Fidel Castro, un “général de Gaulle” pour les Cubains

01-12-2016 02:01 PM


Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine, qui a tenu son île d’une main de fer et défié la superpuissance américaine pendant plus d’un demi-siècle avant de céder le pouvoir à son frère Raul, est mort à l’âge de 90 ans.

Fidel Castro est une figure politique controversée, suscitant autant d’admiration que de critiques. C’est une très grande figure de l’histoire du XXe siècle qui disparaît. Non seulement c’était un rebelle, un révolutionnaire, un stratège qui admirait Napoléon, mais aussi un homme de communication assez exceptionnel, un homme d’État et, par certains aspects, un grand réformateur de Cuba. Il faut rappeler qu’il a réduit un grand nombre d’inégalités sociales dans son pays.
Il avait aussi une réelle vision des rapports internationaux et se posait en précurseur sur de nombreux sujets, comme l’environnement. S’il s’était retiré de toutes ses fonctions officielles depuis quelques années [il a laissé le pouvoir à son frère Raul Castro en 2006], celui qui se définissait comme le soldat des idées continuait de communiquer au monde entier ses réflexions. Il a d’ailleurs discuté écologie avec François Hollande, lors de sa visite à La Havane en mai 2015, pour préparer la COP21.
L’ancien président cubain est resté en fonction pendant près de 50 ans (1959-2008). Il se considérait comme étant le seul à pouvoir tenir tête au plus important empire politique, économique et militaire de tous les temps [les États-Unis].
Concrètement, sa disparition n’implique pas de changement à court terme dans le rapprochement cubano-américain. Il faut savoir qu’il voulait que la réconciliation avec les États-Unis intervienne de son vivant. Avant de quitter la scène, Fidel Castro a pu assister voici deux ans à l’annonce historique du rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis. Sa disparition tourne donc définitivement la page de la Guerre froide, qui avait mené le monde au bord du conflit nucléaire lors de la crise des missiles d’octobre 1962. Au delà du bilan du castrisme, les Cubains sont attachés à la personnalité de Fidel. Ils sont fidélistes avant d’être communistes. Ils sont attachés à sa personne comme les Français le sont au général de Gaulle, l’homme de la Résistance et de la libération nationale. Le lien des Cubains pour Fidel Castro transcende les clivages politiques. Même si depuis quelques années, la jeunesse aspirait à des changements, elle ne se tournait pas contre sa personnalité.
Parcours
Né à Colonia Biran (Cuba) le 13/6/1926; mort à La Havane (Cuba) le 25/11/2016. En 1945, Fidel Castro intègre l’université de La Havane, dont il sort diplômé en droit. C’est durant ses années d’études qu’il s’initie à la lutte armée contre les dictatures d’Amérique du Sud. Il part notamment combattre en Colombie et participe à la tentative de soulèvement en République dominicaine.

Suite au coup d’Etat du général Fulgencio Batista en 1952, Fidel Castro fait entendre son opposition et se retrouve emprisonné. Amnistié, il est libéré deux ans plus tard et choisit l’exil, accompagné par son frère cadet Raul. En décembre 1956, il débarque clandestinement sur l’île avec pour projet de renverser la dictature militaire soutenue par les Etats-Unis. Après deux ans de guérilla acharnée, Fidel Castro parvient à provoquer la fuite de Batista et s’installe au pouvoir en janvier 1959. C’est alors qu’il se rapproche du Parti communiste cubain, et il ne tarde pas à proclamer que son gouvernement prend modèle sur le socialisme révolutionnaire. Des exécutions sommaires sont diligentées contre les “traîtres” par Ernesto Guevara, complice de Castro à cette époque.

Durant les années 1960, les Etats-Unis instaurent un embargo contre Cuba et un bras de fer oppose les deux nations, dont la tension culmine avec le débarquement manqué de la baie des Cochons et la crise des missiles de Cuba. Fidel Castro procède à la nationalisation de toutes les grandes entreprises et interdit le libre commerce. La pauvreté et la pénurie s’installent tandis que l’émigration vers les Etats-Unis explose. L’aide de l’URSS est alors précieuse pour éviter la famine généralisée.

La santé du “Leader Maximo” se dégrade très fortement et le conduit à démissionner de son poste de chef de l’Etat qui revient à son frère Raul en février 2008. Dans les premières années de sa “retraite”, il intervient régulièrement dans le paysage politique, mais ses interventions se raréfient. Fidel Castro apparaît ensuite vieillissant et affaibli.
En raison d’un cancer du colon, Fidel est contraint, le 31 juillet 2006, de céder “à titre provisoire” le pouvoir à son frère Raul, vice-président du Conseil d’État. Après de longs mois de rumeurs et de démentis, il quitte ses fonctions définitivement en février 2008 et désigne Raul comme héritier. Le pragmatique, spécialiste de l’économie, succède à l’idéologue. Soucieux de rester présent dans le débat politique, Fidel continue de publier des écrits et reçoit régulièrement des chefs d’État. Ses apparitions en public étaient devenues de plus en plus rares.
Neuf jours de deuil national
Fidel Castro a été incinéré samedi 26 novembre et ses cendres enterrées ce dimanche 4 décembre à Santiago de Cuba. Les cendres du « Comandante » reposent au cimetière de Santa Ifigenia.
Pendant les journées des 28 et 29 novembre, les cendres étaient exposées au mémorial Jose Marti, sur la place de la Révolution de La Havane, une esplanade où Fidel Castro a prononcé de nombreux discours. « La population de la capitale pouvait rendre un hommage mérité » au Lider Maximo.
Ensuite, ce fut le départ pour un périple d’un millier de kilomètres vers la deuxième ville du pays. Le cortège, suivi par la population, a parcouru en sens contraire le trajet de la « Caravane de la liberté », à bord de laquelle Fidel Castro avait relié Santiago à La Havane, où il était entré le 8 janvier 1959. Une fois à Santiago, une nouvelle « cérémonie de masse » a été organisée hier sur la place Antonio Maceo. Les funérailles auxquelles devraient assister de nombreuses personnalités du monde entier, étaient organisées ce dimanche.

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