Les performances au 70e Festival de Cannes

25-05-2017 10:05 AM


Les performances au 70e Festival de Cannes

Qui, entre les stars hollywoodiennes, les vedettes françaises et les jeunes inconnus, peut prétendre aux prix d’interprétation du 70e Festival de Cannes?
Ce 28 mai, ils monteront sur la scène du Grand Théâtre Lumière, remercieront les producteurs, les amis, compagnons, maris, épouses, enfants et, bien sûr, le ou la cinéaste “sans qui rien n’aurait été possible”. Ils verseront des larmes de joie comme la Philippine Jaclyn Jose ou s’en remettront à Dieu comme l’Iranien Shahab Hosseini, l’an passé. Puis, ils poseront devant les caméras du monde entier avec leur très convoité prix d’interprétation.
Comme chaque édition, la concurrence est plutôt relevée. À charge pour Pedro Almodovar et ses huit jurés d’extraire, parmi les 19 films en compétition, la substantifique moelle des performances d’”acting” du cru 2017. Il y a quatre catégories dans lesquelles ils pourront faire leur choix.
• Les monstres sacrés
Honorer une légende vivante du cinéma, c’est bon pour tout le monde. Pour le Festival, d’abord, qui consolidera sa légende d’un énième moment d’intense émotion (on se souvient de Jean-Pierre Léaud recevant l’an passé sa Palme d’honneur). Pour le jury, ensuite, à qui l’on saura gré d’avoir distingué non pas une prestation mais toute une carrière. Et pour le gagnant, enfin, qui pourra mesurer son importance dans l’histoire du cinéma à la durée de la standing ovation que le public lui consacrera. Or, cette année, ça tombe bien, le jury pourra jeter son dévolu sur l’un des grands noms du cinéma français et européen : Jean-Louis Trintignant. Dans “Happy End” de Michael Haneke, l’acteur de 86 ans interprète le patriarche d’une famille bourgeoise de Calais qui vit dans l’ignorance des camps de migrants. Déjà lauréat d’un prix d’interprétation en 1969 (pour “Z”), Trintignant avait également reçu les honneurs du jury cannois de 2012 pour son rôle dans “Amour” du même Haneke. Il n’avait pas reçu de prix mais son “exceptionnelle contribution” avait alors été saluée par le président du jury d’alors, Nanni Moretti. Cela s’est joué à pas grand-chose.
Autre “monstre sacré” attendu en compétition : Dustin Hoffman. Pour les besoins de “The Meyerowitz Stories” de Noah Baumbach, le comédien américain joue un vieux père de famille autour duquel se rassemblent ses fils en crise existentielle, et pas les moindres fils puisqu’il s’agit d’Adam Sandler et de Ben Stiller. À 79 ans, l’acteur a une cheminée déjà bien encombrée d’Oscars, mais il y aurait bien de la place pour un prix cannois…
• Les stars hollywoodiennes et françaises
Est-on davantage récompensés à Cannes quand on est une star ou devient-on star quand on est récompensé à Cannes ? Vous avez trois heures… S’il est vrai que nombre de comédiens ont pu entamer une carrière internationale grâce à Cannes, il n’est pas rare non plus que des acteurs et actrices déjà bien installés y aient été honorés.
Certaines vedettes hollywoodiennes accumulent même les passages sur la Croisette dans l’espoir de décrocher un petit quelque chose. C’est le cas, notamment, de Nicole Kidman qui, cette année, est présente deux fois en compétition. Dans “Les Proies” de Sofia Coppola, d’abord, où elle campe la tenancière d’un pensionnat dans une Amérique en pleine guerre de Sécession. Puis, dans “Mise à mort du cerf sacré” de Yorgos Lanthimos, dont on sait qu’elle y incarne la femme d’un chirurgien. À noter que dans ces deux long-métrages, la comédienne a pour partenaire de jeu Colin Farrell qui, lui aussi, double ses chances d’être distingué.
Chez les Anglo-Saxons toujours, Joaquin Phoenix – un habitué de la Croisette -, essaie de se distinguer en ancien militaire aux prises avec un réseau de prostitution dans “You Were Never Really Here” de Lynne Ramsay, tandis que Robert Pattinson tente d’amadouer le jury avec son rôle de braqueur new-yorkais qui entreprend de faire évader son frère, dans “Good Time” de Ben et Joshua Safdie.
Côté étoiles françaises, Louis Garrel saura-t-il convaincre la cinéphilie mondiale avec son interprétation très mimétique de Jean-Luc Godard dans “Le Redoutable” de Michel Hazanavicius ? Moins intello et plus sexy (quoique…), Jérémie Renier et Marine Vacth joueront quant à eux un couple aux jeux troubles dans “L’Amant double”, un “thriller érotique” signé François Ozon.
• Les déjà primés
On connaît le “club fermé” des lauréats de deux Palmes d’Or, moins celui des récipiendaires de deux prix d’interprétation. Isabelle Huppert en fait partie. Parviendra-t-elle à faire la passe de trois avec sa prestation dans le déjà mentionné film de Michael Haneke ?
Un peu moins ambitieux, Vincent Lindon tâche de son côté de remporter un deuxième prix d’interprétation après celui de 2015. L’acteur a revêtu pour Jacques Doillon la blouse (et la barbe) du célèbre sculpteur Auguste Rodin. Soit le genre de rôle “habité” qui peut séduire les jurés.
Après son sacre de 2014, l’Américaine Julianne Moore est elle aussi sur les rangs pour l’obtention d’un deuxième titre cannois. Elle concoure cette fois-ci sous la direction de son compatriote Todd Haynes pour qui elle joue la mère d’un enfant sourd dans le drame “Wonderstruck”.
• Les inconnus
Le jury de Pedro Almodovar réitérera-il l’effet produit par son prédécesseur, qui avait honoré deux comédiens inconnus de la scène internationale (les susnommés Jaklyn Jose et Shahab Hosseini) ?
Sur le papier, plusieurs rôles sont en tous cas susceptibles d’attirer l’attention des Grands Sages. Vasilina Makovtseva peut-être devient-elle la révélation du Festival. Dans “Une femme douce” de l’Ukrainien Sergei Loznitsa, l’inconnue interprète une jeune épouse bataillant avec l’administration pénitentiaire pour obtenir le droit de rendre visite à son prisonnier de mari. Du pain bénit pour Cannes.
Idem pour Tabas Szabo Kimmel. Absent des radars de l’Internet, le jeune acteur hongrois pourrait se faire remarquer grâce à “Jupiter’s Moon” dans lequel il joue un migrant qui se découvre le pouvoir de léviter… Quant à l’Argentin Nahuel Pérez Biscayart, à la renommée encore très confidentielle, il tiendra le premier rôle de “12 battements par minute”, une chronique des années sida réalisée par Robin Campillo.

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