L’Egypte et l’Arabie saoudite alliés et poids-lourds du Moyen-Orient  

16-10-2016 01:48 PM

Karim Felli


Les relations entre l’Egypte et l’Arabie saoudite sont fortes et ne peuvent pas être exprimées publiquement non seulement parce que l’Egypte reçoit une aide de l’Arabie saoudite, mais plutôt parce qu’ils sont deux pays importants dans la région. La récente suspension de Saudi Aramco des livraisons de pétrole vers l’Egypte ne signifie pas que l’accord entre ARAMCO et l’Egyptian General Petroleum Corporation (EGPC) a été annulé, selon les informations du Centre de Support de la décision du Cabinet égyptien. 

L’Egypte a affirmé qu'elle a obtenu les importations de carburant pour compenser un manque causé par la décision abrupte de l'Arabie saoudite de stopper les envois précédemment convenus, évitant ainsi une pénurie de carburant potentiellement politiquement coûteuse.
Le porte-parole du ministère du Pétrole Hamdi Abdelaziz a été cité par les journaux égyptiens mercredi, disant que plusieurs livraisons de carburant en provenance d'autres fournisseurs sont arrivées en Égypte après des appels d'offres «urgentes».
Les désaccords s’accroissent entre l’Égypte et l’Arabie saoudite, alliés et poids-lourds du Moyen-Orient qui n’hésitent plus à les afficher publiquement sur plusieurs dossiers régionaux comme la Syrie et le Yémen. Les deux pays, étant alliés stratégiques, ne vont pas permettre d’éroder leurs relations solides.  Objets du désaccord, les dossiers syrien et yéménite. L‘Égypte et l’Arabie saoudite ont des points de vue bien divergents sur les issues de sortie des crises qui secouent ces pays.
Le gouvernement égyptien a nié l’existence de mobiles politiques derrière l’arrêt des importations de pétrole en provenance de l’Arabie saoudite. « C’est une affaire commerciale et non politique », a assuré Hamdi Abdelaziz, porte-parole du ministère du Pétrole égyptien, cité par des organes de presse. Pendant ce temps, l’Egypte avait invité des sociétés mondiales à soumettre des offres lui permettant de combler ses besoins en pétrole raffiné pour le mois d’octobre. Le Caire espère ainsi compenser environ 700.000 tonnes de pétrole qu’il s’apprêtait à importer de l’Arabie saoudite. L’Egypte pourra compter sur le Koweït afin de fournir les besoins pétroliers au prix bas.
Sur le cas syrien, l’Arabie saoudite est pour un départ du président Bachar Al-Assad, condition sine qua none selon Ryad pour une résolution de la crise. Pour Le Caire cependant, il faut tabler sur un dialogue politique incluant le président syrien. D’ailleurs, l‘Égypte n’a pas hésité à soutenir une résolution russe qui opposait son véto à un véto préalablement présenté par la France et soutenu par l’Arabie saoudite. Pour l’Arabie saoudite, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase alors qu’il entretient avec l‘Égypte des relations privilégiées. L’ambassadeur saoudien à l’ONU Abdallah al-Mouallimi a même déclaré à Al-Jazeera qu’il était “pénible que les Sénégalais et les Malaisiens aient des positions plus proches du consensus arabe, que celle du représentant arabe (au Conseil de sécurité, l’Egypte)”. En ce qui concerne le Yémen, bien que l‘Égypte participe officiellement à la coalition militaire lancée par l’Arabie saoudite et soutenue par l’Iran pour lutter contre les Houthis, il se dit dans les coulisses que l‘Égypte hésite à s’engager activement. Pourtant, Le Caire avait promis à son allié de mettre des troupes à disposition pour une intervention au sol si nécessaire.
Au Yémen, l’armée égyptienne participe officiellement depuis 2015 à la coalition lancée par l’Arabie saoudite pour lutter contre les Houthis, et s’est même engagée à mettre des troupes à disposition pour une intervention au sol si nécessaire. Mais les commentateurs estiment qu’en coulisse, l’Égypte est réticente à s’engager activement. L’Égypte évite de s’impliquer, en raison de son expérience difficile dans les années soixante, en référence à l’intervention militaire au Yémen ordonnée par Gamal Abdel Nasser considérée comme un « Vietnam égyptien ». «L’Arabie saoudite a une position tranchée en ce qui concerne le départ de Bachar al-Assad, et y voit la solution à la crise. Tandis que l’Egypte est pour une solution politique, qui inclut Assad», confirme Al-Sayyed Amin Chalabi, directeur du conseil égyptien pour les affaires étrangères, un cercle de réflexion indépendant.
Dans ce contexte, l’Egypte a lancé des appels d’offre pour son approvisionnement en pétrole après la suspension par le géant pétrolier saoudien Aramco de la livraison de 700.000 tonnes de produits pétroliers, ont indiqué mardi les autorités. Les autorités égyptiennes doivent rapidement trouver une alternative après la décision surprise d’Aramco alors que Riyad était l’un des l’un des principaux soutiens du président Abdel Fattah Al-Sissi. Elles ont lancé “des appels d’offre sur les marchés internationaux pour importer la quantité nécessaire pour octobre. Nous avons ouvert une ligne de crédit à la banque centrale et nous allons bientôt avoir un accord”, a indiqué un porte-parole du ministère du Pétrole, Hamdi Abdelaziz.
L’Arabie saoudite avait passé un accord en avril avec l’Egypte pour la fourniture, sur cinq ans, de 700.000 tonnes de produits pétroliers par mois, pour une valeur de plus de 20 milliards de dollars. “La compagnie saoudienne Aramco a informé verbalement la General Petroleum Corporation au début de ce mois qu’elle ne livrerait pas de pétrole en octobre “, a dit Abdelaziz.
La décision d’Aramco est intervenue avant le vote de l’Egypte, a souligné Abdel Aziz. “C’est un problème commercial, et non politique. C’est normal pour certaines livraisons d’avoir du retard”, a-t-il assuré en précisant que l’accord avec les Saoudiens était toujours valide.
 
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