Notre Dame du Perpétuel Secours par Jeanne Blais

12-08-2022 09:55 AM


Jeanne Blais femme , religieuse et iconographe (1920-2018), des Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours, a eu après de nombreuses années comme professeure d’arts plastiques, de peinture, d’émail sur cuivre, de céramique et autres, un jour de 1990, l’inspiration d’écrire des icônes. Aujourd’hui nous contemplons l’icône de Notre Dame du Perpétuel Secours, créée et décrite par Blais « Cette icône est d’une structure admirable… une vraie page d’évangile ». écrivit-elle .

Cette icône remonte à la plus haute antiquité. La tradition rapporte que pour conserver les traits inoubliables de la Mère de Jésus et pour la consolation présente et future de tous ses enfants de la terre, l’évangéliste saint Luc aurait peint de son vivant le portrait de Marie. Quand on présenta à Marie cette reproduction, inspirée sans doute d’en haut, elle aurait proféré cette ample bénédiction : « Toujours ma faveur accompagnera cette image ».

Vers le 14e siècle, ce tableau fut malheureusement détruit à la suite de guerre et de persécutions. Heureusement, des copies avaient franchi les frontières. Il est donc vraisemblable qu’une des copies ait immigrée dans l’île de Crête et soit devenue le modèle qu’un moine artiste aurait eu sous ses yeux pour peindre cette madone de saint Luc.

Elle serait parvenue à Rome en 1480. L’histoire raconte qu’elle aurait appartenu à un riche marchand crétois qui, en voyage vers Rome mais se sentant proche de la mort la confia à un ami. L’épouse de cet ami garda ce tableau qui lui plaisait, jusqu’à ce que la Vierge apparaisse. Elle lui fit savoir qu’elle voul être honorée sous le vocable de « Notre-Dame du Perpétuel Secours » et désigna l’endroit où elle voulait que la sainte icône fût exposée : l’église Saint-Matthieu, sur le Mont Esquilin, toute proche de la Basilique de Sainte Marie Majeure, et desservie par les moines de Saint Augustin. Elle y fut placée avec de grands honneurs en 1499 et y demeura pendant trois siècles, objet d’une grande vénération.

Elle disparut pendant la Révolution française en 1798 lorsque l’église Saint Matthieu fut détruite. On la redécouvrit en 1863 et le Pape Pie IX la confia aux Rédemptoristes avec mission de la faire connaître. Ils la placèrent alors dans l’église Saint-Alphonse nouvellement construite sur le site de l’église Saint-Matthieu.

On en trouve une représentation dans les églises catholiques du monde entier et elle a donné son nom à de nombreuses églises ou chapelles et basiliques, hôpitaux, écoles, congrégations, confréries.

Elle est patronne d’Haïti depuis une épidémie de vérole en 1882. Elle est fêtée le 27 juin en France et le 13 août chez les orthodoxes.
Charles de Foucauld priait souvent la Vierge sous ce nom et peindra ce tableau; il appellera son ermitage chez les clarisses « Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours ».

L’image de la Madone s’est transformée en madone douloureuse et est devenue l’icône de la Passion. Jésus-enfant est assit sur le bras gauche de sa mère. Soudain, il est saisi par une vision de ses futures souffrances. Les archanges Michel et Gabriel lui apparaissent. Ce dernier lui montre la croix et les 4 clous. L’archange Michel lui présente la lance, l’éponge et le calice. L’Enfant-Dieu regarde plein d’effroi. Tout en considérant la vision, son jeune corps se penche vers sa mère et ses doigts saisissent avidement la main maternelle. Marie a deviné la vision. De toute sa chaleur maternelle, elle saisit les petites mains de son fils. Marie incline la tête vers Jésus pendant qu’un nuage de tristesse passe sur son visage. La douleur de son fils et sa propre souffrance n’en font qu’une. L’une de ses sandales s’est détachée. C’est là un vieux symbole attestant qu’il ne revendiquera pas ce qui serait pourtant son droit, mais qu’il laissera libre cours à sa miséricorde.

En se réfugiant dans les bras de sa Mère, Jésus nous apprend que ce cœur maternel est notre refuge assuré, perpétuellement offert à nos craintes et à nos afflictions.

L’artiste, réalisant que personne sur terre ne saurait jamais ce dont Marie ou Jésus avaient l’air en réalité, et que leur sainteté ne
pourrait jamais être dépeinte en termes purement humains, a
exprimé leur beauté et leur message sous forme de symboles

En tout premier lieu, vous voyez Marie, car elle domine l’image et
elle regarde droit vers vous; non pas vers Jésus, ni vers le ciel, ni
vers les anges au-dessus de sa tête. C’est vous qu’elle regarde,
comme si elle avait quelque chose de très important à vous dire. Ses yeux semblent être sérieux, voire même tristes, mais ils commandent l’attention. C’est une femme exceptionnelle, une
femme de pouvoir et de détermination. Elle repose sur un fond d’or, symbole du ciel au Moyen-Âge.

Elle porte des robes d’un bleu sombre, assorties d’une bordure
verte et d’une tunique rouge. Le bleu, le vert et le rouge sont les
couleurs de la royauté. Seule l’impératrice était autorisée à porter ces couleurs. L’étoile à huit branches, déposée sur son front, fut probablement ajoutée par un artiste postérieur pour représenter l’idée orientale que Marie est l’étoile qui nous guide vers Jésus.

Pour renforcer le symbolisme, se trouve une croix. Les lettres au-
dessus de sa tête la proclament Mère de Dieu (en grec).
En regardant la peinture, nous savons qu’elle a le pouvoir
d’intercéder pour nous au ciel. Le regard de Marie est fixé sur
nous, mais ses bras portent Jésus. Dans les icônes byzantines, Marie n’est jamais montrée sans Jésus, car Jésus est le cœur de la foi.

Jésus porte, lui aussi, des vêtements royaux. Seul un empereur pouvait porter la tunique verte, l’écharpe rouge et le brocard d’or tels que dépeints sur l’image. Les initiales grecques à droite de l’enfant et son halo décoré par une croix proclament qu’il est « Jésus Christ ». Jésus ne nous regarde pas, ni Marie, ni les anges. Bien qu’il se cramponne à sa mère, il regarde au loin, vers quelque chose que nous ne pouvons pas voir.

Jésus a entrevu une partie de sa destinée – la souffrance et la
mort qu’il devait endurer. Bien qu’il soit Dieu, il est également
humain et éprouve de la frayeur à la vue de son terrifiant avenir. Il
est accouru vers sa mère qui le tient collé sur elle en ce moment
de panique, de la même façon qu’elle se tiendra à son côté au
cours de sa vie et à l’heure de sa mort. Bien qu’elle ne puisse lui
épargner sa souffrance, elle peut l’aimer et le réconforter.
Et alors, pourquoi Marie nous regarde-t-elle si intensément plutôt que de jeter les yeux sur son fils dans la détresse? Son regard nous emporte dans l’histoire, nous fait prendre part à la peinture et à la douleur. Son regard nous dit que, tout comme Jésus accourt vers sa mère pour y trouver refuge, ainsi nous pouvons accourir vers Marie.

Sa main ne serre pas les mains de son fils effrayé dans une
attitude d’étreinte protectrice, mais demeure ouverte, nous invitant à placer nos mains dans les siennes et à nous joindre à Jésus.

Marie sait qu’il y a dans nos vies beaucoup de choses périlleuses
et terrifiantes, et que nous avons besoin de quelqu’un à qui nous
confier dans les moments de souffrance et d’effroi. Elle nous offre le même réconfort et le même amour qu’elle a donnés à Jésus.

Elle nous dit de courir vers elle aussi vite que Jésus, si vite que
nous ne devons même pas penser à ce que nous portons, ou
comment nous y allons; nous arrivons tout simplement.

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