Le président français Emmanuel Macron a reçu lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, partenaire stratégique de la France, pour faire le point sur plusieurs crises régionales, dont la Libye. Les deux chefs d’État se sont exprimés à l’issue de leur entretien.
Le président égyptien était arrivé dimanche 6 décembre à Paris pour une visite d’État durant laquelle il a rencontré les principaux responsables politiques français. Lutte contre le terrorisme, Libye, conflit israélo-palestinien, défis stratégiques liés à l’Iran, crise politique au Liban : les sujets régionaux, sur lesquels Paris et Le Caire sont largement en phase, figuraient dans l’agenda de la visite présidentielle.
Lors de la conférence de presse à l’issue du sommet égypto-français, le président Emmanuel Macron a déclaré que le monde était actuellement confronté à des crises sanitaires et économiques sans précédent dans son ensemble qui ont déstabilisé l’équilibre des pouvoirs dans certaines régions, indiquant que le partenariat avec l’Égypte est plus important que jamais.
Il a ajouté que la visite du président al-Sissi en France est un témoignage de l’étroite relation entre les deux pays.
Macron a accusé les puissances régionales d’utiliser la Libye comme théâtre d’influence, soulignant l’insistance de son pays sur un cessez-le-feu dans ce pays, et que la France coordonne avec tous les partenaires pour y soutenir le dialogue politique.
Le chef de l’Etat français a poursuivi : « Nous comptons sur un rôle égyptien pour une solution en Libye. Nous aimerions coordonner avec les alliés européens et ceux dans la région pour faire réussir le dialogue politique en Libye pour parvenir à la stabilité ».
Macron a également déclaré que si des progrès avaient été accomplis dans la stabilisation de la Libye, les menaces persistaient de la part d’acteurs extérieurs.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré avoir discuté avec le président Abdel Fattah al-Sissi de la question de la lutte contre le terrorisme et de la nécessité de s’y attaquer, soulignant que l’Égypte est exposée à plusieurs défis et constitue un rempart impénétrable contre l’extrémisme.
Macron a indiqué que la lutte contre le terrorisme est au cœur de la relation avec l’Égypte, ajoutant : « Notre partenariat contribuera à la stabilité du Moyen-Orient et contribuera à travailler ensemble pour faire face aux défis sociaux et économiques ».
De sa part, le président Abdel Fattah al-Sissi a déclaré que l’État égyptien enregistrait des taux d’infection par le Coronavirus très raisonnables par rapport au monde, que ce soit dans la première ou la deuxième vague, et dans les destinations touristiques telles que Charm El-Cheikh et Hourghada, il n’y a pas d’infections dues au Coronavirus.
Il a ajouté qu’il salue la reprise des voyages touristiques entre les deux pays, notant que les pourparlers entre les deux délégations ont été témoins de discussions sur les implications économiques, sociales et sanitaires du coronavirus émergent, alors que l’Égypte a réussi à atteindre un équilibre délicat pour contenir le virus d’une part et s’attaquer aux effets négatifs d’autre part. Cette pandémie a fait de l’Égypte l’un des pays limités à avoir réalisé une croissance économique positive dans le monde.
Le président El-Sissi a poursuivi : « Les pourparlers ont été une occasion importante d’encourager les valeurs de tolérance et de modération entre les religions, les civilisations et les peuples, et de combattre l’émergence de l’extrémisme, du terrorisme et de la haine de l’autre d’une manière qui contribue à renforcer le dialogue, et a souligné que le terrorisme ne devait être lié à aucune religion et qu’il ne faut pas offenser les symboles sacrés ».
Le président Abdel Fattah al-Sissi a en outre déclaré que l’Égypte ne peut abandonner le Liban ni aucun pays arabe, la poursuite de cette politique est une constance établie de l’Égypte.
Il a ajouté que l’Egypte encourage la formation d’un nouveau gouvernement au plus vite au Liban, ajoutant : “Nous sommes en faveur du rétablissement de la stabilité dans la région”.
Il a poursuivi : “Nous avons discuté avec Macron des crises qui peuvent être turbulentes dans la région. Rétablir la stabilité est une politique constante.”
Le président al-Sissi a déclaré : “J’appelle de Paris en mon nom et au nom du président Macron les forces politiques au Liban à donner l’opportunité à un gouvernement qui vient éliminer tout ce dont le Liban souffre”.
Le président Abdel Fattah al-Sissi a d’autre part déclaré que l’Égypte comptait plus de 55000 organisations de la société civile en Égypte.
En réponse à la question d’un journaliste français sur les conditions de la société civile en Egypte, il a ajouté : « On nous présente comme si nous ne respections pas les gens, ou n’aimions pas nos sociétés, et comme si nous étions des dirigeants tyranniques. Nous avons 65 millions de jeunes. Ils n’accepteront aucun régime contre eux. ”
Il a poursuivi : “Nous n’avons pas besoin d’avoir peur ou d’être embarrassés, nous sommes une nation qui essaie de se construire dans un environnement très turbulent.”
“L’Egypte, toutes les sectes du peuple confondues, a payé un lourd prix face au terrorisme “, a affirmé al-Sissi. « L’Egypte en a souffert plus que tout autre pays. Nous devons protéger notre pays d’une organisation extrémiste »
Le président al-Sissi a souligné, lors de son discours, qu’une solution politique en Libye est la seule voie vers la stabilité, et qu’il a également convenu avec Macron de la nécessité que toutes les milices quittent la Libye.
Al-Sissi a enfin adressé une invitation à son homologue français pour effectuer une visite en Egypte l’année prochaine.
Les deux présidents ont tenu une session d’entretiens bilatéraux, suivie d’une session de discussions élargies en présence des délégations des deux pays, au cours de laquelle les pourparlers ont débattu d’un certain nombre de questions bilatérales, régionales et internationales et de questions d’intérêt commun.
Un dîner d’Etat a été ensuite tenu en l’honneur du président Abdel Fattah al-Sissi au Palais de l’Elysée en présence de son homologue français M. Emmanuel Macron. A cette occasion, le Chef de l’Etat a prononcé une allocution dans laquelle il a dit que la France et son peuple ami disposent d’une place particulière dans les cœurs du peuple égyptien. « Nous partageons un même héritage culturel et civilisationnel qui s’étend à travers des siècles. D’ailleurs, la passion française pour l’égyptologie a permis d’approfondir les relations d’amitié et de coopération. Ainsi, nos objectifs, nos visions et nos intérêts se sont-ils rencontrés, notamment depuis que le grand savant « Champollion » a réussi à déchiffrer les hiéroglyphes depuis près de deux cents ans.
De même, les relations distinguées entre nos deux pays sont cristallisées sous forme de coopération entre les différentes institutions française et égyptienne, notamment dans les domaines économique, commercial, d’investissements, éducatif, de transport, de la défense, de la sécurité. Ces domaines constituent les piliers de nos relations solides”, a-t-il indiqué.
Au cours de sa visite, le président al-Sissi a aussi déposé une gerbe devant la tombe du Soldat inconnu mardi à l’Arc de Triomphe, posé la première pierre de la Maison de l’Egypte à la Cité internationale universitaire et visité la Station F, plus grand incubateur de start-up au monde et passage obligé pour nombre de chefs d’Etat à Paris.
Al-Sissi a également rencontré lors de son séjour le premier ministre français et plusieurs ministres et hauts responsables et ce, pour évoquer la vision égyptienne à l’égard des crises régionales notamment les questions relatives au Proche-Orient et à la région de la Méditerranée orientale.
Les discussions du président Al-Sissi ont également porté sur l’accroissement de la coopération conjointe dans les domaines de l’investissement et commerciaux à la lumière des efforts déployés par l’Egypte pour stimuler les investissements étrangers afin de participer aux mégaprojets nationaux dans le cadre du processus de développement global en Egypte.
La priorité pour la France demeure le renforcement du partenariat stratégique avec le pays le plus peuplé du monde arabe, considéré comme un pôle de stabilité dans une région volatile.