L’entrée du Christ à Jérusalem: fresque de Giotto

21-04-2022 08:55 AM


celui de Pâques et marque le début de la semaine sainte. Il commémore l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, épisode relaté par les Évangiles (Matth. XXI, 1-10 ; Marc XI, 1-10 et Luc XIX, 29-38). Aujourd’hui, Jésus entre dans la ville sainte, monté sur une ânesse qu’accompagne son petit, et la foule l’acclame : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! ».

Nous vous proposons de prier avec la fresque que le peintre Giotto a réalisée à Padoue vers 1303. L’Entrée à Jérusalem est une fresque (200×185 cm) de Giotto, faisant partie du cycle de la Chapelle des Scrovegni à Padoue. Il est inclus dans le «Histoires de Jésus», le registre central supérieur, dans la paroi de gauche en regardant vers l’autel.

La composition de cette scène, qui constitue le premier épisode de la passion du Christ rappelle celle de la Fuite en Égypte. Les deux histoires diffèrent pourtant grandement par leur signification. En fuyant vers l’Égypte, Jésus et sa famille voulaient échapper à la mort. Ici, en entrant dans Jérusalem, le Christ s’engage avec stoïcisme sur une voie qui va le conduire inexorablement à être arrêté, humilié puis finalement crucifié.

Accueilli par la foule des pèlerins venus dans la ville sainte pour la Pâque juive, Jésus, monté sur un âne, précède les disciples, resserrés en un groupe compact signalé par les nimbes dorés. Au sol, la foule enthousiaste étend les manteaux qui adoucissent le chemin de sa monture. Dans le fond, ce sont les enfants qui grimpent dans les oliviers pour y couper les branches qu’ils agiteront en signe de bienvenue. Quant au Christ lui-même, il effectue de sa main droite le geste de bénédiction habituel pour répondre au chaleureux et fervent accueil de la cité.

Pourtant l’heure est à la sévérité et au pressentiment puisque cette entrée solennelle n’est autre que le prélude au mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. N’a-t-il pas lui-même annoncé à plusieurs reprises à ses disciples qu’il serait livré aux sacrificateurs et aux scribes, condamné mort, raillé, humilié, flagellé et finalement crucifié ? Ce qui explique, par ailleurs, le contraste saisissant entre la liesse de la foule des pèlerins et la sombre retenue du groupe des disciples. Si Jésus se présente sur un âne, c’est pour que se vérifie la prophétie de Zacharie annonçant dans l’Ancien testament que le nouveau roi des Juifs apparaîtrait à son peuple, “humble et monté sur un âne” ; un roi donc qui ne serait pas souverain mais Sauveur, Messie, Rédempteur. C’est bien ainsi que semble vouloir l’accueillir la population réunie au pied de la porte d’Or. La curiosité l’emporte sur la crainte, une curiosité visiblement nuancée d’affection ; ce qui au passage ne rend que plus tragique et incompréhensible le prochain retournement de cette foule inconstante.

Comme pour bien marquer l’abîme qui sépare le Christ du monde qu’il est venu sauver, le peintre a aménagé un espace vide devant lui, un espace significativement investi par la seule tête de l’âne. Si enflammé que soit l’accueil de la foule, tout dans cette scène repose sur un malentendu, le monde n’étant pas encore en mesure de comprendre le message évangélique qu’il reviendra aux apôtres de reprendre dans tout le pays. Entre le groupe résigné des disciples, accablés par avance, et la multitude en joie, Jésus apparaît bien seul. Symboliquement encadré par les deux ânes du cortège (on voit dépasser la tête de l’ânesse du groupe des apôtres) et par les deux enfants du paysage aux oliviers, il progresse sans faiblesse vers la fin tragique de sa mission.

Sur la droite, inscrits dans une structure pyramidale, trois hommes ôtent leur manteau, selon une succession de plans relevant du procédé cinématographique. Debout, le premier commence à retirer ses manches ; sous son bras, le deuxième fait passer le vêtement par dessus sa tête. Au sol enfin, le troisième étend son manteau sous les sabots de l’âne. La foule dans laquelle se trouve ces trois hommes redouble la disposition pyramidale et accentue l’effort de Giotto pour créer un effet ascensionnel par la disposition dans le coin droit la haute structure architecturale (Jérusalem est en hauteur par rapport à la mer de Galilée). Préméditation de sa montée au Calvaire, l’effort du Christ est ainsi mieux marqué.

À la liturgie, l’épître de Saint Paul aux Philippiens (4, 4-9) nous annonce la proximité du Seigneur : ” Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le répète, réjouissez-vous. Le Seigneur est proche “. L’évangile (Jn 12, 1-18) raconte la dernière onction sur les pieds de Jésus accomplie à Béthanie par Marie – L’Église rappelle notre attention sur cet épisode le matin du mercredi-saint – puis l’entrée à Jérusalem. La bénédiction finale commence ainsi : ” Ô toi qui, pour notre salut, a voulu être assis sur un ânon, le fils d’une ânesse… etc. “.

Voici quelques-uns des enseignements de ce dimanche. ” Voici que ton Roi vient à toi… ” Jésus vient aujourd’hui à nous comme notre roi. Il est plus que le Maître instruisant ses disciples. Il réclame de nous que nous acceptions en toutes choses sa volonté et que nous renoncions à nos désirs propres. Il vient à nous pour prendre solennellement possession de notre âme, pour être intronisé dans notre cœur.
” À toi… “. C’est non seulement vers l’humanité en général que Jésus vient. Il vient vers chacun de nous en particulier. ” Ton Roi “. Jésus veut être mon roi. Il est le roi de chacun de nous dans un sens unique, entièrement personnel et exceptionnel. Il demande une adhésion, une obéissance intérieures et intimes.
Ce roi est ” humble “. Il vient à nous sur un pauvre animal, symbole d’humilité et de douceur. Un jour il reviendra dans sa gloire pour juger le monde. Mais aujourd’hui il écarte tout appareil de majesté ou de puissance. Il ne demande aucun royaume visible. Il ne veut régner que sur nos cœurs : ” Mon fils, donne-moi ton cœur ” (Pr 23, 26)

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