Netanyahu forme une coalition extrémiste

07-05-2015 03:17 PM

Karim Felli


 

Le Premier ministre avait jusqu’à mercredi soir à minuit pour former son nouveau gouvernement. Il a finalement trouvé un accord avec le parti du Foyer juif pour former une coalition de gouvernement mercredi. Les intenses négociations menées depuis le 17 mars, date de la victoire de son parti, le Likoud, aux élections législatives, ont fini par aboutir en faveur du parti d’extrême droite. La coalition sera tout juste majoritaire, puisqu’elle regroupe 61 des 120 membres de la Knesset.

                                                

Sans cet accord de dernière minute, Netanyahu aurait essuyé l’affront de voir le président Reuven Rivlin confier à un autre – probablement le leader travailliste Isaac Herzog arrivé second des élections législatives – la charge d’essayer à son tour de former un gouvernement.

Le chef du Foyer juif Naftali Bennett a confirmé sur Twitter la conclusion d’un accord entre son parti et le Likoud de Netanyahu. “Les négociations sont terminées, la campagne est finie, maintenant nous nous mettons au travail”, a dit Bennett.

Malgré plus de quarante jours de marchandages et de surenchères, il a fallu à Netanyahu et ses collaborateurs négocier jusqu’aux derniers instants avec le Foyer juif pour arracher au forceps une coalition de droite qui fait une place de choix aux nationalistes religieux et aux ultra-orthodoxes. Après avoir informé le président Reuven Rivlin, Netanyahu doit désormais présenter son gouvernement à la Knesset pour recueillir sa confiance dans les prochains jours.

 

Un “général sans soldats”

 

Le Likoud de Netanyahu ne s’attendait pas à ce qu’avec la défection de Lieberman, Bennett se retrouve dans le rôle inattendu de faiseur de roi. Les commentaires résonnaient mercredi de cris de “trahison” (contre Lieberman), d'”ultimatum” ou d'”extorsion” (contre Bennett). Ils s’étendaient volontiers sur le ressentiment que Netanyahu a semé autour de lui, les humiliations éprouvées par beaucoup et leur soif de vengeance. Après avoir fait la sourde oreille aux appels des envoyés de Netanyahu, Bennett a exigé le portefeuille de la Justice pour Ayelet Shaked, numéro trois sur sa liste, en plus des concessions déjà accordés au Foyer juif: ministère de l’Education pour Bennett et de l’Agriculture, ainsi que poste de ministre adjoint de la Défense. Les émissaires de Netanyahu auraient “explosé de rire” il y a deux jours devant une telle demande, selon Maariv. Mais Netanyahu semblait proche mercredi d’avaler une telle couleuvre, rapportaient les commentateurs. “Que va-t-il rester de tout cela au bout du compte? Netanyahu a de bonnes chances d’informer le président ce soir qu’il a un gouvernement. Un gouvernement qu’il ne souhaiterait pas à ses ennemis”, résumait Maariv.

Mais la majorité parlementaire qu’il s’est assurée au prix de concessions considérables est tellement ténue qu’elle est soumise au caprice, à la défection voire à l’absence du premier parlementaire venu. Netanyahu est un “général sans soldats”, a écrit le quotidien Maariv. Le quadrige constitué par le Likoud de Netanyahu, le Foyer juif, les partis ultra-orthodoxes Judaïsme unifié de la Torah et Shass et le parti de centre-droit Koulanou menace d’être incontrôlable. S’il durait, de grandes réformes promises comme celles du logement ou de la banque paraissent bien compromises. Certains commentateurs ne lui donnent même pas jusqu’à la fin de l’année. Ils spéculent déjà autour de l’idée, dans l’air depuis un moment, d’un gouvernement d’union nationale entre le Likoud et la gauche.

Le quatrième gouvernement de Netanyahu est confronté à des défis majeurs: les menaces sécuritaires à toutes les frontières d’Israël, la possibilité d’un accord nucléaire international avec l’Iran, le grand ennemi d’Israël, la restauration des liens détériorés avec les Etats-Unis, l’offensive diplomatique et judiciaire des Palestiniens, le coût de la vie et les inégalités sociales. Le grand allié américain a clairement signifié combien il observait avec attention la formation du gouvernement israélien. Au moment d’affronter ces défis, “Netanyahu se retrouve avec une situation ingérable. La première chose qu’il va faire demain, c’est prendre son téléphone et commencer à travailler à une coalition avec le Parti travailliste”, dit le politologue Emmanuel Navon.

 

La réussite ou l’échec

Ce ne sont pas forcément les partis ultra-orthodoxes qui risquent le plus de rendre la vie impossible à Netanyahu, pour autant que le gouvernement satisfasse les attentes religieuses et sociales de leurs électeurs. Au contraire, Netanyahu “fera tout pour se débarrasser de Naftali Bennett”, le chef du Foyer juif, dit Navon. La réussite ou l’échec de Netanyahu a été soumis jusqu’au bout au bon vouloir de Bennett qui a continué mercredi à faire monter les enchères en réclamant l’important ministère de la Justice, en plus des portefeuilles déjà obtenus (Education, Agriculture) en échange du soutien de ses huit députés. Bennett s’est retrouvé propulsé dans le rôle de faiseur de rois après le coup d’éclat lundi d’une autre personnalité politique. Le ministre sortant des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a fait voler en éclats le projet d’une coalition à 67 sièges en annonçant que les huit députés de son parti, Israel Beiteinou, ne participeraient pas au gouvernement Netanyahu. Les commentateurs s’accordaient pour prédire que Netanyahu et Bennett, malgré des relations notoirement détestables, finiraient par s’entendre.

 

 

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