L’UA en conclave à Malabo face à la menace djihadiste

28-06-2014 10:55 AM


Les dirigeants africains se sont réunis jeudi à Malabo pour des débats dominés par la progression des groupes djihadistes jusqu##au cœur d##un continent où attaques meurtrières et attentats sont désormais quasi-quotidiens.

Les travaux de ce 23e sommet ordinaire de l’organisation panafricaine se sont tenues en présence notamment du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, du Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, et du nouveau président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui signe le retour de l’Egypte sur la scène continentale, après sa suspension de l’UA dans la foulée de l’éviction de son prédécesseur Mohamed Morsi.
Le grand retour de l’Egypte dans l’UA
L’Egypte revient à l’Union africaine par la grande porte, avec en tête l’ancien chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, fraîchement élu président.
Le pays semble déterminé à retrouver un rôle de premier plan dans les affaires du continent. L’UA n’y semble pas hostile, bien au contraire.
Al-Sissi   s’est exprimé lors de la cérémonie d’ouverture du sommet panafricain. Et il y eut, pendant son discours, quelques moments de vérité.
Le 30 juin 2013, quand Mohamed Morsi est tombé, « ce n’était pas le peuple au côté des forces armées, mais les forces armées aux côtés du peuple », a-t-il lancé. “Ce jour-là, « nous avons évité à l’Egypte la guerre civile et le chaos, a-t-il dit. Certains pays de la région se retrouvent dans cette situation et en paient le prix fort,” en allusion claire à la Libye.
En fin de compte, le nouveau dirigeant de l’Egypte s’est présenté comme un modèle à suivre dans la lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme. Et son discours a fait mouche auprès des Nigérians, confrontés à Boko Haram, et des Kényans, harcelés par les shebabs de Somalie. « Face au terrorisme transfrontalier, nous devons renforcer la coopération sécuritaire entre nos Etats », a d’ailleurs assuré al-Sissi.
Et son homologue nigérien Mahamadou Issoufou d’abonder dans le même sens : « Nous n’arriverons à rien sans l’échange de renseignement, dit-il. Mais heureusement, on fait des progrès. »
Depuis les printemps arabes de 2011, il y a des changements qui rejoignent la volonté populaire, et qu’il est donc difficile de condamner. En outre, Abdel Fattah al-Sissi vient d’être élu à une écrasante majorité. En somme, le peuple égyptien a choisi. L’Egypte est un point lourd du continent, un pays dont l’aide financière et militaire et convoitée.
L’Union africaine (UA), réunie en sommet à Malabo, a appelé à la mobilisation face à la progression des groupes djihadistes jusqu’au cœur du continent où attaques meurtrières et attentats sont désormais quasi quotidiens.
L’Egypte participe à la Minusma
Derrière ce soutien spectaculaire de beaucoup de pays africains au nouveau régime égyptien, il y a aussi un message : non à l’extrémisme religieux. La Libye, la Tunisie, l’Algérie et tous les pays sahéliens sont confrontés au risque djihadiste, sans même parler du Nigeria, avec Boko Haram, et du Kenya, avec les shebabs. Dès mercredi, lors d’une réunion à Malabo, célébrant le dixième anniversaire du Conseil de paix et de sécurité, la présidente de la Commission de l’UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, a énuméré tous les pays confrontés à ce fléau sur le continent.
Au cours de cette réunion, le président tchadien Idriss Déby a aussi eu cette formule : « Le Conseil de paix et de sécurité est l’une des plus belles initiatives de l’UA, il a contribué à atténuer l’ampleur des conflits, mais faute de moyens, il n’a pas réussi à les éradiquer. » Egalement présent, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a renchéri : « Pour nous, les Africains, il est temps de prendre en main notre sécurité. »
Or, sur ce plan, l’Egypte débarrassée des Frères musulmans semble à nouveau prête à tenir son rang dans la lutte. Dix jours à peine après la prestation de serment de l’ex-maréchal au Caire, un contingent de la police militaire égyptienne se préparait déjà à quitter le pays pour rejoindre la mission internationale de soutien au Mali, la Minusma. L’ex-président Mohamed Morsi avait été le seul chef d’Etat africain à avoir condamné l’intervention française au Mali.
Dès son discours d’investiture, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a cherché à détendre l’atmosphère avec l’Ethiopie. Addis-Abeba n’avait pas apprécié les menaces de déclaration de guerre faites par des politiciens en présence de l’ex-président Morsi, lors d’une réunion tenue après le début de la construction, par l’Ethiopie, d’un immense barrage sur le Nil bleu – qui fournit 85% des besoins en eau de l’Egypte.
Cette réunion était censée être secrète, mais elle avait été diffusée en direct sur la télévision égyptienne. Alors, le nouveau raïs a déclaré qu’il était normal que l’Ethiopie pense à son développement, comme il était normal que l’Egypte pense au sien. Une question à régler par le dialogue, en somme. Dans ce contexte, le président Sissi a rencontré jeudi le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn en marge du sommet de l’UA.
Comme à chaque sommet, Malabo était aussi l’occasion de rencontres bilatérales entre chefs d’État parfois en froid pour tenter de régler des litiges, avec d’autres présidents jouant les médiateurs.
Ce pourrait être le cas pour l’interminable conflit des Grands Lacs, marqué encore récemment par des combats entre armées congolaise et rwandaise.
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