Découvertes à Héracléion, l’antique cité égyptienne immergée

11-08-2021 08:22 AM


La mission archéologique égypto-française de l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM), travaillant dans la ville engloutie d’Héracléion (Thônis en égyptien ancien) dans la baie d’Abou Qir à Alexandrie, a découvert l’épave d’un navire de guerre de la période ptolémaïque, et les restes d’un domaine funéraire grec datant du début du IVe siècle av. JC.

Le navire devait accoster dans le canal qui coulait le long du côté sud du temple d’Amon, mais il a coulé à la suite de l’effondrement du temple à cause de la chute d’énormes blocs dessus au cours du deuxième siècle avant J.-C., à la suite d’un tremblement de terre dévastateur. La chute de ces blocs de pierre a aidé à maintenir le navire dans le canal profond, maintenant jonché de ruines du temple.

L’épave de ce navire a été découverte sous environ 5 mètres de boue solide qui représente le fond marin, mélangée aux restes du temple. Ceci a été réalisé à l’aide de dispositifs d’excavation sous-marine tels que les appareils de profilage sous-fond.

Frank Goddio, chef de mission de l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM), a souligné que la découverte de navires datant de cette époque est très rare, et que les navires grecs de ce type étaient totalement inconnus jusqu’à la découverte du navire Punique Marsala (235 av. J.-C.), qui est le seul exemplaire que nous ayons.

Il a ajouté que des études préliminaires indiquent que le navire était d’une longueur de plus de 25 mètres. La coque a été construite selon le style classique, qui est basé sur la technique du docks et du pont. Cependant, il contient les caractéristiques du style égyptien antique, et c’est donc un type de construction mixte.

Le navire avait un fond plat et une quille plate, un modèle très utile pour la navigation dans le Nil et dans le delta, et avait des rames avec une grande voile comme l’indique la forme du mât de grandes dimensions.

Comme l’indiquent certaines caractéristiques typiques de la construction navale dans l’Égypte ancienne, ainsi que des preuves de la réutilisation du bois, le navire a été construit en Égypte.

La mission avait réussi à trouver les vestiges d’une zone funéraire grecque datant du début du IVe siècle avant J.-C., à l’entrée nord-est du canal de la ville, qui montre la présence de marchands grecs qui vivaient dans cette ville, et contrôlaient l’entrée de l’Égypte à l’embouchure de la branche canope du Nil. C’est là où ils ont été autorisés à s’installer à la fin de l’ère pharaonique et à installer leurs temples funéraires près du temple principal du dieu Amon, mais en raison de catastrophes naturelles, la zone a été détruite, ce qui a permis la découverte des vestiges archéologiques du temple d’Amon intacts et en excellent état dans le canal profond lors de l’affaissement du terrain causé par le phénomène de fragilité de la terre . Ces ruines témoignent de la richesse des temples de cette ville, désormais situés sous la surface de la Méditerranée, à 7 kilomètres de la plage d’Abou Qir.

Il convient de mentionner que la ville d’Héracléion a été pendant des siècles le plus grand port d’Égypte sur la Méditerranée, avant la fondation de la ville d’Alexandrie par Alexandre le Grand en 331 av. JC. Plusieurs tremblements de terre suivis de raz-de-marée, provoquèrent la fragilité des terres et l’effondrement d’une section d’environ 110 kilomètres carrés du delta du Nil, avec l’effondrement des villes d’Héracléion et de Canopus sous la mer. Les deux villes ont été redécouvertes par la mission de l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM) en coopération avec le Département central d’archéologie sous-marine.

La cité de Thônis-Héracléion a été construite au VIIIe siècle avant notre ère, à l’entrée du delta du Nil, non loin de la mer Méditerranée. Située à une position stratégique, elle est rapidement devenue le principal port de l’Egypte antique et un important centre de pouvoir religieux notamment grâce à son temple principal dédié au dieu Amon-Gereb bâti au cœur de la cité.

Pourtant, Héracléion a bien failli rester dans l’oubli. Si la ville antique était mentionnée par plusieurs historiens et sur certaines constructions, il n’en subsistait aucune trace. Jusqu’à la fin des années 1990 où les ruines de la cité ont été découvertes par hasard dans la baie d’Abou Qir par Franck Goddio et son équipe. S’en sont suivies des fouilles qui ont révélé de nombreux trésors, ainsi que la tragique fin d’Héracléion.

Au fil des recherches, les scientifiques de l’IEASM ont déterminé que la région avait été victime d’un tremblement de terre qui a provoqué d’importants glissements de terrain et un raz de marée. Une catastrophe qui serait survenue au milieu du IIe siècle avant notre ère, sous le règne du pharaon Ptolémée VIII, et qui aurait dévasté la cité déjà fragilisée auparavant par d’autres phénomènes géologiques.

En nivelant la majeure partie de la ville, le raz-de-marée aurait entraîné une liquéfaction et des glissements de terrain dévastateurs qui auraient précipité certaines zones d’Héracléion en pleine Méditerranée. Seuls quelques îlots auraient été préservés par la catastrophe. Des îlots qui auraient disparu au VIIIe siècle de notre ère après la survenue d’une seconde catastrophe naturelle.

Les expéditions menées dans la baie d’Abou Qir ont mis au jour de nombreux restes de la cité : des statues monumentales, des sarcophages, des colonnes décorés de hiéroglyphes, des amulettes ou encore des dizaines de bateaux

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. Elles ont également permis de localiser une partie des vestiges du temple principal dans les profondeurs du Nil. Des débris qui ont récemment pu être excavés.
Au cours d’une campagne de fouilles, les plongeurs avaient révélé des vestiges architecturaux du temple principal, des statuettes, des objets rituels ainsi que des pièces de monnaie. En revanche, ils ont été surpris par la découverte des ruines du petit temple de style grec qui remonterait, comme le temple principal, à la XXXe dynastie, soit au IVe siècle avant notre ère.

La découverte de Thonis-Héracléion à l’embouchure d’un bras du Nil en Méditerranée, fournit des informations qui ouvrent de nouvelles voies de recherche : le rôle du site parmi les communautés côtières autochtones, les modes d’occupation et de gestion des franges côtières, et sa relation avec l’histoire du commerce, etc.

Une telle vision d’ensemble, dans laquelle l’espace maritime, le bassin du Nil et les espaces terrestres sont appréhendés comme des lieux de transit et de déplacement, permet de considérer pleinement le site dans ses dimensions technologiques et économiques. Elle est au cœur de l’interrogation sur le rôle de Thonis-Heracleion en tant que poste de douane et dans l’organisation et la régulation des échanges, ainsi que sur la politique complexe qui a conduit l’Égypte à se brouiller avec les autres pays méditerranéens.

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