Emmanuel Macron à Beyrouth : “La France n’abandonnera jamais le Liban”

09-08-2020 08:58 AM


Le président français qui s’est défendu de toute ingérence, a affirmé qu’il avait appelé les dirigeants libanais à un “profond changement” pour sortir leur pays de l’impasse politique et économique.

“Après avoir vu, entendu, écouté aujourd’hui les regards et les voix de nos frères libanais, je ressens une infinie tristesse, une profonde solidarité et partage la saine colère que nous avons vue aujourd’hui”, a déclaré le président français Emmanuel Macron, jeudi 6 août, à la fin de son déplacement à Beyrouth, dévastée par les violentes explosions de mardi. “Une cinquantaine de Françaises et de Français ont été touchés, au moins”, a précisé le chef de l’Etat.
Lors d’une conférence de presse donnée avant de repartir à Paris, Emmanuel Macron a rappelé le soutien de la France au peuple libanais et détaillé les moyens déployés par l’Hexagone pour venir en aide au pays du cèdre. “L’objet de ce déplacement était d’abord et avant tout celui d’un soutien au peuple libanais, à un Liban libre, fier et souverain. Il n’y a qu’une évidence : être présent et aider. C’est ce que nous avons fait dès les premières heures”, a-t-il affirmé. “Trois avions ont pu arriver dès hier (mercredi, ndlr) avec un détachement de la Sécurité civile, des personnels urgentistes et un poste de secours mobile qui permet la prise en charge de 500 blessés”, a précisé le président.

Un nouvel avion ravitailleur atterrira “dans quelques heures” avec “des équipes de soutien, de secours et des enquêteurs pour aider à avancer justement dans les investigations, les recherches”, a ajouté Emmanuel Macron qui a également annoncé l’arrivée jeudi du porte-hélicoptères français Le Tonnerre qui apporte des médicaments, des équipes d’urgence et des soignants ainsi que du matériel. “Nous serons là dans la durée”, a assuré le chef de l’Etat, affirmant que “la France ne lâchera jamais le Liban. Elle n’abandonnera jamais les Libanaises et les Libanais. Nos destins sont liés indéfectiblement par les liens du temps, de l’esprit, de l’âme, de la culture, du rêve, en ce jour de deuil, à Beyrouth mille fois morte, mille fois revécue. C’est aussi le cœur de la France qui est frappé.”

“Dans les tout prochains jours, nous organiserons une conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et à la population libanaise”, a annoncé Emmanuel Macron, afin de mobiliser “des financements internationaux, des Européens, des Américains, tous les pays de la région et au-delà, afin de fournir des médicaments, des soins, de la nourriture”.

Ayant pu constater par lui-même dans un quartier de Beyrouth l’immense colère populaire contre la classe dirigeante libanaise, Emmanuel Macron a appelé à “une enquête internationale ouverte, transparente” sur les causes du drame de mardi. Cela permettrait d'”éviter que, d’abord, des choses soit cachées, et aussi que le doute ne s’installe”, a-t-il expliqué. Face à cette colère contre un pouvoir jugé corrompu et incompétent, le président français a souligné que l’aide mobilisée après la catastrophe irait directement aux bénéficiaires, notamment par le biais de l’Onu. “Nous mettrons aussi en place une gouvernance claire et transparente pour que l’ensemble de cette aide, qu’il s’agisse de l’aide française comme de l’aide internationale, soit directement acheminée aux populations, aux organisations non gouvernementales, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin, sans qu’aucune opacité, aucun détournement ne soient possible.”.

Accusé de s’ingérer dans les affaires intérieures libanaises, le président français a affirmé qu’il ne pouvait pas se “substituer au gouvernement” libanais. Il a appelé les dirigeants libanais à un “profond changement” pour sortir leur pays de l’impasse politique et économique. “C’est le temps des responsabilités aujourd’hui pour le Liban et pour ses dirigeants”, a déclaré le chef de l’Etat. Il a appelé à une “refondation d’un ordre politique nouveau” et à de “profonds changements”.

“Je demande aux responsables libanais des engagements forts sur l’Etat de droit, la transparence, la liberté, la démocratie et les réformes indispensables. Je les en crois capable”, a déclaré Emmanuel Macron. “Les financements sont là, ils attendent les réformes”, a-t-il souligné, précisant qu’il ne pouvait pas “donner des chèques en blanc à des systèmes qui n’ont plus la confiance de leur peuple.” Le chef de l’Etat sera de retour le 1er septembre pour marquer le centenaire de la naissance du Liban, mais aussi “faire un point d’étape” sur “l’indispensable sursaut” attendu des responsables. Interrogé par un journaliste sur la possibilité de “sanctions” contre les dirigeants libanais en l’absence de progrès, le président français a répondu : “je n’exclus rien, mais je pense qu’il faut faire les choses en bon ordre”, assurant que ce n’était pas “la priorité en termes d’action”. Le président a terminé son discours en lançant, en arabe : “Je t’aime, cher Liban

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