Le musée égyptien de Turin en Italie

13-03-2015 05:19 PM

Christine Ibrahim


Après cinq ans de travaux, le musée égyptien de Turin, en Italie, va rouvrir ses portes le 1er avril. A vrai dire, il ne les a jamais vraiment fermées, puisque les aménagements ont été réalisés sans interruption des visites. C’était le vœu du jeune directeur de l’établissement, l’archéologue Christian Greco: «Nous avons une mission de service au public, il était impensable de fermer le musée.» Pourtant le chantier est titanesque. Les espaces du musée ont été intégralement repensés, un sous-sol a été creusé et deux étages, dont un sous verrière, ont été créés. Le musée multiplie ainsi sa surface par deux et a entièrement repensé son parcours.
«En considérant notre immense collection, nous étions clairement à l’étroit», explique Christian Greco. Et pour cause, le musée accueille la plus belle et la plus importante collection d’antiquités égyptiennes hors de l’Egypte. Une collection crééeà partir d’un accident de l’histoire. «Parmi les nouveaux espaces, on a voulu consacrer la première salle à l’histoire du musée et de sa collection parce qu’elle raconte un bout de l’histoire de l’Italie et même de la construction européenne.»
Le Louvre spolié…

Après sa campagne en Egypte et la débandade qui s’ensuivit, Napoléon et ses troupes, dont certains scientifiques et archéologues, durent mettre à l’abri des vestiges antiques fabuleux. Bernardino Drovetti, consul de France en Egypte, cacha la collection dans sa ville natale de Turin. Les aléas de la vie politique européenne firent que très vite, cette collection échut durablement à l’Académie des Sciences. L’actuel musée est un ancien bâtiment de cette institution.
A peu de chose près, la collection aurait pu atterrir au Louvre, ou être dispersée aux quatre vents. «Le Louvre a déjà tellement de belles choses, sourit Christian Greco. La France peut bien nous laisser ça.» Par «ça», le directeur veut parler de 21 statues monumentales Sekhmet, de la tombe intacte de Khâ et Merit, d’un temple rupestre intégral, de dizaines de momies…
Des chercheurs et des enfants

Bien que situé dans une ville moyenne d’Italie, le musée égyptien a, comme Turin bientôt dix ans après ses Jeux Olympiques, de hautes ambitions de fréquentations. Les multiples vicissitudes du sublime musée du Caire, en proie aux difficultés financières et qui ne s’est jamais vraiment remis des pillages consécutifs àla chute du régime de Hosni Moubarak en 2011, font du musée de Turin la référence mondiale pour les Egyptologues européens. Les plus importantes conférences s’y déroulent, les chercheurs y affluent. Champollion lui-même y a étudié pour ses recherches sur les hiéroglyphes.
«C’est une grande fierté, mais nous n’oublions pas que la majorité de nos visiteurs sont des scolaires, explique Christian Greco. A certaines périodes de l’année, nous recevons un groupe d’enfants toutes les dix minutes. Nous avons créé de nombreux espaces d’accueil pour les classes. Il faut être pragmatique.»
Le nouveau parcours de visite se veut plus lisible, avec une présentation chronologique, et plus moderne. Chaque visiteur sera ainsi doté d’une tablette tactile connectée qui offrira des contenus enrichis. Au milieu des nouvelles salles, les architectes ont tenu à conserver deux galeries «dans leur jus», avec la même présentation et les mêmes vitrines qu’au XIXe siècle. «C’est, conclut Christian Greco, une manière de respecter notre héritage.»

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