Les FM officiellement déclarés organisation terroriste

29-12-2013 01:20 PM

Karim Felli


Le Premier ministre, Dr. Hazem Al-Beblaoui, a déclaré mercredi soir que les Frères musulmans sont officiellement, “organisation terroriste”

 
 
Le coup de grâce est intervenu au lendemain d’un attentat à la voiture piégée contre la police ayant tué 15 personnes, et blessé plus de 136 personne ont péri dans un attentat contre la police, l’un des plus sanglants en Egypte depuis la destitution de Morsi. Les autorités intérimaires y voyant la main des Frères musulmans accusés d’entraver la transition. Notons que les Frères musulmans veulent revenir au pouvoir à tout prix, même par le sang, la force et la destruction, selon le ministère de l’Intérieur.
Le coup est rude pour les prétendus islamistes. Interdiction de manifester comme ils le faisaient jusqu’ici, quasi-quotidiennement, pour réclamer le retour de Morsi au pouvoir, arrestation de la plupart de ses leaders, la confrérie se prétendant islamiste est maintenant considérée “hors la loi”, par le gouvernement égyptien sous la houlette de l’armée. Le vice-Premier ministre Hossam Eissa a annoncé, le décret ministériel, signalant que la confrérie, vieille de 85 ans, avait été déclarée “organisation terroriste” et que “toutes ses activités étaient désormais interdites”.
De sa part, la confrérie ne désarme pas. L’un de ses dirigeants a rétorqué que les Frères musulmans allaient poursuivre ses revendications. Qualifiant d’invalide la décision du gouvernement de déclarer la confrérie “organisation terroriste”, Ibrahim Mounir, membre du bureau de la Guidance de la confrérie, a assuré depuis l’Angleterre, où il est en exil, que «les manifestations vont continuer, c’est certain”.
Par ailleurs, Le groupe djihadiste Ansar Beit Al-Maqdis “Les Partisans de Jérusalem”, établi dans le Sinaï, qui dit s’inspirer d’Al-Qaïda, a revendiqué mercredi 25 décembre l’attentat-suicide à la voiture piégée qui a fait la veille quinze morts, en majorité des policiers à Mansoura. Dans un communiqué posté sur des forums djihadistes, le groupe écrit : “Vos frères d’Ansar Beit Al-Maqdis, grâce à Dieu, ont pu viser le QG “Quartier Général” de la police de Daqahleya, un des repaires des apostats et des tyrans qui mènent la guerre contre l’islam et les musulmans”. Le texte fait ensuite l’éloge du kamikaze qui a mené l’attaque, l’une des plus meurtrières en Egypte.
 
 
Frapper le terrorisme
 
Dans ce contexte, le Premier ministre a lui-même fait une déclaration dans laquelle il a réaffirmé que “le terrorisme ne parviendra pas à entraver” la transition qui doit se terminer avec la tenue d’élections législatives et présidentielle mi-2014 et que la poursuite des meurtriers se fera selon la loi. Le président par intérim, Adly Mansour, a lui promis de “frapper le terrorisme d’une main de fer”.
Il s’agit de l’une des attaques terroristes les plus violentes. Dans la nuit de lundi à mardi, une voiture chargée de plusieurs dizaines de kilogrammes d’explosifs a sauté devant un commissariat de police de Mansoura, chef-lieu de la province de Daqahelya dans le delta du Nil, et cible de plusieurs attaques depuis juillet. Le bâtiment a été soufflé par la force de l’explosion, qui s’est fait entendre jusqu’à une vingtaine de kilomètres à la ronde. Une partie du quartier touché a été inondée après la rupture de plusieurs canalisations. Au petit matin, les secours s’activaient au milieu des décombres. Un dernier bilan faisait état de 15 morts, dont douze policiers, et d’une centaine de blessés.
 
A noter qu’avant d’annoncer ce décret, des sources de sécurité ont précisé que le général Sami el-Mihi, chef de la sécurité de la province, avait été blessé tandis que deux de ses collaborateurs figuraient parmi les morts. La majorité des victimes sont des policiers, a précisé Omar Al-Chaouatfy, le gouverneur de la province. Des façades ont été soufflées et un blindé de la police a été écrasé par l’explosion. Une dizaine de voitures aux alentours ont été endommagées et un immeuble voisin s’est écroulé. De nombreux résidents, excédés, s’en prenaient vertement aux Frères musulmans (FM). “C’est une organisation terroriste internationale, ils sont responsables de ce qui s’est passé”, ont lancé des analystes et politologues, accusant la confrérie d'”adopter les tactiques d’Al-Qaïda”.
 
Le pire type de terrorisme
 
Hazem Al-Beblaoui a condamné devant les journalistes le “pire type de terrorisme”. Depuis Mansoura, le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim a estimé que l’attentat était “une tentative de terroriser les Egyptiens à cause du référendum”. Mais, a-t-il promis, “il y a un plan pour sécuriser, le scrutin et cela n’aura aucun impact sur le référendum” prévu les 14 et 15 janvier.Des groupes jihadistes, dont certains liés au réseau extrémiste, revendiquent régulièrement des attentats contre la police et l’armée. Depuis début juillet, ces attaques ont tué plus d’une centaine de soldats et de policiers, en majorité dans la péninsule désertique du Nord-Sinaï. Elles se sont multipliées depuis la destitution de Morsi, affirmant répondre à la demande de millions de manifestants qui lui reprochaient de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie. Depuis, les chefs d’accusation se multiplient contre membres et dirigeants des Frères musulmans. Morsi est ainsi jugé pour son évasion de prison lors de la révolte de 2011, la mort de manifestants et des accusations d'”espionnage” pour des organisations étrangères en vue de commettre “des actes terroristes”.
“Les Frères musulmans veulent revenir au pouvoir à tout prix, même par le sang, la force et la destruction. Cette attaque est plus sophistiquée que les précédentes. Cela pourrait être un signe annonciateur de ce qui va suivre la contestation dans le Sinaï est renforcée et s’étend au-delà” de la péninsule, estime Shadi Hamid, directeur de recherche au Brookings Doha Center, un organisme d’études socio-économiques et géopolitiques sur le monde musulman.
 
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