“Jusqu’à la garde”, merveilleux film dénonçant la violence contre les femmes

07-03-2019 11:32 AM


Aujourd’hui, la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits de l’homme les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde. Elle demeure également l’une des moins signalées en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte qui l’entourent.

Malheureusement, la lutte des femmes, même en Occident, n’a pas encore produit de lois décisives limitant le phénomène de la violence subie par les enfants avant la mère, et les enfants ne sont pas vraiment protégés de la violence de leurs parents, malgré l’existence de lois qui la reconnaissent. Il est à noter que la projection du film et la victoire du meilleur film Césarisé à la cérémonie parisienne coïncident avec la Journée mondiale de la femme, célébrée le 8 mars par le monde entier, anniversaire du premier Congrès mondial des femmes tenu à Paris en 1945, il y a 74 ans.

Le film “Jusqu’à la garde”, de Xavier Legrand, n’a pas démérité, lors de la 44e cérémonie des César. Ce drame étouffant, qui suit un couple en instance de divorce dont la femme accuse son futur ex-mari de violences, est reparti avec les prix du meilleur montage, meilleur scénario, du meilleur film et de la meilleure actrice pour Léa Drucker.

Le réalisateur Xavier Legrand en a profité pour rappeler les derniers chiffres, alarmants, diffusés par des militants féministes qui recensent les femmes tuées par leur conjoint ou leur ex : depuis le 1er janvier 2019, elles sont vingt. Soit deux fois plus que l’an dernier à la même date. Soit une tous les deux jours, et non plus une tous les trois jours comme c’était le cas auparavant.

L’importance du film que l’on souhaite voir en Égypte, dans l’un des festivals ou rassemblements ayant pour thème les droits de la femme, est une réponse forte et choquante à la question de la violence à l’égard des femmes et des enfants. Un scénario merveilleux écrit par le réalisateur Legrand montre la crise du dialogue d’une famille victime de violences et d’abus. Il montre le drame d’un père qui est incapable de contrôler ses émotions, causant même des blessures physiques à sa jeune fille. Le plus amer était la misère et la panique de toute la famille, en particulier de son petit garçon, Julien, qui n’avait que 11 ans.

Le film se déroule quelque part en France, une juge se rend à une audience fixée avec Antoine et Miriam Besson, un couple en instance de divorce. En jeu, un arrangement financier et surtout la garde partagée ou non du fils cadet Julien, 11 ans. Sa sœur aînée Joséphine, tout juste 18 ans, n’est plus concernée puisque majeure et déjà en couple. Malgré la déposition du garçon, qui souhaite rester avec sa mère et charge son père, ce dernier estime que Julien a besoin de lui. Alors que sa femme, qui l’accuse de menaces et de harcèlement, est retournée vivre chez ses parents, c’est la raison pour laquelle le père a obtenu une mutation de sorte à être plus près d’eux. Après les avoir entendus tous les deux ainsi que leurs avocates, la juge promet une décision pour bientôt. Plus tard, accompagnée de sa sœur Sylvia, Miriam et les enfants visitent un appartement dans un immeuble de banlieue que leur a déniché Cyril, un ex collègue de travail. Il apparaît que la juge a accordé à Antoine la garde partagée. Ce dernier vient donc bientôt chercher Julien chez ses grands-parents pour passer son premier weekend avec lui. Ils se rendent chez ses parents à lui pour le repas, dans une ambiance pesante. Tandis qu’Antoine cherche à savoir où Miriam a déménagé, Julien fait tout pour le lui cacher. Il lui demande aussi de décaler la prochaine fois pour qu’il puisse se rendre à l’anniversaire de sa sœur. Antoine refuse. Deux semaines plus tard, Antoine commence par se montrer plus arrangeant : il ramènera Julien pour la soirée et viendra le rechercher le lendemain matin. Mais un peu plus tard, le même schéma que la première fois se répète jusqu’à ce que le grand-père, n’y tenant plus, chasse son fils de table. Emmenant Julien en voiture, Antoine perd ses nerfs et exige de l’enfant qu’il le guide à leur nouveau domicile. Après avoir tenté de feinter et de s’échapper, Julien se résigne. Face à une Miriam tétanisée, Antoine fond en larmes et jure qu’il «a changé» avant de repartir chez ses parents. A la salle où la fête de Joséphine bat son plein, tous les soucis n’ont pas disparu. Miriam demande à sa fille (qui s’est découverte enceinte) de passer d’abord son bac et son concours pour le Conservatoire. Puis, alors que Joséphine et son petit ami Samuel s’apprêtent à chanter sur scène, Julien reçoit un appel de son père, qui est dehors avec un cadeau pour sa fille. Miriam, très fâchée, va le retrouver sur le parking. L’apparition soudaine de Cyril déclenche chez Antoine une terrible scène de jalousie, heureusement désamorcée par l’intervention de Sylvia. A la fin de la soirée, qui s’est terminée normalement, Miriam et Julien rentrent seuls se coucher. Un peu plus tard dans la nuit, ils sont réveillés par une sonnerie insistante. Ayant réussi à entrer dans l’immeuble, Antoine frappe à leur porte. Inquiète, une vieille voisine appelle la police. La centrale déclenche une intervention d’urgence, avant même que Miriam, terrorisée, n’appelle à son tour. Tandis qu’un Antoine fou furieux défonce la porte à coups de fusil de chasse, Miriam et Julien se réfugient dans la salle de bain. Au bout du fil, l’agent de la centrale leur recommande de se coucher au fond de la baignoire et d’attendre. La police intervient juste avant qu’Antoine ne les ait trouvés. Il est maîtrisé et emmené, puis une agente s’occupe de Miriam et de Julien, sonnés. Alors que la vieille voisine ose enfin jeter un coup d’œil dans le couloir, Miriam referme leur porte.

Mettant en vedette Léa Drucker en tant que meilleure actrice, cette dernière a dédié cette œuvre cinématographique à toutes les femmes exposées à la violence dans le monde et souffrant de cette réalité tragique.

Léa Drucker, de son côté, muette et discrète au départ, s’humanise – enfin. Jusqu’à la garde, d’un grand réalisme, hante longtemps parce qu’il remet en question le regard commun sur une situation répandue.

« Je voudrais dédier cette récompense à toutes les Miriam, toutes ces femmes qui ne sont pas dans une fiction, qui sont dans cette tragique réalité », a souligné Léa Drucker. L’actrice, très émue de remporter son premier césar, a salué « toutes les femmes, toutes les féministes, qui écrivent, agissent, prennent la parole et défendent au quotidien la cause des femmes, qui bravent parfois des tempêtes d’insultes et d’agressivité en tous genres ».

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