L’Europe se déchire encore sur les réfugiés

17-09-2015 03:40 PM

Karim Felli


 
 
Contrôle temporaire des frontières, 530 millions d’euros pour l’accueil des réfugiés, 900 postes supplémentaires dans les forces de l’ordre… Que faut-il retenir du discours prononcé mercredi par le Premier ministre français Manuels Valls à l’Assemblée nationale, avant le débat sur l’accueil des réfugiés affluant en Europe ?
“Nous avons déjà rétabli ce printemps des contrôles temporaires à cette frontière. Et nous n’hésiterons pas à le faire de nouveau comme les règles de Schengen le permettent à chaque fois que les circonstances l’imposent, si c’est nécessaire dans les prochains jours ou prochaines semaines”, a déclaré le chef du gouvernement, alors que la droite a cherché à orienter le débat sur l’espace Schengen et la libre circulation des personnes au sein de l’UE.
 
L’échec du sommet européen
Après l’échec du sommet européen lundi soir sur la question de l’accueil des réfugiés, Berlin tape du poing sur la table et exhorte les 28 à trouver un accord. “Le temps presse”, lance Angela Merkel. Pendant ce temps, la Hongrie renforce son mur de barbelés. L’Europe des égoïsmes nationaux – dont on ne sait pas vraiment si elle reflète la crispation des gouvernants ou le sentiment des peuples – l’a encore emporté lundi soir sur la question dramatique des réfugiés.
 
120 000 migrants
Les 28 Etats membres de l’UE, réunis en urgence à Bruxelles, ont été incapables de trouver un accord sur la répartition contraignante de 120 000 migrants.
La Croatie est le nouveau point de passage en Europe pour les réfugiés après la fermeture des frontières de la Hongrie mardi. Arrivés par les champs de Serbie mercredi, ils viennent pour la plupart de Syrie et d’Afghanistan avec des enfants. “On veut juste passer, rien d’autre. Il y a la guerre dans nos pays, on nous tue, on nous bombarde. On ne peut pas rester là-bas”, témoigne un réfugié. Après plus d’une heure d’échauffourées, des dizaines de migrants ont réussi à arracher le grillage et à pénétrer en territoire hongrois depuis la Serbie.
Le gouvernement serbe a officiellement protesté mercredi contre l’usage par la Hongrie de “gaz lacrymogènes sur son territoire” contre des migrants et a annoncé l’envoi de renforts policiers à leur frontière commune.”J’ai décidé d’envoyer des renforts policiers ” au point de passage frontalier de Horgos pour éviter de nouvelles échauffourées entre migrants et la police hongroise, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Nebojsa Stefanovic dans un communiqué.
 
Eviter de nouvelles échauffourées
Des dizaines de migrants ont réussi, à l’issue de plus d’une heure d’échauffourées mercredi en début de soirée, à déborder les forces antiémeutes hongroises et à pénétrer en territoire hongrois depuis la Serbie, au passage frontalier de Röszke. Les migrants ont réussi à arracher le grillage mis en travers des deux voies d’accès vers la Hongrie, puis ont avancé, prêts à en découdre avec les forces antiémeutes hongroise qui ont reculé d’une cinquantaine de mètres et ripostait par des jets de grenades lacrymogènes. Les migrants ne cherchent apparemment pas à en profiter pour s’évanouir dans la nature en Hongrie mais semblent juste vouloir régler leurs comptes avec les forces de l’ordre hongroises. “Yalla” (Allons-y !), lançaient de jeunes migrants lançant des morceaux d’asphalte vers les policiers, avant de s’avancer en territoire hongrois puis de reculer les yeux rougis par les gaz.
“Vingt policiers ont été blessés dans des échauffourées avec les migrants”, a déclaré Gyorgy Bakondi, conseiller en chef du Premier ministre Viktor Orban, sans plus de détails. Trois véhicules militaires armés sont arrivés à la frontière avec la Serbie. Les véhicules de type Humvee stationnaient à environ 100-200 mètres de la frontière, près du point de passage de Röszke.
 
L’engagement de l’Allemagne
“J’ai décidé d’envoyer des renforts policiers” pour éviter de nouvelles échauffourées entre migrants et la police hongroise, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Nebojsa Stefanovic dans un communiqué.
L’engagement de l’Allemagne dans la crise des réfugiés doit être un exemple pour les autres pays, a déclaré le coach catalan du Bayern Munich Pep Guardiola, à Athènes, à la veille du match contre l’Olympiakos en Ligue des champions. “Ce n’est pas une situation facile, il n’y a pas de solution simple, mais l’Allemagne avec la chancelière Angela Merkel a fait le premier pas. J’espère que les autres pays peuvent suivre cet exemple”, relève l’entraîneur emblématique, un homme engagé dans sa vie, qui fait honneur au football. Samedi, les joueurs du Bayern sont déjà entrés sur la pelouse en compagnie d’enfants allemands et de jeunes réfugiés, une part de l’engagement bavarois incluant un don d’un million d’euros pour des projets destinés aux migrants. Face à l’accueil chaleureux exprimé envers les réfugiés dans les stades de Bundesliga, Guardiola s’est déclaré “très fier du peuple allemand et très fier de vivre en Allemagne”. Le slogan “Refugees Welcome” a été, en effet, aperçu dans la majorité des tribunes de Bundesliga, de Dortmund à Munich en passant par Schalke et Hambourg. 36 équipes de première et deuxième division arboreront le logo “Refugees welcome”, lors de la prochaine journée de championnat en fin de semaine. Et en France ?
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