40ème anniversaire de la disparition du doyen de la littérature arabe

03-11-2013 01:35 PM


Taha Hussein romancier, essayiste et critique littéraire égyptien, surnommé «doyen de la littérature arabe», fut l’un des plus importants penseurs arabes du XXe siècle. Modèle de détermination et de succès, il fut le premier Egyptien à obtenir son doctorat de la France. Il s##éteignit le 28 octobre 1973

 Cette année, l’Egypte célèbre le 40ème anniversaire de la disparition du doyen de la littérature arabe, le Dr Taha Hussein, qui a enrichi la littérature arabe par de nombreuses œuvres. Taha Hussein a présenté une collection de films classiques marquant le  cinéma arabe au siècle dernier, y compris les films «L’appel du courlis» interprété par la Dame du cinéma  arabe Faten Hamama , et «L’amour perdu» de Soad Hosni , la série «Le livre des jours» qui relate l’histoire de sa vie interprétée par Ahmed Zaki à la fin des années soixante-dix . Quelques années après avoir quitté ce monde, l’artiste Mahmoud Yassine interpréta d’une manière convaincante l’histoire du grand romancier dans le film “Le vainqueur des ténèbres”. 
Biographie
Issu d’une famille pauvre dans un village de la Moyenne-Égypte en 1889, il était le septième d’une fratrie de treize enfants. Il perdit la vue à l’âge de trois ans, des suites d’une conjonctivite mal soignée. Cette rencontre précoce avec les méfaits de la pauvreté et de l’ignorance le marqua pour la vie. Il apprit le Coran par cœur, puis quitta son village pour le Caire où il fit ses études à l’université religieuse d’al-Azhar. Puis, il suivit les cours de la nouvellement créée Université Fouad Ier. Il bénéficia ensuite d’une bourse d’État pour poursuivre ses études à Paris, où il arriva en 1914, et y soutint une thèse de doctorat sur Ibn Khaldoun à la Sorbonne en 1919. Il y rencontra son épouse Suzanne Bresseau qui l’aida à apprendre le français, et joua un rôle important dans sa carrière comme dans sa vie.
Quand il revint de France en 1919, il travailla comme professeur d’histoire de l’Antiquité jusqu’en 1925, mais dès son retour en Égypte, il s’est appliqué à moderniser l’enseignement supérieur et à dynamiser la vie culturelle du pays. Il a également été professeur de littérature arabe à la faculté des lettres du Caire, doyen de cette faculté 1930, premier recteur de l’université d’Alexandrie, créée par lui en 1942, contrôleur général de la culture, conseiller technique, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Instruction Publique, puis finalement ministre de l’Éducation Nationale. Une volonté extraordinaire et une grande rigueur permettent à ce jeune non-voyant, issu d’un milieu modeste et paysan, une ascension sociale impressionnante.
Chefs-d’œuvre littéraires
Sur le plan littéraire, il commença comme de nombreux écrivains de la renaissance, par des travaux de traduction, dont les tragédies de Sophocle. Son œuvre principale, “al-ayyâm”, (littéralement “Les Jours”, traduite en français sous les titres “Le Livre des jours” pour les deux premiers tomes puis “La traversée intérieure” pour le dernier) est une autobiographie à la troisième personne. Le premier tome décrit la vie dans le village de son enfance, au bord du Nil. Il y décrit l’apprentissage précoce de la solitude dont a souffert ce jeune aveugle. Le deuxième tome s’attache à la narration de ses années d’étudiant au Caire, notamment à l’Université d’Al-Azhar. Là encore, la critique lucide et acérée de Taha Hussein n’épargna pas même Al-Azhar, qui faisait pourtant figure de vénérable institution. Le dernier tome se déroule entre Le Caire, Paris et Montpellier, et décrit ses années d’études en France sur fond de Première Guerre mondiale, la vie parisienne, la découverte de l’amour, la guerre, ses difficultés… Dans ce livre, simplicité, lyrisme, et même humour, tissent le style de Taha Hussein.
Il a marqué plusieurs générations d’intellectuels du monde arabe en poussant la modernisation de la littérature arabe, notamment à travers celle de la langue arabe : les phrases avec lui (peut-être du fait qu’il n’écrit pas ses livres mais les dicte à sa fille, à qui il dédie d’ailleurs Al-ayyâm) acquièrent une plus grande souplesse, le vocabulaire est simple et abordable. A noter aussi la nouveauté que peut représenter pour le roman arabe l’écriture autobiographique comme un outil de libération (André Gide, dira à ce propos dans sa préface à la version française des deux premiers tomes : « C’est là ce qui rend ce récit si attachant, en dépit de ces lassantes lenteurs; une âme qui souffre, qui veut vivre et se débat. Et l’on doute si, des ténèbres qui l’oppressent, celles de l’ignorance et de la sottise ne sont pas plus épaisses encore et redoutables et mortelles que celles de la cécité. »). Ses écrits sont traduits en plusieurs langues.
Il fut membre du Comité d’honneur du Centre culturel international de Royaumont.
Son départ
Taha Hussein est décédé en octobre 1973, immédiatement après avoir assisté à la victoire de son pays dans sa dernière guerre contre Israël. Il est mort dans sa maison, seul avec sa «voix douce».  Suzanne, son épouse écrivit à ce moment: «Nous étions ensemble, seuls, dans une ambiance indescriptible, je ne pleurais pas – les larmes me sont venues plus tard. Nous étions encore unis comme nous l’avions été au début de notre parcours,  cette dernière nuit, au milieu de cette très étroite familiarité, je lui ai parlé, embrassé ce front qui était si noble et beau, sur lequel l’âge et la douleur n’ont pas réussi à tailler des rides, et aucune adversité n’avait réussi à faire froncer les sourcils – un front dont  la lumière émanait encore “. “Car, avant tout, après tout, et par-dessus tout, il était mon meilleur ami, et il était mon seul ami”.
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