Merveilleuse découverte dans la nécropole des pyramides d’Abousir

04-02-2016 12:32 PM


 
Un ancien navire de 18 mètres de long vient d’être découvert par une équipe d’archéologues tchèque. Il remonterait à l’Égypte antique et daterait ainsi d’il y a plus de 4.500 ans. Il a été retrouvé non loin du Caire, près des pyramides d’Abousir, dans une sorte de nécropole.
 
 L’Égypte n’a visiblement pas fini de dévoiler tous ses trésors. Si de très nombreuses fouilles ont déjà eu lieu au cours des derniers siècles, les archéologues parviennent encore à y faire des découvertes étonnantes. C’est le cas d’une équipe tchèque de l’Université de Prague qui vient d’annoncer avoir mis au jour un ancien navire au sud du Caire, non loin des pyramides d’Abousir. Cette découverte a été réalisée dans le cadre de fouilles menées depuis 2009 sur un large mastaba, un grand édifice funéraire égyptien pour pharaons et notable du régime. Le bateau était caché à 12 mètres du lieu et remonterait à 2.500 avant J.C. Les experts s’appuient sur différents éléments pour le dater et notamment sur des éléments glanés tout autour, des poteries ou de la vaisselle. Les archéologues ont découvert un bol avec gravé dessus “Roi Houni de la troisième dynastie”. Bien que le navire soit enterré à 12 mètres du mastaba, son orientation et sa longueur suggèrent qu’il y a une connexion évidente entre les deux. Le défunt était probablement le propriétaire du bateau. Mais son identité reste très mystérieuse. Un défunt au rang social élevé. Comme le souligne le communiqué, le tombeau n’est pas situé près de la pyramide royale, ce qui signifie que le propriétaire n’était surement pas membre de la famille royale. Toutefois, plusieurs éléments suggèrent qu’il s’agissait d’une “personnalité au rang extrêmement élevé”. “En réalité, c’est une découverte hautement inhabituelle parce que les bateaux d’une telle taille et construction étaient, durant cette période, réservés uniquement aux membres de l’élite de la société, qui appartenaient généralement à la famille royale”, indique dans le communiqué le Dr Miroslav Bárta qui dirige la mission. De même, le fait d’enterrer un navire à côté du défunt était une pratique répandue à l’époque mais uniquement pour les membres de la famille royale. Outre ce mystère, le bateau représente une pièce particulièrement précieuse car peu d’embarcations de l’ancienne Égypte ont été retrouvés dans un si bon état de conservation. “Les planches de bois étaient attachées les unes aux autres par des chevilles en bois”, explique Lucie Kettnerova, archéologue de l’équipe. “D’extraordinaire manière, le sable du désert qui le recouvrait a préservé les matières végétales qui étaient sur les coutures de planches”. Ainsi, le bateau va constituer un trésor riche en informations pour les archéologues. “C’est en tous points une découverte remarquable” qui “contribuera à mieux comprendre les navires d’Égypte ancienne ainsi que leur place dans le culte funéraire”, souligne le Dr Miroslav Bárta avant de conclure : “Et où il y a un bateau, il pourrait bien y avoir plus”.

Les bateaux sont d’une grande importance dans la civilisation égyptienne antique. Nombre de ceux-ci assuraient le trafic tout le long du Nil, voie de transport principale reliant le pays du nord au sud. De plus, ils avaient une dimension symbolique et religieuse forte. Le dieu-soleil Rê lui-même dispose  de deux barques :
– la première qui l’emmène durant sa course diurne, lorsqu’il occupe le ciel,
– la seconde dédiée à son trajet dans le royaume des morts, qu’il accomplit durant la nuit.
Mais que faisait donc un bateau dans un site funéraire ? C’est encore un point qui n’a pas été totalement tranché par les spécialistes. Est-ce un moyen de transport pour les défunts dans l’autre monde, ou est-ce un symbole de la barque utilisée par Rê dans sa traversée du monde souterrain ?
Nous connaissons plusieurs bateaux utilisés dans les complexes funéraires. Les plus connus sont les barques de Khéops, retrouvées dans cinq fosses aux pieds de la Grande Pyramide, et dont certaines sont encore aujourd’hui en cours de restauration en Egypte. Là, il s’agirait bien de “barques solaires”, destinées à emmener le pharaon défunt, sur le modèle du parcours du dieu-soleil. En 1952, des archéologues ont pu déterrer le mieux préservé d’entre eux, une embarcation de 43 mètres de long, totalement démontée. Ses 1224 pièces étaient soigneusement numérotées, les symboles marqués sur le bois constituant une sorte de “notice de montage” pour qu’elle puisse être réassemblée dans l’autre monde…
Le plus ancien, lui, mesure environ six mètres et remonterait à la première dynastie (2950 avant notre ère). Il a été trouvé sur un autre site funéraire, celui d’Abou Rawash, à quelques kilomètres au nord de Guizeh, et appartenait à un Egyptien de haut rang. En tout, les restes d’une vingtaine de ces bateaux ont été retrouvés en divers sites funéraires. Malheureusement, nombre de fosses dans lesquelles des barques funéraires avaient été ensevelies ont été vidées de leur bois. Dans d’autres, il ne restait que de la poussière brune de la forme de l’embarcation originale.
Dans un tel contexte, la découverte faite à Abousir  est remarquable à plusieurs titres.
L’état de conservation du bateau, tout d’abord : on peut encore voir les chevilles de bois servant à l’assemblage des planches, ainsi que des lattes en fibres qui recouvraient le bois. Alors que d’autres navires étaient démontés, celui d’Abousir, lui, comporte tous ses éléments dans leur emplacement d’origine. Ce dernier point va d’ailleurs aider les spécialistes à mieux comprendre les techniques utilisées par les Egyptiens de cette période de l’antiquité pour construire leurs navires.
La barque d’Abousir est aussi une aubaine pour essayer d’interpréter les coutumes funéraires liées à ces embarcations. Le fait qu’elle soit connectée à la tombe d’une personne de rang élevé, mais qui ne faisait pas partie de la famille royale, mérite une explication. Le travail effectué par l’équipe va représenter une contribution considérable à la compréhension des embarcations de l’Egypte ancienne et de leur place dans le culte funéraire.
 

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