Une tension toujours très vive en Syrie

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


Situation toujours tendue en Syrie, sur fond de contestation du pouvoir, comme dans d’autres pays arabes. Difficile de dire à ce stade si le vent de révolte menace le pouvoir de Bachar el-Assad, reste que les évènements en Syrie sont suivis de très près par Israël, qui reproche à Damas son soutien aux groupes radicaux palestiniens et libanais. Deux policiers effectuant une patrouille de routine ont été tués par balles par des inconnus dans la province de Damas. C’est ce qu’a indiqué mardi la télévision publique syrienne. Selon l’agence officielle Sana, ils ont été abattus “par des hommes armés non identifiés”.  Ces morts sont annoncées alors qu’un mouvement de contestation sans précédent du régime en Syrie entre dans sa troisième semaine. Le président Bachar el-Assad est au pouvoir depuis onze ans.   Ouvrir une enquête transparente Human Rights Watch (HRW) et six organisations syriennes des droits de l’Homme ont exhorté les autorités syriennes à mener des enquêtes sur la mort par balles de manifestants, et à traduire en justice les responsables de ces attaques. “Depuis trois semaines, les forces de sécurité syriennes tirent sur des manifestants en majorité pacifiques et au lieu d’enquêter sur les responsables de ces tirs, les autorités syriennes essaient d’en imputer la responsabilité à des groupes armés”, a dénoncé HRW, dans un communiqué diffusé mardi soir. HRW, basé à New-York, s’intéresse en particulier à des manifestations ayant eu lieu le 1er avril à Douma, à 15 km au nord de Damas.   Par ailleurs, six organisations syriennes des droits de l’Homme, dont deux kurdes, se déclaraient mercredi, dans un communiqué commun, “inquiètes de l’usage excessif de la force par les autorités pour disperser les manifestations pacifiques”. Les forces de sécurité “utilisent des matraques, des grenades lacrymogènes et tirent avec des balles réelles faisant des dizaines de morts et de blessés” soulignent ces organisations. “Nous rejetons la violence sous toutes ses formes. Elle montre l’obstination des autorités syriennes à vouloir porter atteinte aux droits élémentaires des citoyens garantis par la Constitution”, ajoutent-elles. Par ailleurs, l’Organisation nationale des droits de l’Homme en Syrie fait état de l’arrestation de 14 journalistes syriens, dont huit sont toujours en prison, depuis le début du mouvement de protestation contre le régime à la mi-mars. L’une des principales revendications des protestataires est l’abrogation de cette loi qui réduit sensiblement les libertés publiques.  Médiation turque Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a affirmé mercredi à Damas le soutien de son pays aux réformes en Syrie, où le régime est aux prises depuis trois semaines avec une contestation sans précédent. “Davutoglu a affiché le soutien de son pays à l’ensemble des réformes entamées par les autorités syriennes et assuré que la Turquie était prête à offrir toute l’aide possible pour les accélérer afin d’assurer la prospérité du peuple syrien et renforcer sa sécurité et sa stabilité”, affirme un communiqué de la présidence syrienne cité par l’agence Sana. Pour sa part, le président Bachar al-Assad, qui l’a reçu, a exprimé “sa reconnaissance à l’égard de la Turquie, soucieuse de la sécurité et de la stabilité de la Syrie”. Il a par ailleurs indiqué son désir “de tirer profit de l’expérience de certains pays, spécialement de la Turquie, pour rédiger des projets de loi concernant les réformes”. Face à la contestation, les autorités syriennes ont récemment affiché leur volonté d’adopter des réformes. La semaine dernière, le président Assad avait notamment chargé une commission juridique de rédiger une nouvelle législation pour remplacer la loi d’urgence, adoptée en 1962. Le 28 mars, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré avoir conseillé au président Assad de répondre positivement “aux demandes formulées depuis de longues années en faveur de réformes” pour que le processus de démocratisation se fasse pacifiquement.  Israël et Hamas observent Lorsque l’Egypte s’est soulevée début 2011, les Israéliens savaient ce qu’ils risquaient de perdre: un traité de paix signé il y a 3 décennies avec un géant du monde arabe. Avec la Syrie, la situation est plus compliquée. Les deux pays sont toujours techniquement en état de guerre. Et, même si la frontière est calme, la confrontation est indirecte, puisque Damas soutient des organisations radicales, hostiles à Israël: Hamas et Jihad islamique palestiniens et Hezbollah libanais. Et puis la Syrie est aussi un solide allié de l’Iran, autre ennemi d’Israël.  Le Hamas, lui affiche sa sérénité face aux évènements en Syrie. Le mouvement islamiste contrôle la bande de Gaza depuis 2007, mais sa direction politique se trouve à Damas, en Syrie, ce qui ne devrait pas changer, selon Tayseen Moahsen, diplomate du Hamas à Gaza : « La présence du Hamas en Syrie ne sera pas tellement affectée par la disparition du régime, car c’est une position de la nation syrienne et pas une position du régime syrien ». Le Hamas a salué la chute d’Hosni Moubarak en Egypte et aujourd’hui, il affirme qu’il n’interfèrera pas dans les affaires internes de la Syrie.  Si la contestation devait ébranler le pouvoir syrien, le Hamas aurait à jouer une partie delicate, le mouvement palestinien est issu de la mouvance des Frères musulmans, une confrérie sévèrement réprimée en Syrie. Aujourd’hui le Hamas est allié avec le pouvoir syrien alaouite de Bachar al-Assad (issu de la minorité chiite alaouite) mais il espère conserver le soutien de la Syrie si le pouvoir venait à changer de main dans ce pays. Ce soutien syrien aux organisations armées palestiniennes et libanaises est l’un des obstacles à une paix avec Israël.

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