très grand texte, “Les Météores” (1975), traite de sa fascination pour la gémellité. Il pensait que pour rester élégant dans le malheur, il n’y a rien de tel qu’un grand mythe : “Une femme qui a une histoire d’adultère, si elle pense à Tristan et Yseult, elle trouvera un réconfort, peut-être une justification, en même temps elle trouvera une leçon de grandeur”.
En 1979, il est élu “écrivain de la décennie” par la presse littéraire française. Et devient un classique.
Michel Tournier est né à Paris le 19 décembre 1924 dans une famille marquée par le catholicisme, la musique et la culture allemande, ses parents étant professeurs agrégés d’allemand. Ce pays “est une partie de moi-même. J’en suis un ami. Un ami très critique”, confiait-il, estimant que la réunification de 1989 avait été trop brutale.
Il passe une partie de son enfance en Allemagne, avant la guerre. Après, il étudie la philosophie. De 1950 à 1968, il est journaliste, traducteur, attaché de presse (à Europe 1), éditeur (chez Plon), auteur d’émissions de radio et de télévision.
Élu en 1972 juré Goncourt, membre du comité de lecture de Gallimard, il publie beaucoup: “Le Vent Paraclet” (1977, essai), “Le Coq de bruyère” (1978, nouvelles), “Gaspard, Melchior et Balthazar” (1980, roman), “Gilles et Jeanne” (1983, roman), “La Goutte d’Or” (1986, roman), “Le Médianoche amoureux” (1989, contes), “Eléazar” (1996, roman), “Célébrations” (1999, essai) ou “Journal extime” (2002).
Les livres pour enfants le passionnent. Michel Tournier adapte un “Vendredi” pour la jeunesse qui devient un classique et écrit au total une quinzaine de livres pour jeunes, comme “Amandine ou les deux jardins”.
Enfin, on lui doit une dizaine d’ouvrages consacrés à la photo. “J’ai fait des dizaines d’émissions à la télévision sur la photographie, j’ai été un des créateurs des Rencontres internationales d’Arles, eh bien, je suis maintenant persuadé de la dangerosité et de la nocivité de l’image”, estimait-il toutefois.
“Je ne désire que trois choses”, assurait ce chrétien qui n’aura cessé de douter : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. “L’or représente les droits d’auteur, l’encens les bonnes critiques et la myrrhe le passage à la postérité”.

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