Al-Sissi attendu en Allemagne en juin prochain

21-05-2015 02:20 PM

karim Felli


 
 
La chancelière Angela Merkel recevra comme prévu le président Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré mercredi son porte-parole, alors que le président du Bundestag y a renoncé, évoquant les violations des droits de l’Homme dans le pays. Norbert Lammert, président du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, a déclaré mardi avoir écrit à l’ambassadeur d’Egypte à Berlin pour annuler le rendez-vous initialement prévu avec al-Sissi. La visite doit avoir lieu les 3 et 4 juin.
Cependant, l’ambassadeur d’Egypte en Allemagne Mohamed Hégazy a dit que son pays n’a pas demandé une réunion entre Sissi et Lamert, selon une déclaration du ministère des Affaires étrangères égyptien mardi. Hégazy a ajouté que la réunion a été prévue par le côté allemand comme partie de la visite de Sissi en Allemagne.
En septembre, Merkel avait invité al-Sissi à visiter l’Allemagne et “cette invitation perdure, cela va de soi”, a déclaré à cet égard le porte-parole de la chancelière allemande, Steffen Seibert, mercredi, lors d’une conférence de presse gouvernementale régulière. “L’Egypte est un acteur incroyablement important pour l’ensemble du monde arabe”, a-t-il ajouté, tout en insistant sur ses efforts pour maintenir la paix et la stabilité au Moyen Orient. “Il est donc justifié de maintenir le dialogue, en dépit de toutes les différences d’opinion et en dépit de notre rejet clair des condamnations à mort”, a-t-il ajouté.
 
L’Egypte défend ses  tribunaux
 
L’Egypte refuse que des jugements énoncés par ses tribunaux fassent l’objet d’évaluations et d’analyses de la part de parties étrangères, d’autant plus que l’intégrité a toujours été le trait caractéristique de la justice en Egypte tout au long de son histoire, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères. “Les commentaires faites par des parties étrangères sur le verdict de la Cour d’Assises de demander l’avis légal du mufti de la République au sujet du procès de “la grande évasion” et d’espionnage vont à l’encontre de la réalité et leurs remarques sur la magistrature égyptienne et son indépendance sont inadmissibles”, a t-il dit.
“Le pouvoir exécutif en Egypte tient à ne pas porter atteinte à la crédibilité du pouvoir judiciaire afin d’asseoir fermement le principe démocratique fondamental de séparations des pouvoirs”, a indiqué le porte-parole.
Selon le communiqué diffusé en ce sens, “ces commentaires ignorent les garanties accordées aux accusés par la Constitution et par la loi dont le droit à un procès équitable et impartial à travers les différents degrés de juridiction y compris le droit de faire appel au jugement de la peine capitale à deux reprises devant la Cour de cassation”. “L’indépendance de la magistrature dans tout Etat ne doit jamais devenir l’objet de doute et de suspicion en raison des systèmes judiciaires multiples et pour des considérations historiques, culturelles et humanitaires”, a ajouté le porte parole.
“Cela suppose de respecter la particularité de cette diversité qui enrichit la civilisation humaine au lieu de tenter d’imposer une tutelle ou des préjugés qui ne font qu’aggraver la situation en lançant des débats vains et inutiles”, a t-il précisé.
Il a affirmé que les opinions étrangères n’avaient aucun impact sur les jugements de la magistrature qui ne tient compte que des dispositions de la loi et de la Constitution et dont l’application de la justice est son seul et unique souci. En plus, tout ce qui précède s’applique aussi bien aux pays qui ont mis la démocratie et les droits de l’Homme sous leur tutelle, qu’aux autres dont les politiques sont caractérisées par l’oppression et la violation des droits des minorités à savoir les Arabes et les Kurdes”, a conclu le communiqué.
La justice égyptienne rendra sa décision finale le 2 juin.
 Il y a moins d’un mois, Morsi avait déjà été condamné à vingt ans de prison dans un premier procès pour des violences contre des manifestants durant sa courte présidence.
Il est important de noter que le tribunal qui le jugeait au Caire devait prononcer les verdicts dans deux procès: le premier concernant Morsi et 128 co-accusés, dont des membres des Frères musulmans, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, pour des évasions massives de prison suivies de violences pendant la révolte populaire de 2011 ayant chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir; le second pour espionnage, de 2005 à 2013, notamment au profit du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. Dans ce second procès, Morsi, qui comparaissait souriant dans une cage insonorisée, a échappé à la peine capitale, dont ont écopé 16 accusés. Dans le procès pour évasion, le prédicateur islamiste qatari Youssef al-Qaradaoui figure parmi les condamnés à mort mais il était jugé par contumace.
 
La magistrature sur le front
 
Suite au verdict, des assaillants ont arrêté le véhicule de magistrats avant de faire feu. Quatre personnes sont mortes…
Deux juges et un procureur égyptiens ont été tués par balles samedi dans le nord du Sinaï, en Egypte, théâtre d’attentats djihadistes visant habituellement les forces de sécurité, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé. Les faits sont survenus dans la ville d’Al-Ariche.
Dans ce contexte, le chef du Club des juges d’Egypte, Ahmed El-Zend, a été nommé ministre de la Justice, a déclaré la présidence dans un communiqué.
El-Zend prêté son serment constitutionnel devant le président Abdel Fattah El-Sissi mercredi matin.
La semaine dernière, le ministre de la justice Mahfouz Saber avait démissionné de son poste pour des commentaires qui ont été largement considérés comme classistes.
Le ministre de la Justice transitionnelle Ibrahim El-Heneidy avait pris en charge le ministère jusqu’à la nomination d’un nouveau ministre.
El-Zend a été un acteur clé dans un conflit en 2013 entre le judiciaire et les partis islamistes suite à des changements proposés à la loi sur les pouvoirs judiciaire. Les modifications, qui ne sont pas passées, auraient vu l’âge de la retraite des juges réduits de 70 à 60, forçant ainsi un quart des 13 000 juges de l’Egypte à la retraite anticipée.
Ce ne fut pas la première bataille d’El-Zend avec les islamistes. En décembre 2012, il a annoncé que les juges égyptiens ne seraient pas sur place pour superviser un référendum constitutionnel pour une charte rédigée par un parlement dominé par les islamistes sous le règne de Mohamed Morsi.
En janvier 2014, une bombe a été trouvée à l’extérieur de la maison d’El-Zend.
Le Club des juges est un organe officieux puissant qui représente plus de 90 pour cent des juges de l’Egypte.

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