Nouvel élan historique dans les relations égypto-russes

12-02-2015 05:27 PM

Karim Felli


Pour sa première visite cairote depuis dix ans, le président russe a été reçu comme un tsar par son homologue le président Abdel Fatah Al-Sissi. Outre les milliards de contrats en jeu, cette visite permet aussi à Poutine d’avancer ses pions sur l’échiquier diplomatique. Le président russe était en visite au Caire pour tenter de rallier son homologue Al-Sissi à sa cause notamment dans le dossier ukrainien alors que les relations américano-égyptiennes se sont nettement refroidies. Le chef du Kremlin a été reçu en grande pompe par son hôte. Au menu donc, l’Ukraine, mais aussi une coopération accrue pour lutter contre le terrorisme international, les conflits en Syrie, Irak, Libye et la crise israélo-palestinienne sans oublier l‘économie et le commerce. Pour cette première visite d‘État de Vladimir Poutine en Egypte depuis 10 ans, les deux dirigeants ont assisté à un récital à l’opéra et à la projection d’un documentaire historique et culturel sur les relations entre Le Caire et Moscou sur les dernières décennies.
Première centrale nucléaire
Le Caire et Moscou ont signé un accord préliminaire pour construire la première centrale électrique nucléaire en Egypte, lors de la visite du président russe Vladimir Poutine, reçu en grande pompe par son homologue Al-Sissi. Les deux pays “ont signé un protocole d’entente pour la construction d’une centrale nucléaire pour la production d’électricité dans la région de Dabaa”, dans le nord de l’Egypte, a déclaré al-Sissi à l’issue de ses entretiens avec  Poutine.
L’Egypte et la Russie vont également renforcer leur coopération dans les domaines de l’énergie, de l’investissement et du tourisme. Les deux pays ont notamment décidé la création d’une zone industrielle russe près du Canal de Suez. “Nous nous sommes mis d’accord sur la poursuite de la coopération militaire entre nos deux pays, surtout à la lumière des circonstances actuelles” a ajouté al-Sissi, dont le pays est le théâtre d’attentats jihadistes visant les forces de sécurité.
 
Livraison d’armements russes
Dès la première visite, les deux hommes avaient discuté de la livraison d’armements russes à l’Egypte. En septembre, des médias russes avaient assuré que l’Egypte et la Russie s’étaient accordées sur une importante vente d’équipement militaire. En revanche, des négociations ont abouti “dans la semaine” sur la vente de 24 avions de chasse français Rafale, soit un contrat de 4 à 5 milliards d’euros, suite à un feu vert du président Sissi.
Washington, principal pourvoyeur de fonds du Caire, a un temps gelé son aide, essentiellement militaire. Mais elle a été restaurée en 2014. “Aussi longtemps que Washington critique l’Egypte, cela laisse la porte ouverte à Poutine pour renforcer son influence au détriment des intérêts américains”, analyse Anna Borshchevskaya, spécialiste de la Russie au Washington Institute For Near East Policy.
 
Accord de libre-échange
Suite à la visite de Vladimir Poutine en Egypte, le Président, Abdel Fatah Al-Sissi, a annoncé la signature d’un accord de libre-échange entre son pays et l’Union Eurasiatique dont fait partie la Russie aux côtés du Kazakhstan et de la Biélorussie. Le développement des relations économiques était au cœur des discussions. Après que Poutine ait déclaré être prêt à développer les échanges avec l’Egypte en devises nationales afin de s’émanciper du dollar, c’était au tour du chef d’Etat égyptien de faire une annonce: “Nous avons convenu de créer une zone de libre-échange entre l’Egypte et l’Union économique eurasiatique”, rapporte l’agence Sputnik.
 
Entreprises et touristes russes
“La visite du Président Poutine permet d’accentuer le renforcement des relations égypto-russes et leur ouvre des horizons plus vastes”, a ajouté le président Al-Sissi. Une cité industrielle russe va aussi être prochainement implantée dans la région du couloir du canal de Suez. Poutine a indiqué que plus de 400 entreprises russes travaillaient en Egypte, pays que trois millions de touristes russes étaient venus visiter en 2014, soit 50 % de plus qu’en 2013.
 
Conflits régionaux et terrorisme
“Nous avons également convenu de poursuivre la coopération militaire entre nos deux pays”, a ajouté le président égyptien. Les deux pays se sont mis d’accord sur la nécessité de trouver des solutions politiques aux conflits en Syrie, en Libye, en Irak et au Yémen ainsi que pour celui israélo-palestinien où deux Etats doivent être mis en place
Lors de leurs échanges à huis clos, les deux chefs d’État ont abordé la question de la “lutte contre le terrorisme international”. Ils ont également évoqué les conflits en Libye voisine, en Syrie et en Irak. “Le président Poutine nous a assuré qu’il renforcerait la coopération militaire entre les deux pays, surtout dans le contexte actuel”, a déclaré le président Al-Sissi lors d’une conférence de presse.
Pour la Russie, isolée et critiquée dans la crise ukrainienne, la visite de Poutine en Égypte est une véritable aubaine: une façon d’avancer ses pions dans les domaines économique et diplomatique. “Poutine continue de tirer profit des ambiguïtés et des contradictions des politiques occidentales à l’égard du Moyen-Orient“, a expliqué Anna Borshchevskaya, spécialiste de la Russie au Washington Institute For Near East Policy.
 
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