Message du Pape François

18-01-2023 06:54 PM


Le message du Pape François pour la 56e Journée mondiale de la paix célébrée ce 1er janvier revient sur la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, deux crises majeures qui doivent interpeller l’humanité. Seuls la fraternité et la compassion, inspirées par l’amour de Dieu, peuvent nous aider à tracer des sentiers de paix.

« Après trois années, l’heure est venue de prendre le temps de nous interroger, d’apprendre, de grandir et de nous laisser transformer, tant individuellement que communautairement ; un temps privilégié pour se préparer au “jour du Seigneur”, déclare le chef de l’Eglise catholique dans son message.
« Alors qu’un vaccin a été trouvé pour le Covid-19, des solutions adéquates n’ont pas encore été trouvées pour la guerre », déplore le pontife.

Dressant un bilan en clair-obscur de la crise sanitaire après trois années de pandémie, le Pape appelle à relever le défi de la paix en se convertissant à la « fraternité universelle » et en sortant des logiques individuelles et nationales.
« Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après le Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix ». Tel est le titre du message. Dans ce texte, le pontife fait d’abord l’inventaire des méfaits – mais aussi des bienfaits – provoqués par la crise sanitaire, trois ans après l’apparition du virus qui a paralysé la planète.
Les méfaits causés par la crise sanitaire sont énoncés, tels que la solitude, les inégalités, un sentiment «de défaite et d’amertume» qui nuit aux efforts pour la paix et exacerbe les conflits sociaux.
« Le Covid-19 nous a plongés dans la nuit, déstabilisant notre vie ordinaire, chamboulant nos plans et nos habitudes, bouleversant l’apparente tranquillité des sociétés, même les plus privilégiées, entraînant désorientation et souffrance, causant la mort de beaucoup de nos frères et sœurs », écrit ainsi le pontife.
Ayant une pensée particulière pour les « millions de travailleurs clandestins » qui sont « restés sans emploi et sans aucun soutien durant tout le confinement », le Pape pointe plus largement le doigt sur le « malaise général » qui a grandi « dans le cœur de nombreux individus et familles » qui ont dû faire face à de « longues périodes d’isolement et diverses restrictions de liberté ».
« Qu’avons-nous appris de cette situation de pandémie ? », s’interroge le Pape. L’évêque de Rome n’a cessé dans cette crise de la pandémie de rappeler qu’il n’était pas possible d’en sortir « identiques ». «Quels chemins nouveaux devons-nous emprunter pour nous défaire des chaînes de nos vieilles habitudes, pour être mieux préparés, pour oser la nouveauté ?» «Quels signes de vie et d’espérance pouvons-nous saisir pour aller de l’avant et essayer de rendre notre monde meilleur ?»

Pour lui, « la confiance dans le progrès, la technologie et les effets de la mondialisation n’a pas seulement été excessive, mais s’est transformée en un poison individualiste et idolâtre ». Il a constaté que la pandémie n’a fait qu’exacerber les inégalités et les injustices.
Mais cette crise sanitaire mondiale aura aussi été l’occasion de « découvertes positives », comme ce « retour bénéfique à l’humilité ; une réduction de certaines prétentions consuméristes ; un sens renouvelé de la solidarité », note le pontife.
En réaliste, « la plus grande leçon » léguée par le Covid-19 « est la conscience du fait que nous avons tous besoin les uns des autres, que notre plus grand trésor et aussi le plus fragile, est la fraternité humaine », insiste le Pape François dans son message.
«Il a résulté de cette expérience une conscience plus forte qui invite chacun, peuples et nations, à remettre au centre le mot “ensemble”. En effet, c’est ensemble, dans la fraternité et la solidarité, que nous construisons la paix, que nous garantissons la justice et que nous surmontons les événements les plus douloureux», peut-on lire. Le Souverain Pontife insiste: «Seule la paix qui naît de l’amour fraternel et désintéressé peut nous aider à surmonter les crises personnelles, sociales et mondiales».

« Au moment où nous osions espérer que le pire de la nuit de la pandémie de Covid-19 avait été surmonté, une nouvelle calamité terrible s’est abattue sur l’humanité », s’émeut ensuite le Pape en tournant son regard vers l’Ukraine et son cortège de « victimes innocentes ». Comme toute l’humanité, il a assisté ces derniers mois à l’apparition « d’un autre fléau : une guerre de plus, en partie comparable au Covid-19 mais cependant motivée par des choix humains coupables ».
Cette guerre en Ukraine est pour lui la « défaite pour l’humanité entière et pas seulement pour les parties directement impliquées ». D’ailleurs, le Pape relève que le monde entier paye déjà concrètement les conséquences de ce conflit, adressant une pensée à ceux qui subissent les effets de la hausse du prix du blé ou de l’énergie.
Osant un parallèle avec la pandémie, le Pape estime que « le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain, car il ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, du cœur humain, corrompu par le péché ».
Il est donc urgent de «permettre à Dieu, à travers ce moment historique, de transformer nos critères habituels d’interprétation du monde et de la réalité». Autrement dit, agir à la «lumière du bien commun», en s’ouvrant à la «fraternité universelle», «en créant les bases d’un mode plus juste et pacifique».

Le Pape attire l’attention sur l’interconnexion des crises. Les «problèmes individuels sont en réalité causes ou conséquences les unes des autres». Cela invite à relever les «défis de notre mode avec responsabilité et compassion», dans des domaines tels que la santé publique, la paix, l’environnement, le travail, les migrations et l’alimentation – «Le scandale des peuples affamés nous blesse», déclare-t-il notamment.

«Ce n’est qu’en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l’amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de justice et de paix», écrit le Souverain Pontife.

Rappelant son intuition selon laquelle les crises – morales, sociales, politiques et économiques – sont « toutes interconnectées », le chef de l’Église catholique invite enfin à réaliser que « ce que nous considérons comme étant des problèmes individuels sont en réalité causes ou conséquences les unes des autres ».
Sa Sainteté conclut ce message par un vœu de sagesse: «marcher ensemble en conservant précieusement ce que l’histoire peut nous apprendre», et construire «jour après jour en artisans de la paix, une bonne année».

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