La douceur du mystère de Noël

19-12-2013 02:18 PM

Michael Victor


Les facteurs sont nombreux qui poussent les chrétiens de la région à l’émigration, d’où il apparait de plus en plus nécessaire pour les Églises de vivre une plus grande unité tant au niveau de la foi,

 que dans la parole politique sur la région. Dans ce cadre, les chrétiens essaient de préserver ou de mettre en place des équilibres de nature à favoriser la justice pour tous et la reconnaissance des légitimités différentes à vivre dans la région. Pas moins de 70 patriarches et chefs des communautés chrétiennes de la région, ont étudié les retombées interreligieuses des Printemps arabes et ont eu le courage de demander une modification nécessaire des constitutions des pays arabes, pour que les chrétiens se sentent chez eux citoyens comme tous les autres, avec tous les devoirs et les droits inhérents. 
 
« C’est au cœur des conflits et de la violence qui déchirent le Moyen-Orient, que surgit la douceur du mystère de Noël ». Dès la seconde phrase de son traditionnel Message de Noël, le Patriarche latin de Jérusalem Fouad Tawal a inscrit le diocèse de Jérusalem, qui canoniquement englobe : Israël, la Jordanie, la Palestine et Chypre, dans l’ensemble de la région, évoquant au chapitre de la situation politique la Syrie, l’Irak mais aussi l’Égypte et la Libye.
C’est certainement un des fruits de l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, qui s’est tenue en octobre 2010, à l’initiative du pape émérite Benoît XVI. Les chefs des Églises catholiques ont de plus en plus le souci les uns des autres, comme aussi le souci de vivre, avec les patriarches et évêques des autres confessions chrétiennes, les réalités d’un christianisme d’expression arabe né au Moyen Orient et luttant pour sa conservation.
Évoquant la visite du pape François en mai prochain, le Patriarche s’est plu à rapporter les paroles que le saint Père a eues le 21 novembre dernier exprimant sa « grande préoccupation » appelant « à ne pas se résigner à un Orient sans chrétiens ».
C’est pourquoi dans son message de Noël le patriarche déborde largement le champ spirituel pour insister sur la nécessité de faire la paix et en Syrie, et en Israël et en Palestine, comme il appelle à ne pas prendre de décisions sur Jérusalem qui empêche la négociation toujours en panne sur son statut.
Le Patriarche a noté que cet élargissement de la sollicitude du diocèse vers les pays environnant est effectivement un fruit du Synode mais que cela s’inscrit dans la nature même de la spécificité de Jérusalem : « Jérusalem a une dimension mondiale. Jérusalem n’est pas pour nous seuls et nous ne sommes pas seuls pour Jérusalem. Jérusalem est l’Église-Mère et toutes les autres Églises sont sœurs de Jérusalem. Le fait d’avoir un conseil des Patriarches de tout le Moyen-Orient, dont nous sommes membres, le fait d’avoir une conférence épiscopale des évêques latins de tout le Moyen-Orient fait que nous ne pouvons pas respirer sans les deux poumons de l’Église universelle. Jérusalem a en soi une dimension mondiale, œcuménique et inter religieuse. » la dernière exhortation apostolique du pape François selon laquelle « Si vous voulez construire la paix, il faut remettre la partie à l’intérieur du tout. Notre diocèse doit donc trouver sa réponse dans un cadre beaucoup plus large qui est tout le Moyen Orient, tous les pays arabes et qui est le monde au fond. »
S’agissant de la phrase de son message selon laquelle : « le conflit israélo-palestinien reste capital dans la région et constitue un obstacle majeur à la stabilité du Moyen-Orient. » Le patriarche a précisé   : « Étant donné que le conflit a une dimension religieuse et que Jérusalem est la ville sainte pour les chrétiens, les musulmans et les juifs, étant donné que tant de réfugiés palestiniens se trouvent au Liban, en Jordanie, en Syrie etc. La paix de Jérusalem est une clé pour la paix dans tout le Moyen Orient. »
Le bruit infernal de la guerre
La Syrie en ce Noël ressemble le mieux à une crèche : étable ouverte sans porte, froide, démunie et si pauvre…
“Le bruit infernal de la guerre étouffe le gloria des anges”, confie Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas
L’Enfant Jésus ne manque pas de compagnons en Syrie…
Des milliers d’enfants qui ont perdu leurs maisons vivent sous des tentes aussi pauvres que la Crèche de Bethléem…
L’enfance syrienne abandonnée et marquée par les scènes de violences souhaite même être à la place de Jésus qui a toujours ses parents qui l’entourent et le chérissent…
Ce sentiment d’amertume est bien visible dans les yeux des enfants syriens, leurs larmes et leur silence…
Parce qu’il a trouvé cette étable pour naitre et s’abriter alors que certains de ces malheureux enfants syriens sont nés sous les bombes ou sur la route de l’exode.
Des malheureuses mamans moins chanceuses qui vivent dans l’extrême pauvreté et assument les responsabilités familiales seules sans leurs maris…
La précarité de la crèche de Bethléem apporte une consolation à ces pauvres mamans écrasées par des problèmes insolubles et le désespoir.
LA PRÉSENCE RASSURANTE DE JOSEPH
Pour ces milliers de familles privées de papa, privation qui nourrit la peur, l’angoisse et l’inquiétude. Nos chômeurs envient Joseph menuisier qui épargne à sa famille le besoin.
Les bergers et leurs troupeaux voisinant la crèche, parlent beaucoup aux nombreux éleveurs syriens qui ont perdu 70% de leur cheptel dans cette guerre.
La vie nomade sur cette terre biblique qui remonte à Abraham et bien avant, disparaît brutalement avec ses vieilles coutumes d’hospitalité et sa culture traditionnelle.
Les chiens de ces bergers de Noël compatissent sur le sort des animaux domestiques en Syrie ravagés par la violence meurtrière ils errent dans les ruines et se nourrissent de cadavres.
Cette symphonie de Noël pour la paix, cède devant la haine la division et l’atrocité cruelle…
A cette occasion, Samir NASSAR, Archevêque Maronite de Damas a imploré Dieu en ces termes: “PUISSE LES TROIS MAGES APPORTER A LA CRÈCHE DE SYRIE, les plus précieux cadeaux de Noël: Paix, Pardon et réconciliation; afin que brille à nouveau l’ÉTOILE DE NOËL dans nos sombres nuit”.
Message du Pape François
Dans son 1er message pour la paix du 1er janvier 2014, déjà publié jeudi 12 décembre 2013, le Pape François invite l’humanité à construire un monde fraternel. Il souligne dans ce message que “la fraternité est fondement et route pour la paix”. C’est dire que pour construire un monde de paix en luttant contre tous les maux qui minent l’humanité, il nous faut redécouvrir le sens authentique de la fraternité. Cette fraternité au sein de l’humanité, précise le Pape est due au fait que “tous les hommes proviennent des parents communs, d’Adam et Eve, couple créé par Dieu à son image et à sa ressemblance. (Cf. Gn 1,26).
“Comment pouvons-nous ne pas reconnaître que nous sommes tous frères, vu que nous avons tous le même père! Comment pouvons-nous reconnaître que le Fils de Dieu est notre frère? Par sa mort et sa résurrection il a racheté une humanité détruite et continue de nous offrir sa promesse de salut”, a-t-il dit. Dans ce message, le Pape se demande pourquoi notre monde est si peu fraternel: “L’égoïsme nous aurait-il aveuglé face à une fraternité pourtant indispensable? Peur et esprit de compétition ont-elles empoisonné notre dignité d’enfants de Dieu, de frères et de sœurs?”.
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