L’exposition Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida à l’IMA

19-05-2021 07:06 AM


Du 19 mai au 26 septembre 2021, l’Institut du monde arabe rend un hommage unique aux plus grandes artistes femmes de la musique et du cinéma arabes du XXe siècle, avec une exposition événement qui célèbre à la fois leur histoire et leur héritage contemporain.

Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida, l’exposition de l’Institut du Monde Arabe dresse les portraits épiques et étonnants des divas de l’« âge d’or » de la chanson et du cinéma arabes, à travers un parcours abondamment nourri de photographies d’époque, souvent inédites, d’extraits de films ou de concerts mythiques, d’affiches cinématographiques au graphisme glamour, de magnifiques robes de scène, d’objets personnels et d’interviews rares.
D’Oum Kalthoum à Warda al-Djazaïria, d’Asmahan à Fayrouz, de Laila Mourad à Samia Gamal, en passant par Souad Hosni, Sabah sans oublier la toute jeune Dalida, l’exposition se veut un fabuleux voyage au cœur des vies et de l’art de ces chanteuses et actrices de légende, mais également une exploration des changements profonds qu’elles ont portés.
Icônes intemporelles, femmes puissantes, symboles adulés dans les sociétés arabes d’après-guerre, ces divas aux carrières exceptionnelles s’imposent du Caire à Beyrouth, du Maghreb à Paris, incarnant une période d’effervescence artistique et intellectuelle, une nouvelle image de la femme, ainsi que le renouveau politique national qui s’exprime du début des années 1920, notamment en Égypte, jusqu’aux années 1970.
L’exposition met ainsi en lumière, à travers ces divas, l’histoire sociale des femmes arabes et la naissance du féminisme au sein de ces sociétés patriarcales, leur participation au panarabisme et aux luttes d’indépendance dans les contextes de la colonisation et de la décolonisation, et – avant tout – leur rôle central dans les différents domaines artistiques qu’elles ont contribué à révolutionner. Un voyage en 4 actes.

Le Caire des années 1920 : le temps des pionnières et des premières divas.
Pionnières du mouvement féministe égyptien et arabe, Hoda Chaaraoui (1879-1947) et Ceza Nabaraoui (1897-1985) fondent, en 1923, l’Union féministe égyptienne pour la défense des droits des femmes. Hoda Chaaraoui est la première femme à se dévoiler publiquement ; Ceza Nabaraoui devient la rédactrice en chef de la revue féministe «L’Égyptienne» (Al-Misriyah) dont le sous-titre « Sociologie, féminisme, art » souligne les engagements politiques de ces femmes avant-gardistes.
Cette première partie de l’exposition rend également hommage aux premières divas, souvent aujourd’hui oubliées ou méconnues.
De Mounira al-Mahdiyya (1885-1965), chanteuse, première actrice musulmane à apparaître sur scène et icône d’un âge d’or du café chantant et de l’opérette, à Badia Massabni (1892-1974), danseuse orientale (sharqî) et fondatrice de nouveaux lieux de spectacles et de concerts dont le fameux cabaret Casino Badia en plein cœur du Caire, d’Assia Dagher (1908-1986) à Aziza Amir (1901-1952), toutes deux figures engagées d’une industrie et d’une cinématographie égyptiennes naissantes, ces femmes ont profondément transformé et impulsé la vie artistique arabe, du cinéma à la chanson, de la danse au music-hall et au cabaret. Ces femmes artistes réussissent à défier la domination masculine sur la scène musicale et le divertissement ou à s’imposer dans les secteurs émergents des industries du disque et du cinéma. C’est grâce à ces pionnières, devenues chanteuses, danseuses, actrices, femmes d’affaires, entrepreneuses, productrices, réalisatrices, journalistes, militantes politiques du nationalisme arabe, que les grandes divas des années 1940-1970 ont pu exister et acquérir auprès de publics majoritairement masculins une reconnaissance incontestée.
De l’intimité à la scène : dans la peau des grandes divas de la chanson.
La figure de la diva émerge dans ce contexte de transformations culturelles, technologiques et médiatiques. Des années 1940 à la toute fin des années 1960, ces femmes, d’origines et de confessions différentes, vont susciter un engouement populaire extraordinaire dans l’ensemble des pays arabes et incarner, chacune de façon spécifique, l’idée d’une culture arabe commune.
Ce second moment de l’exposition est consacré aux « voix d’or » de la chanson arabe. Les visiteurs pourront entrer dans la vie intime et publique des quatre chanteuses d’exception choisies : Oum Kalthoum, Warda al-Djazaïria, Asmahan et Fayrouz.

L’âge d’or des stars de « Hollywood sur le Nil »: Entre la fin des années 1930 et le début des années 1970, l’Égypte devient le quatrième producteur mondial de films. L’industrie cinématographique égyptienne connaît son « âge d’or » à partir du milieu des années 1940 et domine totalement le marché du cinéma arabe, avec des productions diffusées dans tous les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Pendant cette période de prospérité, entre 50 à 60 films sont réalisés par an. Le Caire devient « Hollywood sur Nil » ou « Nilwood ». La comédie musicale, la comédie et le mélodrame portent l’essor et le succès populaire de cette industrie, dont les premiers studios Misr furent créés en 1935 par Talaat Harb.
La troisième partie de l’exposition, consacrée à « Nilwood » et aux comédies musicales, met en avant ces divas actrices, chanteuses et/ou danseuses, au glamour fascinant : Laila Mourad, Souad Hosni, Sabah, Tahiyya Carioca, Samia Gamal, Hind Rostom, Dalida,…
Héritage et résonnances contemporaines: La dernière partie de l’exposition met en valeur les regards d’artistes d’aujourd’hui sur ces divas, dont l’héritage est une profonde source d’inspiration pour toute une nouvelle génération. La photographe et vidéaste libanaise Randa Mirza associée au musicien et compositeur hip hop Waël Kodeih, les plasticiens et plasticiennes Lamia Ziadé, Shirin Nashaat – qui a offert une image de son film «Looking for Oulm Khaltoum» (2017) pour l’affiche de l’exposition – Youssef Nabil, le photographe Nabil Boutros, … Création musicale holographique, installation vidéo, films, photomontages : autant d’œuvres fortes nées de ce patrimoine musical et iconographique unique réapproprié.

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