Le Mont-Saint-Michel est né d’un rêve

13-04-2017 12:03 PM


Le rocher, tout d’abord connu sous le nom de mont Tombe, était occupé par des moines avant que la dévotion à l’archange y fasse son apparition. La première église dédiée à l’archange saint Michel sur le Mont aurait été entreprise en 708 par Aubert, évêque d’Avranches, sous le règne du roi mérovingien Childebert III (695-711), un lointain descendant de Clovis.
Le texte de la Revelatio rappelle les circonstances légendaires de cette fondation : « Dans un temps, comme le prélat de la susdite ville d’Avranches s’était livré au sommeil, il fut averti par une révélation angélique de construire au sommet du lieu précité un édifice en l’honneur de l’archange, afin que celui dont la vénérable commémoration était célébrée au mont Gargan fût célébré avec non moins de ferveur au milieu de la mer. » Après avoir fait ce rêve à trois reprises, l’évêque gagne le mont pour y édifier un oratoire.
Ne sachant pas à quel endroit précis le construire, Aubert s’en remit à l’archange. Saint Michel lui affirma alors qu’il trouverait un taureau attaché en haut du rocher : l’église devait occuper l’aire foulée par l’animal.
Saint Aubert entreprit donc de bâtir une église d’une capacité d’une centaine de personnes. Elle fut consacrée le 16 octobre 709.
Aubert ne s’en tient pas à cette fondation. Il installa sur le mont douze religieux chargés du service divin et de l’accueil de ceux « qu’un amour ardent de la vertu emporte vers le ciel ».
À l’époque carolingienne, en 867, le roi de Francie occidentale Charles le Chauve, dans l’impossibilité de défendre la totalité de son territoire contre les Vikings, cède le Cotentin et l’Avranchin aux Bretons par le traité de Compiègne. Le Mont-Saint-Michel qui se trouvait aux confins de la Neustrie devient donc breton.
La même année, l’itinéraire du moine Bernard mentionne le premier pèlerin connu de l’histoire du sanctuaire. Un siècle plus tard, l’îlot, jusqu’alors connu sous le nom de mont Tombe, apparaît dans des textes clunisiens sous un nouveau nom : le Mont Saint-Michel au péril de la mer.
En 911, le traité de Saint-Clair-sur-Epte conclu entre le roi de France, Charles le Simple et un chef normand d’origine norvégienne prénommé Rolf, donne naissance à la Normandie, la terre des hommes du Nord, tout d’abord constituée par les diocèses de Rouen et d’Evreux. 
Rolf rebaptisé Rollon n’entend pas en rester là. Quelques années plus tard, il étend son pouvoir plus à l’Ouest en s’emparant des diocèses de Bayeux et de Sées. En 933, Guillaume Longue-Epée, fils et successeur de Rollon ajoute aux possessions de son père, le Cotentin et l’Avranchin repris aux Bretons. Le Mont-Saint-Michel passe alors sous contrôle normand.
Après la fondation de la Normandie, les abbayes qui avaient souffert des raids vikings sont progressivement restaurées. De nouvelles communautés voient également le jour. Il en est ainsi au Mont-Saint-Michel.
Attirés par le prestige tant spirituel qu’intellectuel du rocher, de nouveaux religieux se présentent aux portes de l’abbaye pour y être admis, portant le nombre des moines à cinquante.
Le sanctuaire du Mont, célèbre pour ses miracles, est également visité par de très nombreux pèlerins. Des structures d’accueil et des sanctuaires de moindre importance apparaissent le long des itinéraires qu’ils empruntent. Ce sont les « chemins montois » ou « routes du paradis ». Le premier d’entre eux, mentionné en 1025, traverse le pays d’Auge.
Parvenus au terme de leur route, les « miquelots » devaient attendre la marée basse pour rejoindre l’îlot à pied à travers les sables de la baie. Cette traversée périlleuse à cause des sables et du flot menaçant était également riche de sens.
Les pèlerins retrouvaient en franchissant les eaux la symbolique du baptême, ou songeaient à la traversée de la mer Rouge, regardant le Mont comme une image médiévale de la Jérusalem céleste. Certains ont même vu dans cette traversée une métaphore de la montée des âmes vers le ciel sur un chemin semé d’embûches.
Une fois au Mont, les miquelots cherchaient gîte et couvert dans les quelques auberges du village prêtes à les accueillir au pied du sanctuaire. Après un repos bien mérité, les pèlerins montaient visiter l’abbaye, y accomplissaient leurs dévotions, et approchaient les saintes reliques dans le respect des règles imposées par les moines.
En 1023, tandis que la France se pare, selon l’expression du moine clunisien Raoul le Glabre, d’une « blanche robe d’églises », l’abbé Hildebert II (1017-1023) entreprend de construire au Mont-Saint-Michel, une abbaye adaptée aux besoins de la communauté bénédictine et des pèlerins.
Cet extraordinaire chantier dure plus de 60 ans de 1023 à 1085. Les blocs de granit nécessaires à la construction viennent des îles Chausey que les moines reçurent des mains du duc Richard II (996-1026) en 1022.
Pour parvenir au Mont, la roche était transportée sur des chalands à fond plat lors des grandes marées, avant d’être hissée au niveau du chantier, à près de 80 mètres d’altitude, grâce à des rampes et des monte-charges en bois connus sous le nom de cage à écureuil. 
Une église de 80 mètres de long en forme de croix latine est alors entreprise au sommet du rocher.
L’espace en haut de l’ilot étant particulièrement réduit, les constructeurs furent dans l’obligation de construire des cryptes voûtées tout d’abord sur le flanc est, puis sur les flancs nord et sud de la colline pour soutenir les bras de l’abbatiale.
Rien à voir avec les autres monastères bénédictins, construits en terrain plat, avec des salles organisées à l’horizontale autour d’un cloître.
Au Mont-Saint- Michel, les bâtisseurs ont repensé le plan traditionnel pour élever les salles les unes au-dessus des autres sur trois niveaux. l’histoire du monastère bénédictin du Mont…

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