Un texte d’Hippocrate découvert sur un manuscrit du monastère Sainte-Catherine

20-07-2017 11:23 AM


Un texte d'Hippocrate découvert sur un manuscrit du monastère Sainte-Catherine

Une découverte récente à la bibliothèque du monastère de Sainte-Catherine au Sinaï a créé beaucoup d’excitation dans les milieux de l’antiquité et religieux. La découverte, annoncée au Caire au début du mois courant par le ministre des Antiquités, Khaled al-Enani, comprend un manuscrit du 5ème ou 6ème siècle qui comporte des textes bibliques en langue syriaque du célèbre Codex Sinaiticus, la Bible grecque manuscrite du 4ème siècle.
Le manuscrit a été découvert lors des travaux de restauration dans la bibliothèque du monastère.
Dans ce monastère grec-orthodoxe situé au pied du Mont Moïse, les scientifiques ont utilisé les techniques modernes d’imagerie spectrale pour redécouvrir les textes cachés du manuscrit.
L’archéologue Abdel-Rahim Rihane, directeur général de la recherche, des études et des publications au Sinaï et chef de l’équipe de recherche du ministère des Antiquités, a confirmé que le manuscrit est l’un des manuscrits «palimpsestes» et est la plus ancienne version connue de la Bible en langue syriaque. On pense qu’il a été traduit du grec au deuxième siècle après J.C.
Les manuscrits palimpsestes, explique Dr Rihane, sont des manuscrits très connus sur le cuir et formés de deux couches. La première, a-t-il dit, serait effacée pour qu’un nouveau texte soit écrit sur le cuir. Cela a été fait en raison du coût élevé du cuir à cette époque.
Mohamad Abdel-Latif, ministre adjoint des Antiquités pour les sites archéologiques, a déclaré que le manuscrit récemment découvert est écrit sur du cuir et porte des parties d’une recette médicale du célèbre médecin grec Hippocrate (460 à 370 av. J.C.). Il a également trois autres recettes médicales écrites par un scribe anonyme, dont l’un contient des dessins d’herbes médicinales de la recette grecque.
La deuxième couche d’écriture trouvée sur le manuscrit est le texte de la Bible syriaque.
Mohamad Abdel-Latif a indiqué qu’une autre page découverte renfermait un texte en arabe du célèbre médecin grec Claude Galien, remontant au IXe siècle. Ce texte a été rédigé sur des écrits religieux de saint Paul de Tarse, datant du Ve siècle.
Deuxième bibliothèque de manuscrits anciens au monde après celle du Vatican, elle est l’objet de recherches scientifiques dans le cadre du projet d’énumération et de photographie de ses précieux témoins des premiers siècles du christianisme.
Ce projet scientifique a été lancé suite à une demande faite en 2013 par Dimitri Damianos, l’archevêque du monastère. Il est dirigé par Michael Phelps, président de l’ancienne bibliothèque des manuscrits électroniques à Los Angeles, accompagné de dix autres scientifiques.
Ce projet de photographie, commencé il y a quatre ans, vise à sauvegarder les biens culturels du monastère et à numériser les collections de manuscrits, palimpsestes inclus, afin de les rendre accessibles aux chercheurs du monde entier.
La bibliothèque de Sainte Catherine de 1500 ans comprend plusieurs manuscrits palimpsestes ainsi que quelque 6 000 manuscrits, dont 600 manuscrits en arabe, grec, éthiopien, copte, arménien et syriaque. Le plus ancien date du 4ème siècle.
La plupart des manuscrits sont des textes religieux chrétiens pour inspirer ou guider les moines dans leur engagement.
D’autres sont de nature éducative, comme les textes grecs classiques, les textes médicaux, en plus des manuscrits historiques, géographiques et philosophiques. Le manuscrit le plus célèbre est le Codex Sinaiticus du IVe siècle, dont douze pages et quelque vingt-quatre fragments écrits en syriaque sont restés au monastère.
Conservé au monastère Sainte-Catherine, au Sinaï, jusqu’au XIXe siècle, ce Codex – dont le monastère réclame la restitution depuis longtemps – a été emmené en Europe par un érudit de Leipzig, Constantin von Tischendorff. Ce dernier persuada le Père supérieur du couvent d’en faire cadeau au tsar russe Alexandre II qui finançait les recherches à Sainte-Catherine. En 1933, la Russie étant devenue soviétique, les autorités communistes vendirent le Codex Sinaiticus à la Grande-Bretagne pour 100.000 livres. Il fut déposé à la British Library de Londres.
Au cours des années, diverses parties du Codex furent dispersées. Grâce à la mise en place d’un important programme de recherche interdisciplinaire, la British Library a pu coordonner avec les autres institutions possédant une partie du Codex la numérisation de l’ensemble des pages conservées.

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