Hillary, la reine du premier débat des démocrates

15-10-2015 03:34 PM

Karim Felli


 
Lancée sur la route de la présidentielle en 2016, Hillary Clinton s’inscrit comme la grande favorite du parti démocrate. Hillary Clinton a affiché mardi à Las Vegas calme et assurance face aux piques de ses rivaux sur ses volte-face, assumant pleinement son rôle de grande favorite lors du premier débat de la primaire démocrate. Habituée de ces rendez-vous, elle a participé à plus d’une vingtaine de débats en 2008 lors de sa première tentative pour la Maison Blanche,  l’ex-secrétaire d’Etat, qui a su parfois faire rire, s’est présentée comme la meilleure chance de son camp face aux républicains lors de la présidentielle de 2016. “Elle ne s’est pas laissée démonter, personne n’a réussi à la désarçonner”, a résumé Timothy Hagle, professeur de sciences politiques à l’université de l’Iowa.  Selon le dernier sondage CBS, Hillary Clinton recueille 46% des intentions de vote chez les démocrates.
Malgré quelques échanges un peu vifs, le duel entre les deux prétendants est resté policé. Bernie Sanders s’est positionné comme le défenseur des ménages modestes et des classes moyennes, renvoyant Hillary Clinton à son image de candidate de l’establishment, tandis qu’elle s’est attachée à se présenter comme crédible et réaliste. “Je suis progressiste, a-t-elle affirmée. Mais je suis une progressiste qui aime que les choses avancent. Mon parcours le montre, je veux des résultats.” Tandis que Bernie Sanders émettait des doutes sur les bienfaits du capitalisme (“je ne sais pas si je crois à un système qui donne tout aux riches”), Hillary Clinton en a profité pour se faire l’avocate des PME, et des petits commerçants. Elle a raillé sa fascination pour le modèle danois : “ J’adore le Danemark, mais ici, ce sont les Etats-Unis!” Quant aux classes moyennes, elle estime pouvoir, elle aussi, les représenter. “Ni mon mari ni moi ne venons de familles fortunées, je veux que tout le monde dans ce pays ait accès à ce que nous avons eu”, a-t-elle insisté
A 391 jours de l’élection présidentielle, les conservateurs savent que leur adversaire le plus redoutable reste Hillary Clinton, et la machine républicaine est quasi-entièrement tournée contre elle.
Hillary Clinton, qui espère offrir aux démocrates un troisième mandat consécutif à la Maison Blanche, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, a souligné qu’elle n’entendait pas pour autant faire un “troisième mandat Obama”. “Etre la première femme présidente serait un sacré changement!”, a-t-elle lancé, soulignant qu’elle entendait s’appuyer sur le bilan de Barack Obama tout en allant au-delà.
L’ancien président Bill Clinton (1993-2001) a regardé à la télévision son épouse présenter son projet et expliquer qu’elle ne demandait à personne de voter pour elle “en raison de son nom de famille”. Barack Obama avait, lui aussi, prévu de regarder le débat démocrate, mais pas dans son intégralité. “Il y a un bon match de baseball ce soir, je ne serais pas surpris qu’il fasse un peu de zapping”, avait prévenu son porte-parole, Josh Earnest.
Sa description idyllique de la social-démocratie scandinave, dont il se revendique, lui a valu une réplique immédiate de Mme Clinton : “ Nous ne sommes pas au Danemark, j’adore le Danemark, mais nous sommes aux États-Unis. “ Face aux hésitations du sénateur sur le Moyen-Orient, la réplique de la favorite n’a pas tardé : “La diplomatie n’est pas la recherche de la solution parfaite, c’est trouver un équilibre entre différents risques”. Mme Clinton a aussi mis en difficulté le sénateur en rappelant certains de ses votes passés contre un plus grand contrôle des armes à feu.
La favorite démocrate s’était préparée aux questions portant sur son usage d’une adresse électronique personnelle lors de son passage au département d’Etat. Cette controverse, qui sera au cœur de son audition par une commission du Congrès le 20 octobre, l’a fragilisée auprès de l’opinion publique américaine, même si elle dénonce une instrumentalisation par le Parti républicain. M. Sanders aurait pu en profiter pour la mettre en difficulté, mais il s’y est volontairement refusé, laissant au contraire échapper son exaspération vis-à-vis d’un sujet qui détourne selon lui l’attention des vrais maux de la société américaine, comme l’intéressée venait de l’affirmer. “ Le peuple américain en a ras le bol de vos fichus emails “, a tonné le sénateur, s’attirant aussitôt les remerciements et une poignée de mains de Mme Clinton qui n’en espérait sans doute pas tant.

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