Wajdi Mouawad: «Les mots peuvent encore sauver Sakineh»

15-12-2011 09:06 AM


Chaque jour qui passe est peut-être le dernier jour de la vie de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Chaque heure qui vient la rapproche inéluctablement de cette mort par lapidation à laquelle la justice iranienne l’a condamnée. Cette femme, qui croupit depuis 5 ans dans la prison de Tabriz, a été condamnée, au terme d’un simulacre judiciaire dont l’Iran a le secret. Deux relations amoureuses hors mariage sont le prétexte de ce verdict qui l’expose à une mort atroce.On tue avec des pierres, on sauve avec des mots. La Règle du jeu, le magazine Elle et Libération et le magazine ELLE prennent donc aujourd’hui une nouvelle initiative. Artistes, intellectuels, hommes et femmes politiques ainsi que nos lecteurs, tous sont sont invités à nous faire parvenir un message. Une citation, un témoignage de solidarité, une prière: tous les messages sont les bienvenus  pourvu qu’ils disent à Sakineh qu’elle est moins seule qu’il n’y paraît et à ses assassins que le monde les regarde et les juge.
Chaque jour, Sauvons Sakineh !
Aujourd’hui, nous publions la lettre de l’écrivain canadien Wadji Mouawad:
Ils lui offriront donc la mort par Lapis-Lazuli mais ce ne sera pas là un collier de joie. Ils jetteront sur elle les pierres et ce ne sera pas de l’azur. Se figurer un instant l’instant où le roc lui fracassera le crâne, l’écho au coeur ne sera pas musique. Se souviendront-ils que lapider et lapis-lazuli, pierre d’azur, partagent la même origine ? Elle, enfoncée jusqu’au torse dans la terre, incapable de parer aux coups, dans la frayeur du don qui lui sera fait et l’obligation monstrueuse de le recevoir, douleur douleur, elle n’aura que la possibilité d’être spectatrice de cet instant vertigineux où la pierre voyagera, depuis la main qui la jettera, jusqu’à son visage qui se brisera avant de s’éteindre, emporté au gouffre rouge des haines pour noyer toutes les secondes de sa vie


 

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