Le Pape François au milieu de ses invités, tel un pauvre parmi les pauvres

25-11-2017 02:08 PM


Le Pape François au milieu de ses invités, tel un pauvre parmi les pauvres

Pour la première célébration de la Journée mondiale des pauvres, le Vatican s’est plié en quatre. Le Pape François a tenu à honorer les héros du jour : il les a conviés à Saint- Pierre pour la messe avant de partager avec eux son repas.
Tirant les conclusions du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, le Pape François avait institué la Journée mondiale des pauvres. Célébrée dans l’Église chaque 33e dimanche du Temps ordinaire, cette journée « aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile » selon les mots du Souverain pontife. La première Journée mondiale des pauvres avait pour thème « Aimer en actes ».
Quels sont les différents visages de la pauvreté ? Comment se manifeste-t-elle ? Quel sens lui donner au regard de la Bonne Nouvelle ? Quelles actions concrètes implique-t-elle ?
C’est un événement très particulier dans la vie de ces démunis en rencontrant le Pape. Ainsi plusieurs milliers de personnes démunies ont convergé vers Rome et son évêque le 19 novembre 2017. Pour le Souverain pontife, cette journée voulait célébrer ceux qui constituent le vrai trésor de l’Eglise. Une Eglise pauvre pour les pauvres, en somme. Carce sont eux, explique-t-il, notre véritable passeport pour le Paradis !
Pour ouvrir cette journée, le successeur de Pierre a donc célébré la messe dans la basilique Saint-Pierre, entouré de ces milliers de personnes pauvres. À la messe, le Pape François a rappelé la condition indispensable pour gagner la vie éternelle.
L’omission ou l’indifférence sont les deux grands péchés face aux pauvres a expliqué le Pape François. « Les aimer, c’est « lutter contre toutes les pauvretés matérielles et spirituelles ».
« Nous sommes souvent dans l’idée de n’avoir rien fait de mal et pour cela nous nous contentons, présumant être bons et justes », a déclaré le Pape.
« Mais ne rien faire de mal ne suffit pas. Parce que Dieu n’est pas un contrôleur à la recherche de billets non compostés, il est un Père à la recherche d’enfants à qui confier ses biens et ses projets », a lancé le Pape François. Les pauvres, « si aux yeux du monde, ils ont peu de valeur, ce sont eux qui nous ouvrent le chemin du ciel », a-t-il affirmé.
Personne ne peut penser être inutile, personne ne peut se dire si pauvre au point de ne pas pouvoir donner quelque chose aux autres. Omettre ou être indifférent, c’est comme dire : « Cela ne me regarde pas, ce n’est pas mon affaire, c’est la faute de la société. C’est se tourner de l’autre côté quand mon frère est dans le besoin, c’est changer de chaîne dès qu’une question sérieuse me gêne, et s’indigner devant le mal sans rien faire ».
Vivre pour avoir sur Terre ou donner pour gagner le Ciel ? La vraie question est là. Prendre soin des pauvres est un devoir évangélique qui incombe à chaque chrétien, a rappelé le Pape. Aux yeux de Dieu, « ce qui compte n’est pas ce que l’on a mais ce que l’on donne ». Alors arrêtons de « chercher le superflu, mais le bien pour les autres et rien de précieux ne nous manquera ». Tout ce qui est investi dans l’amour demeure, le reste s’évanouit. Les démunis ont d’ailleurs été impliquées dans la célébration : lectures, prière universelle et offertoire, tout leur a été confié. ­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­

Après la messe, comme le Pape François l’a exprimé dans son homélie, il a invité les pauvres à sa table du déjeuner. Environ 500 personnes pauvres, migrantes, sans emploi, sans domicile ont ainsi pu partager un repas en salle Paul VI du Vatican avec le Saint-Père. Le Pape a demandé la bénédiction du Seigneur pour ce «moment ensemble», ceux qui ont préparé le repas, ceux qui y ont participé, leurs cœurs, leurs familles, leurs désirs et leur vie. Des initiatives analogues se déroulaient dans tous les diocèses d’Italie et du monde. Pas d’estrade, de table à l’écart ou de siège majestueux : le Pape s’est installé au milieu de ses invités, tel un pauvre parmi les pauvres.
Pour le Pape argentin, l’Eglise est comme « un hôpital de campagne qui a pour caractéristique de naître là où on se bat ».
Et c’est sur la place Saint-Pierre qu’il a concrètement transformé cette image symbolique en réalité, avec l’ouverture provisoire pour la Journée mondiale des pauvres d’un dispensaire médical gratuit immédiatement visité par des sans-abris.
Accueillis par des volontaires dans des camions aménagés, les démunis ont eu accès à différents soins: analyses cliniques, cardiologie, dermatologie, gynécologie, maladies infectieuses.
Dans un long message préparé à l’avance pour la Journée mondiale des pauvres et qui devait être distribué dans de nombreuses églises du monde, le Pape a demandé aux fidèles de « tendre leurs mains vers ceux qui crient à l’aide et demandent notre solidarité ».
« Cette journée est destinée à stimuler les croyants pour qu’ils réagissent contre la culture de la mise au rebut et du gaspillage, en s’appropriant la culture de la rencontre », a-t-il écrit.
Mais le Pape a étendu son message de « fraternité » à tous, indépendamment de leur appartenance religieuse. « Ce sont les hommes malheureusement qui ont fait élever des frontières, des murs et des clôtures, trahissant le don original de la Terre destinée à l’Humanité sans aucune exclusion », a-t-il commenté. Elu le 13 mars 2013, le Pape argentin, qui connaît bien les bidonvilles de son pays d’origine, avait déclaré vouloir « une Eglise pauvre, pour les pauvres ». Expliquant ainsi pourquoi il avait choisi le prénom de Saint François d’Assise pour son pontificat. Il y a un an, il avait déjà déroulé un tapis rouge au Vatican pour quelque 3.500 sans-abri et leurs accompagnants, venus de 22 pays d’Europe. « Je vous demande pardon, pour les chrétiens qui regardent dans l’autre direction devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté », avait alors lancé François.
Avec cette journée, François a prouvé que même le plus humble mérite un regard d’amour et de respect.

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