Sanctions internationales contre les Houthis au Yémen

16-04-2015 04:39 PM

Karim Felli


 

L’Arabie saoudite et l’Egypte, les deux piliers de la coalition contre les rebelles chiites au Yémen, ont annoncé mercredi leur intention d’organiser de grandes manœuvres militaires sur le sol saoudien, trois semaines après le début des frappes au Yémen.

La coalition a été confortée par l’adoption mardi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sommant les rebelles Houthis de se retirer des régions qu’ils ont conquises depuis septembre 2014, y compris la capitale Sanaa. Curieusement, les Houthis n’avaient pas formellement réagi mercredi à cette décision, leur chaîne de télévision se contentant d’afficher à l’écran qu’il s’agissait d’un “crime contre le Yémen”. Cette chaîne a appelé à des défilés à Sanaa pour dénoncer la résolution, mais peu de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de l’ONU

Accentuer la pression sur les milices chiites houthis en imposant un embargo sur les armes et montrer la détermination du Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas abandonner le Yémen à sa crise politique nationale, tels étaient le but de la résolution onusienne présentée par la Jordanie et coparrainée par la France, les Etats-Unis et les Britanniques. C’est la première fois que le Conseil adopte une résolution depuis le début de l’intervention militaire menée par l’Arabie saoudite et une dizaine de pays au Yémen depuis le 26 mars dernier. Et si ce vote n’approuve pas officiellement les raids aériens menés sans l’accord du Conseil de sécurité, l’ambassadeur anglais Mark Lyall Grant n’a pas hésité à apporter publiquement le soutien du Royaume-Uni à cette opération militaire, reconnaissant tout de même ”que seul un dialogue politique inclusif” pouvait permettre au Yémen de sortir du chaos.

L’ambassadeur saoudien Abdallah Al-Mouallimi n’en demandait pas tant et s’est immédiatement félicité devant la presse de ce vote qu’il interprète comme ”un soutien sans équivoque à l’opération entreprise par les pays du Conseil de coopération du Golfe, à ses objectifs, son ampleur et ses méthodes”. La résolution a fait l’objet d’intenses tractations diplomatiques depuis une semaine. Les Russes, principaux alliés de l’Iran, eux-mêmes accusés d’aider la rébellion des Houthis, demandaient que l’embargo sur les armes soit imposé à l’ensemble des parties yéménites ainsi que la cessation des hostilités et des bombardements aériens, dont le chef de la diplomatie russe conteste la légalité.

 

Future force arabe permanente

En plein conflit au Yémen, frontalier de l’Arabie saoudite, Ryad et Le Caire vont former une commission pour tenir de “grandes” manœuvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Y participera une force arabe comprenant des troupes égyptiennes, saoudiennes et des Etats du Golfe. Aucune indication n’a été donnée sur le calendrier, l’ampleur ou les modalités de ces exercices.

Selon le président Abdel Fattah Al-Sissi, “la sécurité dans le Golfe arabe constitue une ligne rouge pour l’Egypte et est partie intégrante de sa propre sécurité nationale, en particulier en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandeb”, qui sépare l’Afrique de la péninsule arabique. L’Egypte a été à l’avant-garde de l’annonce, le 29 mars par la Ligue arabe, de la création d’une future force arabe permanente, dont l’objectif principal sera de combattre les groupes jihadistes, notamment en Libye.

A Lisbonne, le ministre iranien des Affaires étrangères a assuré que le “carnage” devait cesser au Yémen afin d’empêcher “Al-Qaïda de profiter de cette situation épouvantable”. Mohammad Javad Zarif a indiqué que son pays “était prêt à utiliser son influence”, et “pas uniquement auprès des Houthis et des chiites”, pour “amener tout le monde à la table des négociations”.

 

Le ton monte contre l’Iran

Suspecté d’ingérence auprès de la rébellion chiite houthie au Yémen, le ministre des Affaires étrangères saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal, a exhorté Téhéran à faire le nécessaire pour ”ne pas aider les activités criminelles des Houthis contre le régime légitime du Yémen”, les appelant notamment à ”arrêter la livraison d’armes.” Trois jours plus tôt, le chef de la diplomatie américaine avait lui aussi pointé un doigt accusateur en direction de l’Iran, offrant aux puissances sunnites une justification à leur intervention militaire au Yémen lancée le 26 mars pour mettre fin à ”l’ingérence” iranienne. ”L’Iran doit savoir que les Etats-Unis ne resteront pas les bras croisés alors que la région est déstabilisée et que certains lancent une guerre ouverte à travers les frontières internationales des autres pays”, a déclaré John Kerry.

L’Iran n’a cessé de dénoncer les ”accusations sans fondement” des monarchies sunnites, les renvoyant à leurs propres ”interférences”. Dans un discours télévisé, le Guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé jeudi ”l’agression saoudienne au Yémen”, l’accusant de ”génocide” contre un ”peuple innocent.” Le président iranien Hassan Rohani a renchéri en critiquant l’Arabie saoudite, qui répéterait au Yémen les ”erreurs” commises au Liban, en Syrie, en Irak en attisant les rivalités entre chiites et sunnites. ”Réfléchissons à ramener les Yéménites à la table des négociations pour qu’ils décident de leur avenir”, a-t-il plaidé, alors que le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, propose de faciliter des négociations de paix visant à former un gouvernement inclusif.

 

 

 

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