La « Sixtine de la Préhistoire »

15-01-2017 01:27 PM


Le 12 septembre 1940, dans une colline proche du village de Montignac, au coeur du Périgord noir, le jeune apprenti mécanicien Marcel Ravidat (18 ans) élargit avec son couteau un orifice qu’il a découvert quatre jours plus tôt avec son chien Robot. Il soupçonne à juste titre que l’orifice recèle des surprises.
Accompagné de trois garçons qu’il a rencontrés sur le chemin, Georges Agnel, Simon Coencas et Jacques Marsal, il se glisse dans la cavité et, avec sa lampe de poche, entrevoit de mystérieuses peintures sur les parois. Il fait part de la découverte à l’ancien instituteur du village, l’érudit Léon Laval, lequel en informe l’abbé Henri Breuil (63 ans), éminent spécialiste de la Préhistoire. Celui-ci se rend sur le site, appelé Lascaux, cependant que déjà les curieux s’y pressent déjà en foule.
Au terme de patients relevés, à la lueur d’une bougie, l’abbé identifie des peintures rupestres vieilles de 18 000 ans d’une qualité exceptionnelle, d’où le surnom qu’il donne à la grotte : la « Sixtine de la Préhistoire », en référence au chef-d’oeuvre de Michel-Ange. Le site est classé monument historique dès le 27 décembre suivant…
Depuis sa découverte, la grotte de Lascaux a pris place parmi les plus anciens et plus admirables chefs-d’œuvre de l’humanité. Immédiatement classée Monument historique et inscrite en 1978 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO avec l’ensemble de la vallée de la Vézère, la « Sixtine de la préhistoire » (Henri Breuil) a été très vite débordée par son succès.
L’aménagement de l’entrée de la grotte, après la guerre, a permis aux visites de se multiplier (jusqu’à 1 800 personnes par jour !) mais avec un excès de gaz carbonique dangereux pour les peintures : « maladie blanche » (formation de calcite sur les peintures) et « maladie verte » (apparition de microorganismes).
En conséquence, en 1963, le ministre des Affaires culturelles André Malraux a fermé le site au public… Cette précaution n’a pas suffi cependant à sauver la grotte. L’installation en 1999-2000 d’une trop puissante machine de conditionnement d’air a détruit son équilibre climatique et biologique. Les traitements qui ont suivi n’ont rien arrangé. Des moisissures, sous forme de taches noires, sont venues dégrader les peintures, au point que l’UNESCO a un moment envisagé de déclarer le site « chef-d’œuvre en péril » ! Il semble aujourd’hui hors de danger.
Pour le public, en compensation, on a lancé la création d’un fac-similé de la grotte à proximité de celle-ci. Le projet, sous l’égide du préhistorien André Leroi-Gourhan, a été confié au peintre Monique Peytral et au sculpteur Pierre Weber, qui avaient déjà réalisé des peintures volumiques. Pour la reconstitution au plus juste de la grotte, ils ont utilisé le relevé de stéréophotogrammétrie réalisé par l’Institut Géographique National.
Lascaux II a pu ainsi être ouvert au public le 18 juillet 1983, avec 200 mètres de galeries sur 17 mètres de haut qui représentent 90% des peintures originelles (la rotonde des taureaux et le diverticule axial).

Mais à son tour, Lascaux II, au bord de la saturation et trop proche de la grotte originelle (risques de dégradations) a cédé la place à un Centre international de l’Art pariétal, avec de nouveaux fac-similés de plus grande ampleur, au pied de la colline de Lascaux et à proximité immédiate du village de Montignac.
Dans ce futur Centre, aussi appelé Lascaux IV (Lascaux III désigne une exposition itinérante), on admire non plus seulement les peintures mais aussi les centaines de gravures plus ou moins distinctes qui décorent les diverticules de la grotte originelle.
D’une beauté saisissante, ces reconstitutions nous offrent une vision tridimensionnelle de l’ensemble pictural, ce qu’aucune photographie ni même la visite de la grotte véritable avec une simple lampe ne pourraient nous apporter.
Seul regret : le minutage strict des parcours, pour cause d’affluence. Il ne permet pas de s’imprégner autant qu’on le voudrait de ces peintures et gravures.
La découverte des œuvres en fac-similé s’intègre dans un parcours de visite beaucoup plus fourni qu’à Lascaux II, avec outils interactif et multimédia comme notre époque en raffole.
La visite du site de Lascaux peut être complétée par la visite d’autres sites préhistoriques de la vallée de la Vézère et du département de la Dordogne, éventuellement aussi du musée de la Préhistoire aux Eyzies de Tayac et du parc du Thot (la Préhistoire pour tous les âges).{{

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