La cité d’Alexandre Dumas au cœur de la francophonie dans le monde

22-03-2018 11:32 AM


Le président français Emmanuel Macron a annoncé dans son discours pour la Journée de la Francophonie que le château de Villers-Cotterêts, petite ville de l’Aisne à la riche histoire, va devenir un laboratoire de la francophonie.

Le président a détaillé le projet, qu’il avait annoncé en septembre, de restaurer ce château où François Ier a signé en 1539 les ordonnances ayant fait de la langue française la langue officielle. “Je souhaiterais qu’on fasse de ce château un laboratoire de la francophonie”, a-t-il déclaré en détaillant une trentaine de mesures pour renforcer la place du français dans le monde.

Ce château du XVIe siècle, propriété de l’État et classé Monument historique, deviendra un “lieu d’exposition, de rencontres, de recherches, de pédagogie, de résidences d’artistes ou de chercheurs, de travail, de création, d’écriture et de spectacle”, a dit le président de la République.

C’est “une tâche titanesque” en raison des importants travaux à réaliser pour réhabiliter ce vaste château, actuellement fermé au public après avoir été un hospice puis une maison de retraite jusqu’en 2014. Située à 80 km de Paris, Villers-Cotterêts est aussi la ville où le romancier Alexandre Dumas “est né d’un père mulâtre, esclave émancipé devenu soldat de la France”, a précisé Emmanuel Macron.

Actuellement dirigé par une municipalité Front national, c’est “une ville qui doute”, qui “a été bousculée par les grands bouleversements du monde et a parfois pu céder à quelques sirènes de repli”, a précisé le président. Le projet pourra “lui donner un élan nouveau”, selon lui.

A noter que le domaine royal de Villers-Cotterêts est le témoin de 13 siècles d’histoire !
Le château actuel, joyau de la Renaissance, fut édifié par François Ier, qui l’aimait tant qu’il l’appelait : « Mon plaisir ». C’est dans ce château que François 1er signe l’ordonnance de Villers-Cotterêts.
Alexandre Dumas, né à Villers-Cotterêts en 1802, évoque le château à quelques reprises dans ses Mémoires…

” Le château de Villers-Cotterêts était, avec Sainte-Assise, la résidence de M. le duc d’Orléans. Commencé par François Ier, le château a été achevé par son fils Henri II.
Le père et le fils y ont apposé leur cachet.
François Ier y a sculpté ses salamandres ; Henri II, son chiffre et celui de sa femme, Catherine de Médicis. Les deux chiffres sont renfermés dans les trois croissants de Diane de Poitiers.
Etrange réunion des chiffres des époux et des armes de la maîtresse, et qui est encore visible aujourd’hui à l’angle de la prison donnant sur la petite rue qui conduit à l’abreuvoir. .” (Alexandre Dumas, Mémoires, chap. 1).

François 1er, de retour de Madrid, où il était captif, décide de résider en Ile de France, et surtout au cœur du Valois : il est le neuvième roi de cette dynastie. Le site de Villers-Cotterêts le séduit, notamment par sa forêt giboyeuse.

C’est ainsi que la construction d’un ’logis’ royal est décidée, sur le site du château médiéval, détruit pendant la guerre de Cent ans, et dont les quelques éléments subsistants sont intégrés aux nouveaux bâtiments. Les travaux vont s’étaler sur les règnes de François 1er et d’Henri II.

En 1539, les bâtiments principaux sont achevés, et c’est là que, alors qu’il y fait un long séjour, François 1ersigne l’ordonnance de Villers-Cotterêts.

Sous les comtes de Valois il deviendra le « Chastel Malemaison » que François 1er entreprit de transformer en une authentique demeure royale. C’est dans ce château qu’il signa en 1539 l’Ordonnance de Villers-Cotterêts qui instaure la langue française comme langue officielle.
Le château a conservé son plan d’origine. La cour est encadrée de deux longues ailes, les anciens communs. Au fond se situe le logis royal.
Sur la façade, des piliers surmontés de colonnes corinthiennes soutiennent une suite de consoles feuillagées et une loggia dallée, dont les niches devaient, à l’origine, abriter des statues. Au-dessus de cette loggia se trouve un portrait de François Ier portant le grand collier de l’Ordre de Saint-Michel. De longues et étroites fenêtres, couronnées de coquilles soutenues par des figurines d’Amour complètent l’architecture de cette façade de pur style Renaissance.

Un passage voûté, à caissons sculptés, donne accès à la cour du Jeu de Paume qu’encadrent les appartements royaux.

Le grand escalier, semblable à l’escalier Henri II du Louvre, est couvert d’une voûte inclinée, en anse de panier, ornée de trois rangées de caissons sculptés de salamandres, de feuillages, de fleurs de lys, de têtes d’angelots …

Cent quatre-vingt-douze articles réforment la juridiction ecclésiastique, réduisent certaines prérogatives des villes, et rendent obligatoire la tenue des registres des baptêmes. Mais c’est surtout l’acte fondateur de la primauté et de l’exclusivité du français dans les documents relatifs à la vie publique du royaume de France ; en effet, pour faciliter la bonne compréhension des actes de l’administration et de la justice, l’ordonnance leur impose d’être rédigés dans cette langue. Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l’administration, en lieu et place du latin.

La forêt de Villers-Cotterêts (Retz) jouxte le parc du château, dessiné par Le Nôtre, qui a préservé les grandes lignes de sa composition XVIIe.
Les destructions des deux guerres ont impacté le parc. C’est de Villers-Cotterêts que part en juillet 1918 la contre-offensive des Alliés…

“Beaux arbres ! à l’ombre desquels s’étaient couchés François Ier et madame d’Etampes, Henri II et Diane de Poitiers, Henri IV et Gabrielle…
Car, poète que je suis, il y a une chose que je préférerais à tout l’or de la terre, c’est le murmure du vent dans vos feuilles ; c’est l’ombre que vous faisiez trembler sous mes pieds ; ce sont les douces visions, les charmants fantômes qui, le soir, entre le jour et la nuit, à l’heure douteuse du crépuscule, glissaient entre vos troncs séculaires” … (Alexandre Dumas, Mémoires, chap. 21).

En 1808, le château devient le « dépôt de mendicité » du département de la Seine et accueille à ce titre un millier de reclus parisiens. Il est ensuite transformé en maison de retraite, qui fermera ses portes en 2014.

Rappelons que la Secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean, avait adressé un message de circonstance dans lequel elle a appelé les francophones à saisir l’occasion de cette Journée internationale de la Francophonie pour réaffirmer avec vigueur et détermination leur volonté d’agir toujours plus et toujours mieux ensemble, au nom de l’idéal qui les unit.

(Visited 104 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires