Réouverture du Musée de Kom Ouchim

26-11-2016 10:31 PM


 
 
Le ministre des Antiquités, Khaled El-Anani a inauguré le 10 novembre le Musée de Kom Ouchim dans le gouvernorat de Fayoum après sa restauration, dans le cadre du plan du ministère visant à rénover tous les musées afin de contribuer à l’augmentation des zones archéologiques ouvertes. El-Anani a déclaré que l’inauguration de ce musée a pour finalité de stimuler le tourisme mondial en Egypte et d’accroître le mouvement touristique dans les divers gouvernorats.
Le musée de Kom Ouchim (Karanis) est situé à 30 km au nord de la ville d’El-Fayoum. Il donne au visiteur un aperçu de la vie quotidienne gréco-romaine. Le petit musée abrite quelques-uns des objets trouvés dans les ruines de l’ancienne Karanis. Y sont exposés des bijoux, des poteries, des têtes de femmes (d’Alexandrie) et des vases en verre fin parmi d’autres objets appartenant à différentes époques. Une grande partie des momies découvertes dans la riche zone archéologique de Karanis avaient le portrait du défunt peint sur elles. Kom Ouchim est fière de son petit musée. Y sont exposées de superbes verreries et poteries ainsi que des têtes de femmes ayant été utilisées pour créer des coiffures. 
Outre 23 pièces provenant du Musée égyptien de Tahrir, les 320 pièces exposées proviennent toutes des entrepôts de Kom Ouchim. A l’entrée du musée, une grande statue représentant la déesse Sekhmet, constituée d’un corps de femme et d’une tête de lionne couronnée d’un disque solaire, accueille les visiteurs. Sekhmet : déesse-lionne dont le nom signifie “la Puissante”, compagne de Ptah, elle incarne la redoutable puissance du soleil et c’est l’une des manifestations de la déesse dangereuse liée au monde du désert. Dans la vaste galerie du rez-de-chaussée, plusieurs vitrines présentent statues, outils anciens, bustes divers et images montrant les visages des habitants de la région auparavant.
Au deuxième étage, d’autres statues, stèles, sarcophages, canopes ou objets rituels attendent les visiteurs.
Dans ce musée, on peut également voir deux des célèbres “Portraits du Fayoum”.  Vers la fin de l’époque gréco-romaine, ces portraits personnels furent peints sur du bois ou du lin afin de recouvrir le visage des momies. Représentant parfois la personne dans la fleur de l’âge, ces portraits sont toujours sérieux et ont de très grands yeux noirs fixes. 
Ayant fortement influencé l’art copte en Egypte, ces portraits forment un lien entre l’art des anciens Egyptiens et les portraits réalisés au cours du Moyen Âge. Ils sont des plus anciens portraits peints qui subsistent, ayant été peints par des Grecs établis en Egypte, alors sous domination romaine. Ils ont été découverts par Pietro della Valle, un voyageur italien du dix-septième siècle lorsque à Saqqarah, un jeune homme lui présenta deux momies ornées de ces portraits qui deviendront célèbres. En 1888, W. M. Flinders Petrie, archéologue anglais, découvre à Arsinoe, ville du Fayoum, un cimetière romain et de nombreux portraits peints. De 1896 à 1911, le Français Albert Jean Gayet exhume à son tour de nombreux portraits peints du site d’Antinopolis dont un double portrait de deux frères figurera à l’Exposition Universelle de 1900. En France, Le Louvre possède une vingtaine de ces portraits. Le musée des Beaux-arts de Dijon en expose cinq autres. Ces effigies sont des portraits authentiques de membres des classes de la bourgeoisie urbaine, originaires de Grèce, de Rome et tous les pays méditerranéens: marchands, militaires, enseignants, prêtres, athlètes, jeunes femmes et enfants. La confection de ces portraits s’étale entre le 1er siècle après Jésus-Christ et la fin du IVème siècle de notre ère.
Le type de ces portraits du Fayoum sera emprunté par les Chrétiens d’Egypte, si l’on en juge par la toile peinte d’Antinoé qui est exposée au Musée du Louvre représentant une femme qui tient à hauteur de la poitrine une croix ansée. Toutefois il faut rappeler que cette croix ansée n’a jamais été adoptée dans la symbolique chrétienne en Egypte.
Les premiers artistes coptes qui peignirent des icônes se seraient inspirés des portraits du Fayoum avec le visage toujours de face. Dans l’art copte même les cavaliers ont le visage de face comme dans les représentations du voyage de la Sainte Famille en Egypte. Parfois le corps est de profil, mais le visage sera de face.
Comme dans les portraits du Fayoum cette représentation du visage de face symbolise le regard fixé vers la béatitude divine et c’est une invitation aux croyants de faire de même.
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