Les attentats de Bruxelles et la revendication de l’EI

24-03-2016 02:02 PM

Karim Felli


 
Les attentats de Bruxelles ont bien été commandités par Daesh. L’Etat islamique a revendiqué les actes terroristes en fin de journée mardi dans un communiqué. La responsabilité de Daesh dans ces attentats était fortement pressentie quelques jours après l’arrestation de Salah Abdeslam. Trois hommes sont fortement soupçonnés dans ces attaques.
Les enquêteurs ont établi qu’au moins quatre hommes étaient directement impliqués, dont trois sont morts et l’un est en fuite. Trois ont été identifiés.
Il s’agit des frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, connus des services de police pour grand banditisme mais non pour des faits de terrorisme, et de Najim Laachraoui, artificier présumé des attentats de Paris en novembre 2015.  Ibrahim El Bakraoui, un Belge né le 9 octobre 1986, est mort à l’aéroport de Zaventem dans le déclenchement d’une bombe placée dans une valise qu’il transportait. Il a été identifié grâce à ses empreintes. C’est l’homme au centre de la photo prise à partir des images des caméras de surveillance de l’aéroport.
Bien connus de la justice belge, ils avaient été condamnés pour braquage et vols avec violence. Les noms d’Ibrahim et de Khalid El Bakraoui étaient déjà sortis la semaine dernière dans la presse belge après la perquisition de l’appartement de Forest où les empreintes de Salah Abdeslam avaient été retrouvées. La planque avait été louée par l’un des deux frères.  
10  français ont été blessés  dans les attentats, dont 4 grièvement, a déclaré mercredi Manuel Valls. Le Premier ministre se trouvait dans la capitale belge pour une réunion prévue de longue date avec la Commission européenne. Le programme de la visite a été logiquement modifié. La Belgique a observé depuis mercredi un deuil national de trois jours. L’alerte antiterroriste a été relevée dans toute la Belgique au niveau 4, son niveau maximal. La sécurité autour des institutions européennes à Bruxelles et Strasbourg, ainsi qu’autour des centrales nucléaires belges, a été renforcée.
L’Europe et le monde solidaire
Les dirigeants des 28 pays de l’UE ont dénoncé une attaque contre leur société ouverte et démocratique. “C’est toute l’Europe qui est frappée”, a déclaré le président français François Hollande, tandis que le président américain Barack Obama appelait le monde à “s’unir” face au terrorisme. La Tour Eiffel, le World Trade Center et la porte de Brandebourg se sont mises aux couleurs belges dès mardi soir. Et l’image de Tintin en pleurs est devenue le symbole de la peine des Belges sur les réseaux sociaux. Une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur et de la Justice des pays de l’UE a été convoquée jeudi à Bruxelles, pour apporter une réponse européenne après les attentats qui ont frappé Bruxelles.
La présidence de la République arabe d’Egypte a vertement condamné les explosions survenues mardi dernier  dans la capitale belge à l’aéroport de Bruxelles et dans une station de métro.
Dans un communiqué publié à cet égard, la présidence a rejeté les actes visant à paniquer la population et a réitéré sa solidarité totale avec le royaume belge face à ces actes qui exigent une fois de plus la conjugaison des efforts pour éradiquer le terrorisme.
Le Grand Mufti d’Égypte, considéré comme la principale source d’autorité religieuse en Égypte, a fermement condamné ces attentats terroristes et exprimé sa solidarité envers les familles et amis des victimes, soit une trentaine de morts et quelque 230 blessés à ce stade. Shawki Ibrahim Abdel-Karim Allam participait à un débat en commission des Affaires étrangères du Parlement européen. “Le terrorisme ne connaît pas de frontière et représente un fléau pour nous tous. Nous devons travailler ensemble pour éradiquer le terrorisme. Les dialogues comme celui-ci sont un pas dans la bonne direction”, a-t-il déclaré. Le président de cette commission parlementaire, l’Allemande Elmar Brok (PPE) a pour sa part appuyé que ces attentats ne devaient pas mettre un terme au dialogue et à la coopération entre l’Égypte et l’Occident, rappelant que la majorité des victimes du terrorisme sont musulmanes.
Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite basée en Egypte, appelle à une action mondiale contre «les corrompus»«Si la communauté internationale ne s’unit pas pour faire face à cette épidémie, les corrompus ne cesseront jamais de perpétrer leurs crimes abjects contre les innocents». 

L’Europe doit réagir, estime la presse française

Les photos des blessés et rescapés des attaques qui ont visé la capitale belge mardi matin s’étalent à la Une de tous les journaux français.

La presse française était très émue au lendemain des attentats meurtriers qui ont fait une trentaine de morts et plus de 200 blessés à Bruxelles. Visée au “cœur”, l’Europe se doit de réagir dans un “sursaut” d’unité, commentent les médias. “Bruxelles frappée par le terrorisme”, a titré Le Monde, pour qui “la Belgique est entrée, mardi 22 mars, dans un scénario de cauchemar”. “L’Europe frappée au cœur”, s’est indigné Le Figaro, “L’Europe attaquée” pour Les Échos.
C’était “l’horreur au cœur de Bruxelles” (Libération), “la guerre en Europe” (Le Parisien). Le souvenir des attaques du 13 novembre 2015 est ravivé. “Voici Bruxelles et Paris devenues sœurs de sang”, a résumé Raymond Couraud de L’Alsace.
Solidaire, Libération accueille l’éditorial du quotidien La Libre Belgique sobrement intitulé “Faire face”. Réagir était aussi le maître mot des éditorialistes français. “Aujourd’hui, nous sommes tous bruxellois”, a insisté Jean-Marc Vittori dans Les Échos, dénonçant “un coup de boutoir contre l’Union”. “Face à un ennemi qui s’impose à elle, l’Europe doit exister en tant que force de frappe et de protection”, a martelé Philippe Gélie du Figaro.
“Cette Europe va-t-elle se laisser faire, renier ce qui la tient ensemble ? C’est l’heure du sursaut”, a écrit Laurent Joffrin dansLibération. Réagir, certes, mais en restant “fidèle à sa tradition humaniste”, a insisté Guillaume Goubert de La Croix. “Victime de la violence aveugle, elle s’infligerait une violence à elle-même si elle s’abandonnait à la tentation de la vengeance et du bouc émissaire”, a expliqué l’éditorialiste du quotidien catholique.
Le même souci de mesure transparaissait dans les colonnes de L’Humanité, où Patrick Apel-Muller prévenait que “la menace va durer” et que “la réduire et l’éliminer ne se jouera pas dans des réactions de circonstance ou dans des pulsions de vengeance”. “Les barbares à l’origine de ces carnages veulent importer sur notre sol une guerre qu’ils redoutent de perdre au sein de leur prétendu califat”, a analysé Stéphane Albouy dans Le Parisien.
“Demain, il faudra bien que notre vieux continent réponde à ce défi de la terreur”, a fait valoir Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi. “Il ne pourra agir ni dans la division, ni dans le repli des nations, ni par des champs de barbelés – mais par la coopération policière et judiciaire, par notre capacité effective à nous défendre ensemble.” “Ce terrorisme aveugle est aussi une opportunité pour la construction européenne. Une épreuve qui nous force à rester unis et solidaires face aux dangers”, a conclu Jean-Michel Servant du Midi libre.
 
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