James Hansen planche sur le réchauffement climatique

02-08-2018 11:00 AM


Le 23 juin 1988, une commission du Sénat américain convoque différents scientifiques pour tenter de comprendre les raisons de la vague de chaleur exceptionnelle qui sévit sur le pays. Une grande partie deYellowstone Park est en feu et, dans la Corn Belt, les céréaliers désespèrent de récolter quoi que ce soit.

James Hansen, climatologue en chef de la NASA, fait sensation en assurant que le phénomène traduit le fait que l’atmosphère terrestre est en train de se réchauffer. Il l’explique par l’amplification de l’« effet de serre » naturel depuis les débuts de la révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle, du fait des émissions de gaz carbonique liées à la combustion du charbon, du gaz et du pétrole.

Un an plus tard, la revue Science publie un article intitulé : « Effet de serre : Hansen contre le reste du monde » (*).

Dans la décennie à venir, les observations, études et modélisations climatiques vont tendre à confirmer la thèse de James Hansen et lui rallier l’immense majorité des scientifiques en rapport avec le climat.

Le phénomène physique appelé « effet de serre », par lequel l’atmosphère retient une partie du rayonnement solaire et permet à la Terre de se réchauffer, a été entrevu et nommé à la fin du XVIIIe siècle par le physicien Joseph Fourier et le savant Horace-Benedict de Saussure, lequel l’avait illustré avec un dispositif expérimental constitué d’un emboîtement de cinq caisses en verre.

En 1860, le physicien irlandais John Tyndall prolonge ces observations en notant que le réchauffement varie en fonction des composants de l’atmosphère (oxygène, azote, gaz carbonique…).

En 1896 enfin, le physicien suédois Svante Arrhenius, Prix Nobel 1903, avance l’idée que l’activité industrielle, en augmentant la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère, pourrait contribuer à réchauffer la planète… et ainsi prévenir une nouvelle ère glaciaire ! Il ne se doutait pas de l’importance que pourrait prendre ce réchauffement un siècle plus tard…

Une éventualité qui dérange
Bien avant la déposition de James Hansen, depuis plusieurs décennies déjà, des scientifiques s’inquiétaient des émissions de gaz carbonique et de leurs conséquences sur le climat mais aucun n’avait encore clairement ausculté le processus (*).

Le rayonnement solaire, lorsqu’il atteint la surface de la Terre, est en partie réfléchi sous forme de rayonnement infrarouge mais ce rayonnement est partiellement piégé par l’atmosphère au lieu de se dissiper dans l’espace. Cet « effet de serre » assure à notre planète une température moyenne de +14°C au lieu de -20°C en son absence.

Comme avant lui Svante Arrhenius, James Hansen pressent que l’augmentation de la teneur en gaz carbonique, liée à la combustion des énergies fossiles, va amplifier cet « effet de serre » et par voie de conséquence élever la température moyenne de la planète.

En novembre 1988, deux organismes de l’ONU en charge du climat et de l’environnement décident de créer un centre d’expertise destiné à collecter toute la littérature scientifique sur les changements climatiques en vue d’éclairer les responsables politiques. C’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, en anglais : Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC).

Depuis lors, basé à Genève, avec une dizaine de salariés seulement, cet organisme international, soumis à la surveillance d’États aussi différents que les États-Unis, l’Arabie séoudite, la Russie, la Chine et les États européens, met à contribution les meilleurs scientifiques pour la rédaction d’un rapport périodique, dans des domaines aussi variés que la chimie atmosphérique, l’océanographie physique, la dendrochronologie, la glaciologie, la thermodynamique…

Grâce à lui se confirme, hélas, de rapport en rapport, la réalité d’un réchauffement climatique global et son origine anthropique (les émissions de gaz à effet de serre du fait des activités humaines) n’est plus guère contestée que par des scientifiques en mal de notoriété (*).

Ses conséquences pourraient s’avérer gravissimes à moins d’une remise en cause majeure du mode de vie et de consommation inspiré par l’american way of life (énergie trop bon marché, éclatement des villes, généralisation de l’automobile, mondialisation des échanges…).

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