Le Musée égyptien fête ses 120 ans avec une exposition temporaire

11-12-2022 09:15 PM


Pour célébrer le 120e anniversaire de son ouverture, le Musée égyptien de la place Tahrir organise à son entrée une exposition archéologique temporaire pour les artefacts qui se trouvaient dans son sous-sol. L’exposition, inaugurée le 15 novembre, se poursuivra pendant un mois pour présenter une collection d’objets rares qui sont exposés pour la première fois dans le hall du musée.

Parmi les objets les plus remarquables se trouve le couvercle d’un sarcophage en bois de la période tardive d’une femme nommée Isis-Wort et sa momie. Sur le couvercle sont représentées des scènes du Livre des Morts, y compris une vue du procès du défunt et de la pesée du cœur, et une autre du processus de momification, où la momie était complètement enveloppée, à l’exception de la tête qui était couverte d’un masque doré avec un scarabée ailé poussant un disque solaire au-dessus.

L’exposition comprend également la tête d’une statue en calcaire de l’époque du Nouvel Empire, probablement celle de la reine Tiy — l’épouse du roi Amenhotep III et la mère du roi Akhenaton — portant une épaisse perruque et une coiffe en forme d’aigle déployant ses ailes.

En marge de la célébration du 120e anniversaire, les administrateurs du musée accompagnent les visiteurs lors de visites guidées gratuites à l’intérieur des salles de l’édifice pour faire la lumière sur les artefacts les plus importants.

Le Musée des enfants et le département éducatif du Musée égyptien présentent également une collection d’activités éducatives et artistiques pour les enfants.
A noter que le Musée Egyptien du Caire, situé sur la place Tahrir abrite des collections exceptionnelles qui rassemblent des milliers de pièces issues des sites de fouilles de tous les coins de l’Egypte. Des collections tellement riches qu’elles représentent tous les aspects de l’art égyptien durant plus de 3000 ans : des statues et statuettes, momies, vases, objets sacrés, bas-reliefs, bijoux, stèles, figurines et bien d’autres. Ces collections sont reparties dans une centaine de salles sur deux niveaux de ce musée. Le premier niveau comprend une collection riche en statues, stèles, sarcophages, etc. Les pièces sont classées par ordre chronologique ; période pré dynastique, Ancien Empire, Nouvel Empire et basse époque, couvrant plus de 30 siècles, ce qui permet de suivre l’histoire de l’art égyptien dans tous ses stades et avoir une bonne vision d’ensemble. Le 2ème niveau est plus hétéroclite, il est organisé par thème et présente divers objets de collections : des ostracons et papyrus, des sarcophages, de bijoux, etc. On y trouve également une salle dédiée aux somptueux bijoux découverts dans les tombes royales de Tanis, dans le delta du Nil.
L’origine de l’idée de ce musée remonte à l’année 1829, lorsque Jean François Champollion remet une note à Mohamed Ali, souverain d’Egypte de 1805 à 1848, concernant la conservation des monuments égyptiens. Il conseille alors au souverain de créer un endroit pour rassembler et conserver toutes les trouvailles des fouilles archéologiques dans son pays. C’est seulement six ans après les recommandations de Champollion, en 1835, que Mohamed Ali décide de les suivre. Par un décret gouvernemental, il a alors interdit l’exportation d’objets d’antiquité et réclame un lieu dans la capitale égyptienne pour entreposer les objets trouvés par suite de fouilles. Il met alors en place un service des antiquités.

Cette nouvelle administration du service des antiquités est chargée d’arrêter et endiguer le pillage des sites archéologiques. Ce service des antiquités rassemble alors des archéologues de plusieurs nationalités, mais reste dirigé jusqu’à 1951 par des archéologues français: d’abord par son fondateur, le très célèbre archéologue Auguste Mariette, puis par Gaston Maspero, Jaques de Morgan ou encore Pierre Lacau.
Les merveilles alors fouillées dans le sol de la Vallée du Nil sont en premier lieu entreposées dans les jardins de l’Ezbékia au centre du Caire, puis transférées dans une section de la citadelle médiévale de Saladin sur le mont de Moqattam à l’est du Caire.

En 1857, Auguste Mariette est nommé directeur du service des antiquités égyptiennes par le Khédive Said Pacha ” souverain de l’Egypte de 1854 à 1863 “. Dès l’année suivante, il commence à construire un musée dans le quartier de Boulac, en plein coeur du Caire et au bord du Nil. Plus tard, face aux risques d’inondations périodiques du Nil, les pièces sont transférées en 1890 à Guizeh dans une annexe du palais d’Ismail Pacha, ancien souverain d’Egypte qui a régné de 1863 à 1879.

En 1892, l’archéologue Jaques de Morgan, fraîchement nommé directeur du service des antiquités égyptiennes, soumet au conseil des ministres égyptien la construction d’un nouveau bâtiment au coeur de la capitale. En 1895, le projet de l’architecte Marcel Dourgnon, architecte marseillais diplômé de l’école supérieure des Beaux-Arts , est choisi parmi les 67 projets soumis au concours international pour être érigé sur la place Tahrir. Il fut inauguré le 15 novembre 1902, après cinq ans de travaux par le khédive Abbas Helmy II.

Le style architectural du bâtiment du Musée Egyptien du Caire est de type néoclassique. Il est forcément un symbole occidental car ce sont les occidentaux qui ont pensé ce principe mais il y a ici une volonté d’architecture d’inspiration égyptienne. Il ne faut pas oublier que l’architecture néoclassique est plus proche des codes grecs orientaux qu’occidentaux. Les inscriptions sur la façade sont en latin. Marcel Dourgnon, l’architecte du bâtiment, prévoit d’ailleurs dans ses plans de graver ses inscriptions en français. Mais vu la rivalité entre la France et les britanniques dans le domaine de l’archéologie en Egypte, proposer d’écrire en latin sur la façade devient alors un élément d’apaisement de rivalité, une sorte de compromis.

Les beaux jardins du Musée Egyptien du Caire sont jonchés de statues monumentales et agrémentés d’un bassin planté de papyrus, une plante largement exploitée en Egypte antique pour écrire sur des parchemins fabriqués de cette plante sacrée. A l’ouest de ces jardins, un homme de bronze coiffé d’un tarbouche veille sur son mausolée. Il s’agit d’Auguste Mariette auquel la protection patrimoniale des antiquités égyptiennes doit beaucoup.

En reconnaissance à ses efforts, il a reçu du gouvernement égyptien le titre de Pacha, un titre honorifique attribué aux personnes éminentes à l’époque. A la mort d’Auguste Mariette, il n’a pas été rapatrié en France, mais il a été inhumé en Egypte, dans les jardins du palais de Guizeh. Sa dépouille a été plus tard transférée dans les jardins de ce musée en 1904, deux ans après son inauguration. La tombe de Mariette abrite une statue à son effigie réalisée par le sculpteur Denys Puech et un piédestal dessiné par Edouard Mariette, frère d’Auguste Mariette. Ce tombeau est entouré de bustes de célèbres archéologues. Ils sont les directeurs successifs de ce musée depuis sa création. Ils sont tous de français, il fallait attende 1951 pour que ce cercle de bustes, soit aussi couvé par celui d’un égyptien, l’archéologue Ahmed Kamal.

A noter que le musée avait mis en œuvre un programme de rénovation conforme au plan original de l’architecte français Marcel Dourgon, réalisées par le comité scientifique égyptien et les inspecteurs du musée en collaboration avec cinq musées européens : le musée de Turin en Italie, le Louvre à Paris, le British Museum à Londres, le musée égyptien à Berlin et le Rijksmuseum Van Oudheden en Allemagne.
Dans le cadre des travaux de rénovation, le verre des fenêtres du toit a été remplacé par un verre qui empêche les rayons ultraviolets du soleil de pénétrer dans le musée.
L’installation d’un nouveau système d’éclairage et l’introduction de nouvelles étiquettes explicatives pour les artefacts ont également fait partie du processus de développement. En outre, le processus de développement a vu la rénovation de la salle de la vie quotidienne.
La position de certaines des pièces les plus importantes a été modifiée pour les rendre plus visibles. Ces pièces comprennent, entre autres, les statues des rois de la dynastie de l’Ancien Empire, tels que Djoser, Sénéfrou, Chéops, Khefren et Mikérinus, la peinture des oies de Meidoum et les tuiles bleues de la pyramide à degrés.
Le musée a également vu l’inauguration d’une nouvelle salle pour la collection précieuse des nobles Yuya et Thuya, les grands-parents du roi Akhenaton.

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