Malgré les “intrus”, le souvenir reste toujours vivace

13-10-2013 12:03 PM

Michael Victor


L’Égypte a fêté le 6 Octobre courant, le 40ème anniversaire de la victoire lors du conflit israélo-arabe. Un cœur dans le ciel et des traces de sang au sol, c##est cette image pour le moins contrastée qui restera sans doute de ce jour

A une phase cruciale de la transition politique, l’Église copte était présente à cet anniversaire notamment avec plusieurs actes symboliques. Du jamais vu jusque là. Les cloches des églises ont sonné et les prières ont été récitées dans les mosquées pour célébrer la victoire du 6 Octobre 1973. Cette année, les cérémonies avaient un autre goût, surtout après la chute du président Mohamed Morsi, qui avait célébré l’occasion en présence de personnes ayant appartenu au groupe qui a assassiné le président Anouar Al-Sadate.
Dans la matinée, les cloches de la Cathédrale Saint Marc du Caire ont sonné le début de la messe en présence de Sa Sainteté le Pape Tawadros II et de nombreux évêques. Cette messe fut retransmise en direct sur la chaîne de télévision d’Etat et plusieurs chaînes satellitaires.
Alors que la célébration se poursuivait, la prière pour les défunts fut chantée mentionnant l’Anba Samouïl, qui était l’évêque chargé du service général et fut assassiné lors de l’attaque terroriste par les Frères Musulmans du 6 octobre 1981 durant une parade militaire au Caire. L’Anba Samouïl se trouvait assis derrière Anouar el-Sadate, l’ancien Président égyptien qui fut la cible première de cette attaque. Le Pape Tawadros II a rendu hommage à cet évêque, victime du terrorisme.
La messe se termina et les fidèles quittèrent la Cathédrale. Un communiqué urgent de S.S. le Pape Tawadros II demanda à toutes les églises d’Égypte de faire sonner leurs cloches pendant 25 minutes à 14h05 précises, heure du début de la guerre entre Égypte et Israël, symbolisée par la traversée du Canal de Suez par l’armée égyptienne. C’est la première fois dans l’Histoire de l’Égypte que l’Église participait autant à un tel anniversaire en tant que citoyen “à part entière”.
Festivités populaires
Le pays a vécu une festivité d’ampleur nationale. Partout dans les rues d’Égypte, on chantait et dansait à l’amour du pays. Plusieurs estrades ont par ailleurs été installées, notamment dans la capitale.
C’est avec le vrombissement tonitruant des F16 volant au raz des toits que de nombreux cairotes se sont réveillés dimanche dernier. Une parade militaire pour célébrer la grande victoire du 6 octobre 1973 où les armées égyptiennes et syriennes ont surpris l’armée israélienne dans le Sinaï et le Golan.
Comme le 4 juillet dernier, jour de la destitution de Mohamed Morsi, les avions ont dessiné dans le ciel un cœur de fumée, symbole de l’amour entre le peuple et les militaires. “Le peuple, l’armée, une seule main”, c’est ce slogan qui a été ressassé tout l’après-midi sur la place Tahrir par une foule massive et joviale dans laquelle se trouvaient de nombreuses familles. Le traditionnel lieu de rassemblement des révolutionnaires égyptiens ressemblait à une fête foraine, où l’on tenait dans une main une pomme d’amour et dans l’autre un portrait du général Abdel Fattah Al Sissi.
La liesse populaire régnait dans cette fête qui cimente l’unité nationale.

Les trouble-fête
Par contre, d’autres manifestants étaient bien décidés à venir gâcher l’anniversaire et à se rendre eux aussi sur Tahrir. Ceux-là, pour la plupart partisans de Mohamed Morsi, n’entendaient pas se soumettre et ils étaient plusieurs milliers à marcher en direction de la célèbre place, tandis que les feux d’artifices retentissaient sur Tahrir, ce sont d’autres coups de feu qui résonnaient à quelques encablures de là.
Sur la place Ramsès, dans le quartier de Dokki où dans celui de Garden City, des unités de police mobile, secondées par des habitants ont dispersé ces marches. Au moins 50 personnes ont perdu la vie dans ces affrontements.
 
Cérémonie officielle
Des stars de la télévision, de la chanson et autres personnalités politiques étaient présentes pour chanter et célébrer ce 40ème anniversaire. Des personnalités reconnues, mais aussi des diacres. C’est ainsi qu’un groupe de diacres a répondu présent à cet appel pour chanter et célébrer cet anniversaire sur scène devant des milliers d’Egyptiens joyeux.
De l’autre côté du Caire, dans un établissement militaire, une autre scène a été installée avec des moyens dignes d’une fête nationale. Un lieu plus moderne et pouvant accueillir une foule d’Egyptiens bien plus nombreuse. Assis aux premiers rangs, Al-Sissi, ministre de la Défense et président du Conseil suprême des forces armées  et Adly Mansour, président de la république par intérim. Quant à la célébration officielle de l’armée, elle a englobé une grande soirée organisée au stade du 30 juin à Al-Tagammoe Al-Khamès, en présence du président intérimaire Adly Mansour et du Premier ministre Hazem Al-Beblawi, ainsi que plusieurs ministres arabes de la Défense. On notait aussi la présence de Mme Gihane Anouar Al-Sadate et le fils du président Gamal Abdel-Nasser. Cette soirée a été animée par des chanteurs arabes et égyptiens, dont Hussein Al-Gasmi, Hakim, Nancy Agram, Hani Chaker, Walid Tewfiq, Medhat Saleh et Poussy.
Au fil du spectacle, les célébrités et stars égyptiennes défilaient. Comédiens, artistes, humoristes et chanteurs ont tous répondu présents au spectacle retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévisions égyptiennes et suivie par des millions de téléspectateurs égyptiens.
Alors que le spectacle battait son plein, une partie attira l’attention de tous les Egyptiens qui exultèrent et applaudirent lorsqu’un poème pour l’amour de Celle qui a appelé son fils « Jésus » depuis l’Égypte, la Sainte Vierge Marie, fut publiquement interprété par un grand comédien musulman. Le fond pyramidale laissa alors place à la projection de la Sainte Famille en Égypte, pendant qu’un chœur répétait à plusieurs reprises « Ta Lumière, Ô Mère de la vraie Lumière », avant qu’un chant copte liturgique bien connu retentit, signifiant « Seigneur aie pitié ». Un acteur copte, Hani Ramzi, bien connu du grand écran surgit alors sur la scène et embrassa le comédien musulman.
L’Église a également été représentée comme jamais elle ne l’a été durant ces dernières années. Cette journée, ô combien historique pour l’Égypte, dont les vraies valeurs prônent celle de la tolérance religieuse et du vivre-ensemble ont marqué les esprits de tous.
Les Egyptiens, chrétiens et musulmans, n’oublieront pas ce dimanche 6 octobre 2013, jour d’unité nationale marquant le symbole de la citoyenneté égyptienne, transcendant les convictions religieuses de chacun.
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