Newsha Tavakolian partage un prix photographique avec les réfugiés syriens

17-09-2015 03:39 PM


Lauréate du prix de la fondation néérlandaise Prince Claus, la photographe iranienne Newsha Tavakolian a décidé de partager son prix avec les migrants fuyant la Syrie et l’Irak, deux pays où elle travaillé à plusieurs reprises.
Face à la crise de la presse, les prix constituent de précieux sésames qui permettent aux photojournalistes de continuer à travailler et de repartir sur le terrain. Lauréate 2015 du prix de la fondation néerlandaise Prince Claus, la photographe iranienne Newsha Tavakolian a pourtant souhaité reverser une partie de la (très généreuse) récompense aux migrants syriens et irakiens.
“Malheureusement, c’est difficile pour moi de profiter de ce prix comme je le souhaiterais, quand je vois les régions dans lesquelles je travaille en flammes et des dizaines de milliers de personnes qui cherchent refuge loin de chez eux”, a-t-elle écrit sur son compte Facebook.
Sur la dotation de 100 000 euros qu’elle doit percevoir en décembre prochain, elle a décidé de reverser 15 000 euros à des organisations qui soutiennent ces migrants qui fuient la guerre, en Irak et en Syrie : “J’ai travaillé dans ces deux pays et je veux remercier les Irakiens et les Syriens pour la gentillesse avec laquelle ils m’ont accueillie, et ce malgré les conditions dans lesquelles ils vivent”, poursuit-elle.
“Complexités de l’Iran contemporain”
La Fondation Prince Claus, créée par le défunt mari de l’ex-reine des Pays-Bas Beatrix pour soutenir la culture dans des pays où elle est sous-financée, a décerné son prix principal à cette autodidacte “pour son superbe et émouvant témoignage des complexités et des ambiguïtés de l’Iran contemporain”, écrit le jury dans son communiqué. “Ses œuvres novatrices nous offrent une image forte de la vie actuelle en Iran et au Moyen-Orient, vue de l’intérieur”, peut-on lire également.
À seulement 34 ans, Newsha Tavakolian est une journaliste chevronnée. À 18 ans, elle était la plus jeune photographe à couvrir le soulèvement étudiant de 1999 en Iran. Un an plus tard, elle rejoignait l’agence new-yorkaise Polaris Images. Depuis, elle a couvert plusieurs conflits régionaux et catastrophes naturelles, et a réalisé des reportages en Irak, au Liban, en Syrie, en Arabie saoudite, au Pakistan et au Yémen. Elle est publiée dans les principaux magazines de la presse occidentale : Time, Newsweek, Stern, Le Figaro, Colors, The New York Times, Der Spiegel, Le Monde, NRC Handelsblad.
 
Une photographe sans concession
Mais tandis que son travail était publié dans les plus grands titres internationaux, il lui est devenu de plus en difficile de travailler en Iran. Elle a donc inventé un langage pour contourner la censure et choisi d’évoquer les réalités iraniennes de manière plus allégorique, passant du reportage à la photographie d’art. Elle a notamment réalisé une série de portraits de jeunes de Téhéran qui lui a valu, en 2014, le prix Carmignac-Gestion du photojournalisme, la projetant en même temps au cœur d’une polémique qui a secoué le monde de la photo.
Lorsqu’Edouard Carmignac, collectionneur d’art  millionnaire, patron d’un fonds de gestion et du prix auquel il a donné son nom, a voulu choisir les photos à exposer, en réécrire les légendes et imposer le titre de l’exposition, la photographe a décidé de rendre la dotation de 50 000 euros. Après de nouvelles négociations avec le jury et le soutien de Sam Stourdzé, directeur des Rencontres internationales de la photo d’Arles, elle avait finalement accepté le prix.
Cette fois, Newsha Tavakolian a choisi de partager le prix Prince Claus qu’elle dédie “à tous ceux qui risquent leur vie pour raconter les histoires de ceux que personne n’écoute”. Outre son aide aux réfugiés syriens et irakiens, la photographe a promis de donner 13 000 euros à un prix iranien (Sheed) qui récompense de jeunes photographes, 10 000 à la fondation Mahak qui aide des enfants atteints du cancer et 7 000 euros à des associations de protection des animaux.
 
 

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