Rencontre Anani-Rondot

19-11-2021 10:09 AM


2022: Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes

Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Khaled El-Anani, a reçu Vincent Rondot, directeur du département d’égyptologie du musée du Louvre, au siège du musée national de la civilisation égyptienne à Foustat, pour évoquer un certain nombre de questions liées à la coopération archéologique et scientifique, en présence de Moamen Othman, chef du secteur des musées.

Au cours de la réunion, les derniers développements des travaux apportés par le musée du Louvre au projet de l’Union européenne d’aménagement du musée de Tahrir ont été passés en revue.

La réunion a porté sur la mission conjointe égypto-française de reprise des travaux pour le projet de restauration du nouveau Sérapéum dans le quartier des antiquités de Saqqarah. Elle a également abordé l’organisation d’un certain nombre d’événements au cours de 2022, pour célébrer le 200ème anniversaire du déchiffrement de l’écriture égyptienne ancienne. En fait, 2022 sera une année particulière après 2021, qui a vu le transfert des momies au Musée des civilisations de Foustat et l’ouverture de l’allée des Béliers à Louxor.

Au sujet de cette réunion, il convient de savoir que des premiers décryptages de hiéroglyphes par Champollion à la constitution d’une science à part entière, l’histoire d’une discipline commence en 1827 quand ouvrent au Louvre quatre nouvelles salles d’antiquités égyptiennes. Les collections du département des Antiquités égyptiennes présentent la civilisation qui a évolué sur les bords du Nil, depuis la fin de la Préhistoire (vers 4 000 avant notre ère) jusqu’à l’époque chrétienne (à partir du 4e siècle apr. J.-C.)..

A cet égard, il serait bon de rappeler comment Champollion a réussi à déchiffrer la Pierre de Rosette. Découverte lors de l’expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte, la pierre de Rosette a permis à Jean-François Champollion de déchiffrer pour la première fois les hiéroglyphes, perçant ainsi le mystère de cette écriture égyptienne.

Après le débarquement en Égypte de Napoléon Bonaparte en juillet 1798, un détachement du Génie – corps d’ingénieurs militaires spécialisés dans la fortification des édifices créé en 1756 – est envoyé à Rachid, dans le delta du Nil, une ville plus connue en Occident sous le nom de Rosette depuis les croisades.
Le vieux château, rebaptisé fort Julien en souvenir d’un aide de camp de Napoléon Bonaparte, fait l’objet de fortifications. Le 19 juillet 1799, les travaux de terrassement s’arrêtent sur ordre du lieutenant polytechnicien Pierre Bouchard. Ce dernier vient d’apprendre qu’une immense stèle noire couverte d’inscriptions vient d’être mise au jour. Son supérieur, le général Menou, fait envoyer la pierre au Caire, où se trouve l’Institut d’Égypte, composé des 160 savants qui accompagnent le général corse dans sa campagne. Les spécialistes du grec se précipitent immédiatement autour de cette pierre de 112 cm de haut, 75 cm de large, 28 cm d’épaisseur et pesant pas moins de 762 kilos pour traduire les 54 lignes de grec inscrites dessus. Ils découvrent qu’il s’agit d’un décret promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V Épiphane en 196 av. J.-C.

Les 32 lignes de démotique (écriture simplifiée des anciens égyptiens) et les 14 lignes de hiéroglyphes ne seraient-elles pas une traduction de ce décret ? Cela permettrait de percer le mystère de l’écriture des anciens égyptiens.

En mars 1800, l’Institut de France, à Paris, reçoit une copie des inscriptions. Bonaparte est fier de cette incroyable découverte, mais il n’a pas le vent en poupe dans les batailles qu’il mène contre les Anglais. Son armée, décimée par l’épidémie de peste, ne fait plus le poids, il est temps de rentrer en France.
Le général Menou négocie les termes de la capitulation. Il est hors de question de livrer les richesses des collections françaises à l’ennemi ! Finalement, quelques pièces majeures rejoignent l’Angleterre… parmi lesquelles la pierre de Rosette que le roi George III offre au British Museum.

Œuvre d’art, la pierre reste avant tout une énigme à déchiffrer, surtout que les plus grands savants européens s’échinent à trouver la clé des hiéroglyphes depuis la Renaissance. L’orientaliste français Isaac Silvestre de Sacy parvient à identifier l’emplacement des noms propres dans le texte démotique tandis que le médecin et physicien anglais Thomas Young en lit quelques signes.
Celui qui révèle au monde la clé pour comprendre cette langue tombée dans l’oubli depuis quinze siècles s’appelle Jean-François Champollion. Bercé par l’expédition de Bonaparte, Champollion se passionne très tôt pour l’Égypte et étudie une langue descendant de l’égyptien ancien, le copte. Alors adolescent, il découvre grâce à son cousin, le capitaine Louis de Champollion, la copie d’un relevé de la pierre de Rosette ramenée par les armées républicaines en 1798.

Champollion étudie alors l’inscription, non pas sur la pierre elle-même mais sur les lithographies faites par l’imprimeur de l’expédition, Jean-Joseph Marcel, avec un acharnement passionné. Le 27 septembre 1822, il annonce fièrement au secrétaire de l’Académie française que les hiéroglyphes n’ont plus de secret pour lui.
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En se fondant sur les travaux de ses prédécesseurs, et grâce à son étude de la célèbre Pierre de Rosette, découverte en 1799, Champollion est parvenu à lever le voile sur ce qui fut l’un des plus grands mystères de la civilisation pharaonique. La lettre qu’il adresse à l’helléniste et membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Bon-Joseph Dacier (1742-1833) en septembre 1822 est devenue le texte fondateur du déchiffrement des hiéroglyphes. Champollion y expose le fonctionnement de l’écriture hiéroglyphique, grâce à celui d’autres écritures utilisées par les anciens Égyptiens, comme le démotique et le hiératique.

Deux ans plus tard, à 34 ans, il est toujours le seul égyptologue au monde à pouvoir les déchiffrer. En 1826, le roi Charles X le nomme premier conservateur du musée égyptien, futur département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre.
Ce n’est qu’en 1828 que Champollion part enfin découvrir la vallée du Nil. Le coup de foudre est inévitable : « Je suis tout pour l’Égypte, elle est tout pour moi ». Le père de l’égyptologie s’éteint à 41 ans, en 1832, laissant son nom pour toujours associé à la célèbre pierre de Rosette.

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