La vision égyptienne de la lutte antiterrorisme globale se concrétise

19-11-2015 01:13 PM

Karim Felli


 
 
 
L’Egypte a déclaré mardi dernier qu’elle allait travailler avec la Russie pour combattre le terrorisme après que Moscou a conclu qu’une bombe avait abattu un avion de ligne russe sur la péninsule du Sinaï en Egypte.
“L’Egypte confirme sa pleine coopération avec la partie russe pour mettre fin au terrorisme et accroître la coopération et la participation internationale sur cette question,” a déclaré le gouvernement dans un communiqué mettant l’accent sur l’avion russe.
L’Egypte a indiqué qu’elle prendrait en compte la conclusion de la Russie qu’une bombe a fait tomber l’avion de passagers sur la péninsule du Sinaï le mois dernier, mais son enquête n’avait jusqu’ici trouvé aucune preuve de l’action pénale.
Ces observations ont été faites lors d’une conférence de presse conjointe tenue par le Premier ministre et plusieurs ministres à Charm al-Cheikh, la station balnéaire de la mer Rouge à partir de laquelle l’avion a décollé.
L’Egypte a annoncé avoir renforcé les mesures de sécurité dans tous les aéroports du pays, après le crash d’un avion russe dans le Sinaï le 31 octobre.
Le ministre de l’Aviation civile égyptien, Hossam Kamal, a cependant affirmé lors de la conférence de presse télévisée que la commission en charge de l’enquête “n’était pas parvenue, jusqu’à présent, à des résultats qui permettent de déterminer les causes du crash”.
Le ministère de l’Intérieur a lui aussi dit “prendre en considération toutes les causes possibles derrière le crash de l’avion, y compris celle d’une attaque terroriste”, et décidé par conséquent de “renforcer les mesures de sécurité dans tous les aéroports”.
“Le contrôle des passagers et des bagages” sera révisé et “les procédures de fouille des passagers et des employés à leur entrée dans l’aéroport seront renforcées”, a-t-il dit dans un communiqué.
Les avions seront soumis à des “fouilles de sécurité” et les autorités contrôleront “les autorisations de sécurité des membres de l’équipage” à bord des avions, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué séparé, le ministère de l’Intérieur égyptien a nié mardi l’arrestation de tout employé de l’aéroport de Charm el-Cheikh, après le crash, et le ministre de l’Intérieur Magdy Abdel Ghaffar a affirmé dans une conférence de presse que si n’importe quel manquement à la sécurité était à blâmer pour l’accident, les négligents seraient punis. Toutefois, aucune preuve d’un manquement à la sécurité n’avait jusqu’à présent été découvert, a-t-il dit. Les autorités égyptiennes avaient augmenté la sécurité dans tous les aéroports et fouillé tous les bagages et les passagers, a-t-il ajouté.
Le président Abdel Fattah al-Sissi et son homologue russe Vladimir Poutine ont discuté de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré la présidence égyptienne  dans un communiqué publié mercredi.
 
Les deux dirigeants ont convenu dans un appel téléphonique sur la nécessité d’une plus grande coopération en matière de sécurité internationale, selon le communiqué.
Si les faits s’avèrent, en deux semaines, Daech vient de frapper deux fois, deux cibles bien différentes : un quartier chiite de la capitale libanaise Beyrouth frappé par deux attentats suicides jeudi 12 et les terrasses de café, une salle de spectacles dans un quartier animé de Paris et les abords du Stade de France vendredi 13 novembre.

Deux attentats aux bilans lourds qui indiquent que l’organisation terroriste basée en Syrie et en Irak ouvre une nouvelle page dans sa stratégie de terreur. Le groupe Etat islamique, aussi nommé Daech, étend son champ de frappe et s’attaque à des cibles extérieures aux territoires qu’il contrôle. 
Selon Fawaz Gerges, professeur de relations internationales à la London School of Economics, avec ces crimes de masse qui rappellent Al-Qaeda dans les années 2000, on assiste là à un «un virage tactique». A cet égard, le spécialiste détaille : «Daech doit se venger de ses ennemis pour préserver sa réputation de base d’invincibilité et continuer à attirer les jeunes sunnites qui forment sa base.» 
Ainsi, depuis juin 2014 des milliers d’hommes du Hezbollah chiite libanais combattent Daech en Syrie. Jeudi 12 novembre, l’organisation terroriste attaque l’un des bastions du mouvement libanais. Deux hommes se font exploser dans un quartier populaire du sud de Beyrouth : au moins 41 morts. De son côté, depuis août 2014, la France participe aux opérations de la coalition en Irak. Début octobre, après plusieurs vols de reconnaissance, elle bombarde des positions de terroristes en Syrie. Vendredi 13 novembre, huit terroristes kamikazes frappent le cœur de Paris et les abords du Stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) faisant au moins 129 morts.
Dans une nouvelle vidéo diffusée lundi mais pas encore authentifiée, Daech annonce de nouvelles attaques contre des pays participants aux frappes aériennes en Syrie, précisant même avoir placé la capitale américaine parmi ses cibles. «Nous disons aux Etats qui participent à la campagne des croisés que, par Dieu, vous aurez un jour, Dieu le veuille, comme la France et par Dieu, comme nous avons frappé la France chez elle à Paris, alors nous jurons que nous frapperons l’Amérique en son centre à Washington.»  
Pour David Thompson, journaliste expert du jihadisme, Daech a adopté un «jihad global». Ces attaques coordonnées montrent, selon le New York Times, que «des planificateurs au centre du groupe Etat islamique doivent être impliqués». D’ailleurs, le directeur de la CIA John Brennan estimait que d’autres attaques semblables à celles de Paris sont en préparation. «Je ne considère certainement pas» ces attaques comme «un événement isolé», a-t-il soutenu. Le quotidien espagnol El Pais estime que «la seconde étape» dans la poursuite du développement de l’organisation terroriste sera «la création d’une branche destinée aux opérations extérieures». 
Néanmoins, selon les spécialistes, Daech ne perd pas de vue son objectif principal. «Son objectif stratégique demeure la construction d’un califat», explique Fawaz Gerges. «Le fait que Daech recoure de plus en plus à des attaques à l’étranger ne signifie pas qu’il renonce à bâtir son califat», confirme Hassan Hassan, l’analyste au think tank Chatam House.
François Hollande doit rencontrer le chef d’Etat russe à Moscou la semaine prochaine, ainsi que Barack Obama à Washington, pour parvenir à une coalition unique contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
Par ailleurs, le chef de l’Etat français s’est exprimé lundi dernier devant le Congrès à Versailles et y a exposé sa riposte après les attaques terroristes qui ont endeuillé la France.

Le chef de l’Etat a ainsi annoncé que le Parlement devait être saisi “dès mercredi” d’un projet de loi “prolongeant l’état d’urgence pour trois mois”, en “adaptant son contenu à l’évolution des technologies et des menaces”.
D’autre part, la France va “intensifier ses opérations en Syrie” et poursuivre “ces frappes au cours des semaines à venir”
La France a demandé une réunion du conseil de sécurité de l’ONU “dans les meilleurs délais pour adopter une résolution marquant cette volonté commune de lutter contre le terrorisme”
Hollande veut une grande coalition avec la Russie contre l’EI
Il a en outre exprimé son désir de réviser la Constitution pour “agir contre le terrorisme de guerre”
Hollande a annoncé la création de 5.000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie
Il a enfin décidé de rendre la déchéance de nationalité possible pour les binationaux.

 

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