L’Egypte face au terrorisme des groupes jihadistes

21-02-2014 03:31 PM

Karim Felli


Le groupe jihadiste du Sinaï Ansar Baït Al-Maqdes a revendiqué un attentat commis contre un car de touristes sud-coréens dans le sud de la péninsule du Sinaï, près de la frontière

israélienne. L’attaque a coûté la vie à deux Sud-Coréens et au chauffeur égyptien du véhicule. Les jihadistes présentent cet attentat comme une nouvelle étape de leur “guerre économique contre le régime des traîtres”.
 
L’attaque de Taba ranime le souvenir des deux vagues de violences qui ont frappé de plein fouet l’industrie touristique égyptienne: celle des années 1990, l’œuvre du groupe islamiste armé Gamaa Islamiya, qui a culminé dans le carnage de Louxor en 1997, fatal à 58 Européens ; et celle du milieu des années 2000, qui avait visé ces hauts lieux du tourisme balnéaire que sont Dahab, Taba et Charm El-Cheikh, perles des tour-opérateurs au Proche-Orient. En février 2009, une Française avait été tuée par l’explosion d’une grenade en bordure du Khan Al-Khalili, le vieux souk du Caire.
Ce groupe actif, lié aux frères musulmans (FM), depuis plusieurs années dans le nord du Sinaï, dont ils tentent de reprendre le contrôle, a revendiqué plusieurs attentats loin de ses bases ces derniers mois. Ansar Baït Al-Maqdes a notamment tenté de tuer le ministre de l’Intérieur au Caire, et était à l’origine de l’explosion d’une voiture piégée devant le siège de la police à Mansoura, en décembre.
La déflagration est survenue alors que le bus, transportant des membres d’une Eglise chrétienne sud-coréenne, s’apprêtait à franchir le poste-frontière de Taba, entre le Sinaï et Israël. Après avoir examiné les images des caméras de surveillance, les enquêteurs pensent qu’un kamikaze est monté dans le bus et s’est fait exploser près de la porte. “Les premiers éléments montrent plusieurs touristes descendant prendre leurs bagages. Un homme s’est approché du bus. Il y a eu une explosion quand il se trouvait sur la troisième marche”, a expliqué Hany Abdel Latif, porte-parole du ministère de l’Intérieur.
L’ambassadeur sud-coréen en Egypte soutenait déjà pour sa part qu’il s’agissait d’un attentat-suicide commis par “un homme d’une vingtaine d’années”. Séoul s’était dit “choqué et furieux” par cette attaque.
 
Les étrangers ne sont désormais plus épargnés par la vague de violences qui touche l’Egypte depuis la chute de Mohamed Morsi au mois de juillet. Outre les quatre victimes, celle-ci a également fait 15 blessés, qui ont été transférés dans un état stable à l’hôpital de Charm El-Cheikh, à la pointe sud du Sinaï.
Ce mouvement assure agir en représailles à la répression tous azimuts menée contre les partisans de Morsi par le pouvoir central, incarné par le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, le ministre de la Défense, à qui les sondages promettent une victoire facile lors de l’élection présidentielle du printemps.
Cette organisation jihadiste, qui s’est structurée et a pris pied dans le Sinaï en 2011, est le seul des groupes jihadistes égyptiens à avoir tenu dans la durée et à mener des actions spectaculaires. Se revendiquant de l’idéologie d’Al-Qaïda, et souvent cité par son numéro un, l’Egyptien Al-Zawahiri, sous le nom de “Lions du Sinaï”, il a attiré à lui des combattants djihadistes bédouins, égyptiens et dans une moindre mesure étrangers, notamment yéménites. Des personnalités jihadistes évadées de prison, comme Ramzi Mowafi, le médecin d’Oussama Ben Laden, ou graciées par le président Morsi ont rejoint son millier de combattants.
Le groupe tente désormais de se développer en communiquant plus largement qu’auprès de ses soutiens traditionnels. Depuis la chute du président islamiste Mohamed Morsi, le groupe fait des appels aux Frères musulmans pour qu’ils rejoignent l’organisation, surfant sur la situation de blocage total dans le pays.
 
 
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