Vers une nouvelle loi antiterroriste

09-07-2015 12:53 PM

Karim Felli


 

 

Le président Abdel Fattah al-Sissi a assuré samedi 4 juillet que la situation était “stable” dans le Sinaï, où il a effectué une visite surprise trois jours après des attentats meurtriers dans ce bastion du groupe Etat islamique (EI).

“Dire que tout est sous contrôle ne suffirait pas. La situation est totalement stable”, a affirmé M. Sissi dans une allocution dans le nord du Sinaï retransmise à la télévision.

En uniforme militaire, l’ancien chef de l’armée s’est exprimé devant une assemblée de soldats pour, a-t-il expliqué, “saluer les héros des forces armées et leur exprimer ma reconnaissance”.

 

L’armée égyptienne a affirmé avoir tué la semaine dernière 241 combattants, dont des djihadistes de l’Etat islamique (EI). Cette annonce fait suite à une série d’attaques sans précédent lancée par des membres de l’EI dans cette même péninsule. Situation sous tension dans le Sinaï. La péninsule est depuis des mois le théâtre d’affrontements entre l’armée égyptienne et des djihadistes, notamment de l’Etat islamique (EI). Affrontements qui ont atteint un pic la semaine dernière.

Par ailleurs, les autorités égyptiennes ont arrêté 13 membres de la confrérie des Frères musulmans soupçonnés d’avoir planifié des attentats aux abords du canal de Suez.  Les combats se poursuivent entre l’armée égyptienne et l’insurrection jihadiste dans la péninsule du Sinaï.

 

Lutte contre le terrorisme

Confronté à des attentats jihadistes meurtriers sans précédent, le pouvoir égyptien veut promulguer une nouvelle loi antiterroriste. Les attentats jihadistes contre les forces de l’ordre se sont multipliés depuis l’éviction de Morsi.

Au lendemain de l’assassinat le 29 juin du procureur général Hicham Barakat dans un attentat spectaculaire, toujours non revendiqué, Al-Sissi avait promis une législation plus dure “pour lutter contre le terrorisme”. Et alors que des combattants du groupe Etat islamique (EI) lançaient 1er juillet une série d’attaques sans précédent contre l’armée dans le nord du Sinaï, faisant des dizaines de morts, le gouvernement, lui, approuvait une nouvelle loi antiterroriste.

 

Projet de loi et journalistes

L’article 33 du projet de loi préconise une peine de deux ans de prison au minimum pour publication “de fausses informations sur des attaques terroristes qui contredisent les communiqués officiels”. Le ministre de la Justice Ahmed Al-Zind a expliqué que cet article était notamment motivé par la couverture médiatique des attaques jihadistes de la semaine dernière dans le Sinaï. Le porte-parole de l’armée Mohamed Samir avait fait état de 21 soldats tués et plus d’une centaine de jihadistes abattus lors des combats, mais les médias avaient publié des bilans bien plus lourds, citant des responsables de la sécurité. “Le gouvernement a le devoir de protéger les citoyens des fausses informations”, a précisé Al-Zind, soulignant qu’il ne fallait pas y voir “une restriction de la liberté de la presse”.

La loi supprime aussi pour les affaires de “terrorisme” une des deux procédures d’appel successives devant la Cour de cassation prévues dans le droit égyptien, pour n’en maintenir qu’une seule. “Nous n’allons pas attendre 5 ou 10 ans pour juger les gens qui nous tuent”, s’était emporté Al-Sissi lors des funérailles du procureur général.

Le projet de loi préconise la peine de mort pour les personnes coupables d’avoir créé, dirigé ou financé une organisation “terroriste”. Une peine de cinq ans de prison est prévue pour quiconque utilise les réseaux sociaux ou internet pour promouvoir le “terrorisme”.

 

Critiques contre le projet

La loi met par ailleurs à l’abri de poursuites judiciaires les policiers qui “auront recours à la force” lors des opérations “antiterroristes” tant que ce recours est “nécessaire”.

“Il suffit de comparer le projet de loi égyptien avec les lois antiterroristes à travers le monde pour constater qu’on est très tendre en comparaison”, affirme cependant un haut responsable du ministère de la Justice de transition. Le Conseil suprême de la justice, chargé de revoir la loi, n’a pas remis en question ces dispositions controversées. Il a toutefois exigé des aménagements sur une mesure créant des tribunaux antiterroristes spéciaux, ainsi que sur une disposition ne rendant pas obligatoire la présence à son procès d’un accusé sous détention.

 

La contre-attaque nécessaire

 

Quelques semaines avant que le gouvernement égyptien ne prévoit une grande ouverture du deuxième canal de Suez dans la célébration du nouveau sentiment d’optimisme du pays, des terroristes ont lancé une série d’actions qui cherchent à nuire aux plans du gouvernement. Plus tôt dans la semaine, le procureur général, Hicham Barakat, a été tué et le surlendemain, Daech (l’État Islamique autoproclamé) a lancé une série d’attaques contre des postes de l’armée.

Il est important que le président Abdel Fattah Al Sissi prenne des mesures fermes contre les terroristes, sans leur permettre de faire dérailler ses plans pour placer l’économie égyptienne sur la bonne voie.

Les Forces armées égyptiennes ont riposté en attaquant des sites de Daech après que le groupe a tué au moins 17 soldats aux postes de contrôle militaires dans le nord du Sinaï, en bordure de la bande de Gaza. La contre-attaque de l’armée a éliminé plus de 200 terroristes, dans l’action qui comprenait des raids par des F-16 et des hélicoptères Apache attaquant les militants dans des positions fortifiées sur les toits autour de postes de police dans les villes comme Cheikh Zouweid et Rafah.

Daech a revendiqué la responsabilité des attaques, qui ont cherché à donner l’impression qu’il peut opérer en Egypte avec grand effet. Voilà pourquoi la rapide contre-attaque de l’armée était importante, qui a également retiré les unités de Daech de leurs positions défensives qu’ils avaient mises en place autour de plusieurs édifices gouvernementaux. Ces attentats visaient à montrer que Daech peut déstabiliser et épuiser les forces égyptiennes.

Les Egyptiens ne vont pas tarder à réagir et arrêter les suspects de Daech s’ils peuvent les trouver, ainsi que des Frères musulmans ou d’autres collègues politiques qui peuvent avoir de la sympathie pour ces groupes illégaux et leurs objectifs. Cette action forte a contribué à stabiliser l’Egypte et donné au pays un nouveau sens de l’orientation après le chaos du règne Mohamed Morsi. Il est important de nourrir ce sentiment de confiance, qui permet aux entreprises de réinvestir pour que des emplois soient créés et que les familles puissent planifier leur avenir.

La patrie égyptienne ne pourra se réformer qu’à travers la révolution intensive dans l’essence de l’éducation, en corrigeant les concepts d’ignorance et d’obscurantisme primitif, et en sachant que le sens propre de la crédibilité de la religiosité est l’ouverture aux autres, et l’acceptation des différences, la cohabitation effective, la tolérance, l’amour et le respect de renouvellement dans les divers domaines de la vie. Il y a un long parcours pour réaliser cet espoir consistant à travailler ensemble pour l’avenir.

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