La France à l’heure de la Révolution

28-04-2017 01:25 AM


 

 

Les sondages l’avait prévu. Alors que les Socialistes et les Républicains vont régler leurs comptes, les deux qualifiés devront rassembler autour de leur nom.

On sentait que cette élection ne ressemblerait à aucune autre. Mais les sondages s’étaient tellement trompés, au Royaume Uni, puis aux États-Unis, qu’il fallait bien attendre le verdict des urnes. On n’est pas déçu. Ce n’est pas un coup de balai, c’est un cyclone. Les deux partis qui ont gouverné depuis le début de la Vème République sont éliminés de l’élection présidentielle dès le premier tour. Les Français ont choisi le renouvellement.
 Il en rêve depuis au moins un an. Lors du second tour de la présidentielle, le 7 mai, Emmanuel Macron pourrait être élu président de la République. Une victoire inimaginable il y a encore quelques mois pour l’ancien ministre de l’Economie, qui a déjà fêté, à l’occasion d’un dîner polémique à La Rotonde dimanche 23 avril, son succès au premier tour.
Fort d’une bonne dynamique, de soutiens venus de droite comme de gauche face au FN et de sondages favorables, le candidat d’En marche ! semble à l’abri des mauvaises surprises. Mais certains observateurs ne partagent pas cette analyse. Alors, Emmanuel Macron a-t-il déjà remporté l’élection présidentielle ? 
Une nouvelle campagne démarre avec le second tour. S’ils veulent accéder à l’Elysée, les deux finalistes doivent élargir leur base électorale. Une obligation qui semble plus facile à remplir pour Emmanuel Macron, qui, avec24,01% des suffrages, est arrivé plus de deux points et demi devant Marine Le Pen (21,3%). Dans un sondage réalisé par Ipsos/Sopra Steria juste après la proclamation des résultats, le candidat d’En marche ! recueillerait 62% des suffrages au second tour, loin devant la candidate frontiste (38%). Le score de Marine Le Pen serait toutefois deux fois plus élevé que celui de son père en 2002 [17,79%].
Le candidat d’En marche !, “plus rassembleur”, peut compter sur le “barrage républicain” – selon la formule du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Peu après les résultats, François Fillon, Benoît Hamon et plusieurs ténors de gauche comme de droite ont, en effet, appelé à voter contre Marine Le Pen. 
Si Jean-Luc Mélenchon, ainsi que les sept autres candidats à la présidentielle, n’ont, en revanche, pas encore pris position, l’électorat de la France insoumise n’a pas eu de mal à se prononcer malgré l’absence de consigne. Toujours selon le sondage Ipsos/Sopra Steria, 62% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon estiment qu’il y a “plus de chance” qu’ils votent pour le leader d’En marche ! que pour la présidente du Front national (9% se prononcent en faveur de Marine Le Pen et 29% ne s’expriment pas).
Du côté de l’électorat de Benoît Hamon, les intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron grimpent jusqu’à 79%. Les soutiens de François Fillon sont les plus partagés : parmi ceux ayant voté pour le candidat Les Républicains au premier tour, 48% estimaient qu’ils se tourneraient sans doute plus vers le candidat d’En marche !, tandis que 33% considéraient que Marine Le Pen avait plus de chance de recueillir leur suffrage.
Mais ce n’est pas parce qu’on est largement en tête que le match est forcément gagné. Emmanuel Macron a plein de manières de mettre son avantage en péril. La première est peut-être de donner le sentiment que la victoire est trop facile, et qu’il peut enjamber le second tour. 
Au soir du premier tour, le discours d’Emmanuel Macron s’est en effet apparenté à une célébration de victoire. 
Emmanuel Macron pourrait commettre une seconde erreur, en tentant de se positionner par rapport à son adversaire, sous prétexte qu’on est désormais dans un duel. 
Pour une personne déjà critiquée par rapport à son positionnement, à ses inspirations de gauche et de droite, il y a un risque à donner le sentiment d’évoluer en fonction de la configuration du second tour. Une stratégie qui pourrait froisser un électorat plutôt volatil.
D’autant que les comportements des deux électorats battus, celui de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon, sont imprévus. On sous-estime peut être  le traumatisme, la colère et le coup de massue pour les électeurs de droite qui, au lendemain de la primaire, se disaient que François Fillon serait le prochain président.
 
 
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