Le prix Nobel de la paix décerné au PAM

25-10-2020 04:51 PM


Le prix Nobel de la paix a été attribué, vendredi 9 octobre, au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Le PAM, créé en 1963 pour lutter contre la faim dans le monde, a été récompensé pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par les conflits.

« Il est récompensé pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre”, a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen.

Un porte-parole de l’ONU a fait part d’un moment de fierté ». Le Programme alimentaire mondial (PAM) est très honoré d’avoir reçu le prix Nobel de la paix », a déclaré son directeur exécutif, l’Américain David Beasley. « C’est une formidable reconnaissance de l’engagement de la famille PAM qui œuvre chaque jour à éradiquer la faim dans plus de 80 pays “. « Je suis sans voix pour la première fois de ma vie , « a-t-il ajouté dans une vidéo où il rend hommage aux 17 000 employés du PAM. « Ils sont sur le terrain, dans les zones les plus difficiles, les plus complexes de la planète, que ce soit à cause de la guerre, des conflits, des conditions climatiques extrêmes, peu importe, ils sont sur le terrain et ils méritent cette récompense, « a souligné M. Beasley.

C’est la douzième fois que le prix de la paix consacre les Nations unies, une de ses agences ou une personnalité qui y est liée. Le comité Nobel norvégien a fait valoir que le besoin de solutions multilatérales était plus visible que jamais. Le prix, qui consiste en une médaille d’or, un diplôme et une somme de 10 millions de couronnes suédoises (près de 950 000 euros), sera formellement remis le 10 décembre, date anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896).

Crise du Covid-19 oblige, la présidente du comité Nobel norvégien, Mme Berit Reiss-Andersen, a révélé le nom du lauréat dans la grande salle de l’Institut Nobel à Oslo, devant une assistance très clairsemée.

A noter à cet égard que du Yémen à la Corée du Nord, le PAM a nourri des dizaines de millions de personnes dans un monde où la faim, redoutable arme de guerre, devrait encore progresser du fait du Covid-19.

Opérant aussi bien par hélicoptère qu’à dos d’éléphant ou de chameau, le PAM se présente comme la plus grande organisation humanitaire, une nécessité puisque, selon ses estimations, 690 millions de personnes – une sur 11 – souffraient de sous-alimentation chronique en 2019. Et sans doute davantage cette année à cause de la pandémie.

Fondé en 1961, son siège étant établi à Rome et financé intégralement par des contributions volontaires, le PAM dit avoir distribué 15 milliards de rations et assisté 97 millions de personnes dans 88 pays l’an dernier.

Un chiffre vertigineux, mais qui ne représente qu’une fraction du besoin total. Malgré les progrès enregistrés au cours des trois dernières décennies, l’objectif établi par l’ONU d’éradiquer la faim d’ici à 2030 semble hors d’atteinte si les tendances actuelles se poursuivent, selon les experts.

Par définition ennemie déclarée du Nobel de la paix, la guerre peut être à la fois la cause et la conséquence de la faim : les populations vivant dans des pays touchés par des conflits sont nettement plus susceptibles d’être sous-alimentées, selon l’organisation. « Il n’y a pas 1 000 façons de procéder, « déclarait le directeur général du PAM le 21 septembre. « Le seul moyen d’en terminer avec la faim, c’est de mettre fin aux conflits. « Le Yémen en fournit une preuve tragique. Tant les Nations unies que les ONG alertent sur les conséquences désastreuses du conflit qui oppose depuis 2015 le gouvernement, appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, et les rebelles houthis, soutenus par l’Iran.

Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts – pour la plupart des civils, selon les ONG –, déplacé trois millions de personnes, et poussé le pays au bord de la famine. Deux tiers des 30 millions d’habitants ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas, selon le PAM.

L’horizon pour la planète s’est encore assombri cette année avec le choc sanitaire et économique causé par la pandémie de Covid-19, qui cause des pertes de revenus en cascade, renchérit les aliments et perturbe les chaînes d’approvisionnement. « Nous pourrions être confrontés à de multiples famines de proportions bibliques en quelques mois,« prévenait David Beasley dès avril. La récession mondiale due au virus risque de pousser vers la faim entre 83 millions et 132 millions de personnes supplémentaires, estimait l’ONU dans un rapport publié à la mi-juillet.

« Le Programme alimentaire mondial aurait été un lauréat légitime sans la pandémie, mais la pandémie et ses conséquences renforcent absolument les raisons de l’attribution de ce prix ”, a justifié Mme Reiss-Andersen. Face aux tentations de replis nationalistes, la présidente du comité Nobel a souligné l’importance de trouver des solutions multilatérales pour combattre les défis mondiaux

Il est bon de savoir que pas moins d’1,1 million de femmes et enfants de moins de cinq ans reçoivent un appui nutritionnel de la part du PAM chaque mois, comme en Syrie. Le PAM œuvre également en République démocratique du Congo, au Nigeria dans les Etats frappés par Boko Haram, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sud-Soudan…

Le PAM a connu en plus de 60 ans une large sophistication de ses moyens d’action. Alors que ses missions originelles consistaient, pour l’essentiel, à porter des denrées d’un point A à un point B, le PAM fonctionne avant tout aujourd’hui en fonction de programmes alimentaires, éducatifs, nutritionnels, répartit les fonds récoltés pour un usage optimal, distribue des bons d’achat ou des sommes en espèces. Son rôle dans l’éducation des populations ciblées à la bonne alimentation est aussi essentiel. Cela passe par l’éducation locale. Les enfants mal nourris, c’est à la fois le manque d’accès à la nourriture mais c’est aussi la prévention, avec le lavage de mains, etc…

“L’une des beautés des activités du PAM est que non seulement nous fournissons de la nourriture pour aujourd’hui et demain, mais nous donnons aussi aux gens les connaissances nécessaires et des moyens pour subvenir à leurs besoins dans les jours qui suivent”, a déclaré aux médias un porte-parole de l’agence onusienne, Tomson Phiri, lors d’un point de presse régulier à Genève, juste après avoir découvert en direct que son organisation avait été récompensée.

“Ce prix Nobel de la paix est une reconnaissance des efforts déployés par l’organisation dans le monde entier”, a souligné le porte-parole, en indiquant que, malgré la pandémie de coronavirus qui avait cloué au sol la plupart des avions du monde, le PAM avait réussi à continuer son travail.

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