Commémoration de l’Opéra khédival

08-11-2019 12:34 PM


Commémoration de l’Opéra khédival

 

 

L’Opéra khédival du Caire a été construit pour les célébrations à l’occasion de l’inauguration du Canal de Suez. Il faisait partie du plan du Khédive Ismaïl pour moderniser Le Caire et transformer l’Égypte en un pays moderne et indépendant. L’histoire montre que l’opéra comme art n’a jamais été loin du goût des orientaux et notamment les Egyptiens. Sur les temples, il existe des gravures qui reflètent beaucoup d’anciennes célébrations égyptiennes dont la danse, la musique et le chant faisait partie. Pas seulement, mais nos ancêtres ont inventé des instruments musicaux comme El Hareb qui avait évolué pour devenir, à nos jours, El Oud (le luth arabe).

 

 

Il y avait un rapport direct entre la construction de l’ancien Opéra et l’inauguration du canal de Suez à l’époque du Khédive Ismaïl passionné par cet art. C’est pourquoi, il a souhaité construire un opéra pour célébrer cet événement et que cet édifice, baptisé « l’Opéra Khédival », soit une architecture semblable à celles qui se trouvaient dans les grandes capitales du monde.

De fait, il a chargé les architectes italiens, Focşani et Roussy, d’édifier ce bâtiment qui devrait réunir la magnificence architecturale et artistique. De plus, le Khédive Ismaïl a confié aux grands peintres et sculpteurs la tâche de la décoration de l’opéra. On dit que c’était une réplique du Teatro de La Scala de Milan. Construit à la hâte en six mois, il était principalement fait de bois et avait une capacité de 850 sièges.

Par ailleurs et avant l’achèvement de la construction, il a cherché à présenter une œuvre qui traduit l’histoire de l’Egypte. Il a choisi une ancienne histoire égyptienne écrite par Mariette pacha et a demandé au poète italien Ghislanzoni de la transformer en pièce d’opéra et à son compatriote, le grand musicien Verdi, de composer sa musique. Par conséquent, cette combinaison impeccable a engendré au monde l’opéra d’Aïda.

Et malgré les efforts effectués et la volonté du Khédive Ismaïl, l’opéra a été inauguré le 1er novembre 1869, lors de la célébration de l’ouverture du Canal de Suez par un autre spectacle, c’était l’opéra de Rigoletto œuvre mondialement connue de Verdi, qui fut présentée le soir de l’ouverture devant royautés, noblesse et dignitaires du monde. L’œuvre maîtresse de Verdi, Aïda, avec sa musique passionnée et son drame puissant fut présentée en grande première mondiale le 24 décembre 1871 dans l’Opéra Khédival. L’hymne national égyptien fut aussi composé par Verdi, mais fut remplacé après la révolution de 1952.

A noter qu’Aïda a toujours connu un grand succès et a été présenté dans plus de 150 opéras du monde dans la décennie suivant sa création. L’intrigue relate l’histoire d’Aïda, princesse éthiopienne, prisonnière au palais royal de Memphis. Elle est l’esclave d’Amnéris, fille du pharaon, et entretient une liaison secrète avec Radamès, soldat égyptien qui rêve de prendre la tête de l’armée pour combattre les envahisseurs éthiopiens. Il ignore qu’Aïda est la fille du roi d’Éthiopie, Amonasro. La princesse Amnéris, amoureuse de Radamès, est jalouse d’Aïda. Le pharaon nomme Radamès chef de ses armées. Les Éthiopiens sont vaincus, le père d’Aïda est fait prisonnier et le pharaon accorde la main d’Amnéris à Radamès pour le récompenser. Apprenant qu’Aïda est amoureuse de Radamès, Amonasro se sert d’elle pour obtenir le trajet de l’armée égyptienne. Radamès trahit son pays par amour.

Commémoration de l’Opéra khédival

Amnéris craint pour la vie de Radamès, qu’elle aime toujours malgré sa trahison. Elle fait appeler le prisonnier et lui promet d’obtenir sa grâce s’il justifie sa conduite et s’engage à ne plus jamais revoir Aïda. Radamès ayant refusé ce qu’exigeait Amnéris, les gardes le conduisent dans le souterrain où il sera jugé par les prêtres.

La scène du jugement commence par l’évocation du thème des prêtres signifiant qu’ils tiennent leur proie qui ne peut plus s’échapper. Ce thème sous sa nouvelle forme ressemble beaucoup à une marche funèbre en l’honneur de l’ancien chef des armées.

Restée seule, Amnéris entend la voix de Ramphis demander, à trois reprises, à l’accusé de se disculper. À chaque fois, la demande est précédée par un triple appel à Radamès par Ramphis aussitôt suivis par trois coups de trombone reprenant les notes chantées par le Grand Prêtre ; Radamès se tait sur un roulement de grosse caisse. Puis, les prêtres l’accusent de trahison et Amnéris implore inutilement la clémence des dieux. À chaque itération, les voix des prêtres montent d’un demi-ton, accentuant l’angoisse de la scène. Ayant gardé le silence, Radamès est condamné à périr emmuré vivant dans la crypte, châtiment réservé aux traîtres.

Déchirée en raison de son amour pour Radamès, culpabilisée par sa jalousie, et désespérée à cause du sort qui attend celui qu’elle aime, Amnéris, après avoir vainement supplié les prêtres, les maudit avant de sortir sur une terrible et inapaisable coda répétée trois fois par un orchestre fulminant.

Radamès dans sa tombe se lamente sur son sort. Il ne reverra plus Aïda. Son attention est soudain attirée par un gémissement. Sur un accompagnement de quinze  graves fatals aux basses, il découvre que c’est Aïda, qui s’est introduite secrètement dans la crypte pour y mourir avec lui. Aïda et Radamès unissent leurs voix dans un ultime duo d’amour de plus en plus doux (« O terra, addio »), tandis qu’Amnéris, la voix étouffée par le chagrin, implore la paix éternelle pour Radamès au milieu d’un chœur de louanges à l’adresse du dieu Ptah. Le rideau tombe lentement sur la mort d’Aïda dans les bras de Radamès alors que l’orchestre s’évanouit peu à peu dans le silence.

Pendant près d’un siècle, l’Opéra a invité des musiciens, acteurs et compagnies d’opéra reconnus internationalement. De prestigieuses troupes telles que La Comédie Française et la Compagnie italienne d’Opéra ont réalisé des prestations saisonnières, alors que d’autres compagnies, tel le prestigieux Ensemble de Danse Moiseyev de Russie, ont effectué des visites répétées. D’importants acteurs égyptiens présentèrent également du théâtre égyptien de même que des pièces étrangères populaires traduites en arabe. Dans ses dernières années, l’Opéra a invité des comédies musicales américaines, tel Porgy and Bess, la célèbre chanteuse Joséphine Baker, de même que les Ballets Russes du Bolshoi et de Kiev. Avec les années, le nom Opéra Khédival devint l’Opéra Royal, puis en 1952, après la destitution du roi Farouk, on le nomma simplement La Maison de l’Opéra, «Dar el Opéra». L’ancien opéra du Khédive était le premier en Afrique et sa scène était une des plus grandes et plus prestigieuses scènes dans le monde.

Malheureusement, au matin du 28 Octobre 1971, l’Opéra fut ravagé par les flammes. Et avec le bâtiment, disparurent de précieux objets des costumes, des accessoires, des bijoux, des scripts, des documents, des archives et des objets historiques de tout un siècle. Une seule des deux statues de bronze à l’entrée a survécu à l’incendie et elle est maintenant exposée dans les jardins de l’actuel Opéra de Guézira. Un grand symbole des arts était parti en fumée, marquant la fin d’une époque.

 

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