L’ Ours d’or pour “Fuocoammare”, un documentaire sur les réfugiés

25-02-2016 02:19 PM

Rafik Baracat


L’Ours d’or du meilleur film du festival de cinéma de Berlin a été attribué samedi 20 au documentaire italien “Fuocoammare” de Gianfranco Rosi, sur le drame des migrants à Lampedusa.
Sans voix off ni commentaire, “Fuocoammare” raconte en parallèle le quotidien d’habitants de Lampedusa et celle de ces milliers de migrants qui y arrivent en bateau dans des conditions catastrophiques, dont beaucoup perdent la vie.
“J’espère que ce film va pouvoir contribuer à faire comprendre qu’il n’est pas normal que des gens meurent en venant chez nous”, a déclaré Gianfranco Rosi après avoir reçu son prix.
Pour “Fuocoammare” (“Fire at sea”), Gianfranco Rosi a passé plusieurs mois sur l’île italienne de Lampedusa, petit morceau de terre de 20 km2 situé entre Malte et la Tunisie , cette île de la Méditerranée, apprenant son histoire, sa culture et la manière dont vivent ses 6000 habitants. Ce documentaire se focalise sur la vie du jeune Samuel, 12 ans, un garçon né à Lampedusa.
 
Il raconte le quotidien des milliers de migrants y arrivant par bateau dans des conditions catastrophiques, dont beaucoup perdent la vie. “Je crois que ce film est le témoignage d’une tragédie qui se déroule sous nos yeux”, a déclaré le réalisateur lors d’une conférence de presse, où il a été accueilli par de longs applaudissements. “Je pense que nous sommes tous responsables de cette tragédie, peut-être la plus grande que nous ayons vue en Europe depuis l’Holocauste”, a-t-il ajouté. “Nous sommes complices si nous ne faisons rien”.
 
Cinéaste bourlingueur formé aux Etats-Unis, Gianfranco Rosi a raconté s’être “immergé” dans la vie locale. Il a accompagné les garde-côtes secourant des bateaux en détresse, après avoir reçu des appels à l’aide par radio. Portant masques et combinaisons blanches, ils évacuent un à un les réfugiés de bateaux bondés dont ils extirpent également des cadavres. Il donne à voir l’arrivée de ces migrants, accueillis dans des centres où ils sont médicalement pris en charge.
“J’ai vu tellement de choses horribles, épouvantables”, a témoigné le docteur Bartolo lors de la conférence de presse. “J’ai vu tellement d’enfants morts, de femmes enceintes mortes, de femmes qui ont été violées”, a-t-il ajouté. “J’en fais des cauchemars très souvent”. “Parler de ces choses me fait mal à chaque fois  , mais j’accepte parce que j’ai l’espoir qu’à travers ces témoignages, on pourra sensibiliser des personnes” à ce qui est “devenu un problème dramatique, de portée universelle”, a-t-il encore dit.
“Fuocoammare” fait partie de la douzaine de films qui portent sur les réfugiés et étaient projetés dans les différentes sections du festival. Alors que les pays de l’Union européenne sont confrontés à la plus grave crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale, la Berlinale portait cette année une attention particulière à ce sujet. L’intérêt du festival pour cette question va au-delà du seul grand écran et différentes initiatives étaient organisées: collectes de dons, invitations aux projections -avec des centaines de billets qui leur étaient réservés-, ou stages avec l’équipe du festival.
Gianfranco Rosi avait déjà reçu le Lion d’or à Venise en 2013 pour le documentaire “Sacro GRA” consacré aux personnes vivant près du périphérique romain.
La Berlinale est un festival de cinéma traditionnellement très immergé dans l’actualité politique et la défense des droits de l’Homme. L’an dernier, l’Ours d’or était revenu à “Taxi Téhéran” du cinéaste dissident iranien Jafar Panahi, tourné clandestinement en Iran.
 
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