Véritable hommage au pape Benoît XVI

18-01-2023 06:43 PM


Le samedi 31 décembre, à l’âge de 95 ans, le pape émérite Benoît XVI est décédé au monastère Mater Ecclesiae où il résidait depuis sa renonciation en 2013. À partir de lundi dernier, le corps du défunt pontife avait été exposé à la basilique Saint-Pierre. Ses funérailles ont été célébrées jeudi 5 janvier par son successeur François à Rome, un événement inédit dans l’histoire de l’Église catholique auquel des dizaines de milliers de personnes ont assisté, dont des chefs d’États. A l’issue des funérailles, le cercueil du souverain pontife émérite a été porté dans la basilique Saint-Pierre puis dans les grottes du Vatican qui abritent les tombes papales où il a été enterré.
A cet égard il convient de présenter un portrait du regretté pape émérite Benoît XVI qui avait reçu ce beau présent des mains de la portraitiste officielle du Vatican, Natalia Tsarkova, portraitiste des papes depuis Jean Paul II. C’est un tableau le représentant entouré de sa famille pontificale qui lui a été présenté jeudi 3 novembre, au Palazzio Cardinal Cesi, un édifice proche du Vatican. Quatre ans ont été nécessaires pour réaliser cette peinture qui se veut un hommage au pape qui avait décidé de se retirer de son pontificat en 2013.

C’est une « peinture à l’huile qui met en lumière la période d’intense prière et de profonde réflexion que le pape émérite vit au quotidien depuis le jour de sa démission historique comme évêque de Rome et successeur de Saint Pierre . L’ancien pontife occupe la place centrale de cette grande toile carrée de deux mètres sur deux mètres. Une œuvre qui a pour but d’être un véritable hommage au grand théologien de notre temps, avec sa foi profonde illuminée par la puissance de l’Esprit Saint.

Benoît XVI est représenté de trois-quart, tourné vers sa droite, et siégeant sur le trône qui fut celui de Léon XIII. Le pape est revêtu d’une chape de cérémonie rouge, symbole de foi et d’amour, la primauté du Successeur de Pierre étant fondée avant tout sur la Charité, selon la question posée par le Christ à Pierre, dans le dialogue rapporté par saint Jean : « Pierre m’aimes-tu plus ? » (Jean 21, 15), et le ministère de Pierre étant « d’affermir ses frères dans la foi » (Luc 22, 32) . Il porte la mitre dorée, symbole du Royaume de Dieu.
La chaire de Léon XIII est décorée d’angelots, symboles de la présence de l’Esprit Saint qui inspire le Successeur de Pierre : sa pensée semble recueillie dans le volume qu’il tient entre ses mains.
L’ouverture à la Ville et au monde est symbolisée par le fond représentant la Place Saint-Pierre. Pour l’artiste, le regard « tendre et lumineux du pontife » veut traduire la manière dont le pape guide l’Eglise catholique moderne par son enseignement limpide : le pape « grand théologien », mais aussi le pape de « l’amitié avec Dieu ».
L’œuvre réalisée montre le pape Benoît tel qu’il était lors de sa résidence au monastère Mater Ecclesiae. Autour de lui, dans le cloître du monastère se rassemble ce qui restait de la Famille papale : plus de protonotaires, de chapelains, d’aumôniers, mais le très fidèle Monseigneur Gänswein, qui, d’une fine plume, note assidûment les paroles de Benoît XVI – tel Baruch, secrétaire du prophète Jérémie – pour les relater au monde extérieur.
Puis il y a les «Memores Domini», les femmes pieuses qui prennent soin de la personne du pape. L’archevêque Georg Ratzinger, à peine en arrière-plan, “derrière le voile” de la mort, veille sur son frère Benoît XVI, le pontife ayant la plus longue durée de vie de l’histoire.
Ainsi, Natalia Tsarkova, célèbre peintre russe et interprète inspirée d’une commande papale, a montré une grande composition artistique, pleine de lumières inattendues, d’ombres transparentes, de voiles iridescents et de symbolisme allégorique.
Dans le tableau, la religieuse de droite coud un bouton sur la soutane blanche de Benoît, avec les 33 boutonnières, autant que les années du Christ. Cette soutane que le pape Ratzinger a conservée parce que, comme il l’a écrit au vaticaniste Tornielli en 2016, c’était “la chose la plus pratique et il n’avait pas d’autres vêtements disponibles”. Au-dessus, une autre «Memores» dépliant une nappe, avec le même geste qu’une Véronica.
L’ange gardien en armure est frappant : d’un point de vue iconographique, il ressemble à l’archange Michel, une figure eschatologique, à genoux et avec un regard d’adoration vers le Saint-Père, tout en lui tendant des papiers, des documents et un grand livre fermé. Selon Tsarkova, l’ange montre les autres livres empilés en disant : “Saint-Père, regardez ces livres que vous avez écrits. Il y a beaucoup plus à publier pour donner de la lumière à vos écrits”. En effet, il y en a, étant donné la puissance de l’erreur et du malentendu qui pèse sur ce grand pape.
Les roses, apportées par une «Memores», fraîchement cueillies dans la roseraie, sont un symbole de la Vierge, mais aussi du martyre. Ensuite, les détails, le chat roux du pape Benoît devant Saint-Pierre : la petite bête, à la signification spirituelle chrétienne bien connue, se lèche la patte parce qu’elle attend un invité sur le point de quitter le Vatican : François.
Au-dessus, évanescente, la colombe du Saint-Esprit qui, grâce à l’investiture divine, assiste le successeur de saint Pierre dont la basilique, temple du Seigneur, comme pour Jérémie, est inaccessible pour le Benoît XVI âgé de 95 ans. À l’arrière-plan, à gauche, l’autel de l’ancienne messe, rappelle «Summorum Pontificum», le moyen avec lequel le pape a, en fait, restauré la messe en latin.
Les mains du pape Ratzinger sont unies par le chapelet, une chaîne d’amour pour le Christ et Marie, à laquelle il était très attaché. Autour de son cou, plus grande et plus lourde qu’on ne le perçoit, la croix, en or ; à son annulaire, ce qui n’est pas l’anneau du pêcheur qui a été rayé et non brisé, mis de côté, mais l’anneau conciliaire qui représente – vraiment – saint Pierre. Le détail le plus significatif, au premier plan, est l’eau, symbole de cette purification de l’Eglise réalisée par Ratzinger, sur laquelle le pape lui-même se reflète en jouant du piano. On a l’impression d’entendre sa musique où même les pauses sont expressives.
Incroyable comme les intuitions de l’artiste, spontanées et très peu consensuelles, avaient rencontré la pleine approbation du Pape Benoît qui avait commenté, de sa voix subtile de longue date, que peu comprennent : “C’est parfait : si l’artiste l’a voulu ainsi, c’est le Seigneur qui l’a voulu”.
Bref, enfin un code expressif, un langage que tout le monde peut comprendre pour une grande œuvre à donner à l’Église qui restera pour des siècles.

 

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