Une phase compliquée pour l’économie grecque

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Le Premier ministre grec Georges Papandréou a exclu la restructuration de la dette du pays, en grave crise budgétaire, soulignant que “cela serait catastrophique pour l’économie”. “La logique de la restructuration de la dette serait catastrophique pour l’économie, pour notre crédibilité, pour notre avenir”, a affirmé Papandréou au cours d’une conférence de presse à Salonique, deuxième ville grecque, après avoir annoncé samedi les grandes lignes de sa politique économique pour 2011. En cas de suspension du paiement de la dette, “on irait alors vers un effondrement potentiel et probable du système bancaire, et la perte par les familles grecques de leurs propriétés, ce serait une tragédie”, a-t-il ajouté. Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait oeuvré depuis son arrivée au pouvoir il y a onze mois “pour éviter la banqueroute” de son pays, dont la dette colossale a atteint 300 milliards d’euros (115% du PIB) et le déficit public s’est élevé à 14% du PIB en 2009. C’est pour cette raison que son gouvernement a dû adopter une série de mesures d’austérité strictes en échange d’un prêt des pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) de 110 milliards d’euros sur trois ans, a-t-il expliqué.  Le taux a augmenté  La Grèce a procédé à la première de ses nouvelles adjudications mensuelles d’emprunts à court terme en émettant pour 1.17 milliard d’euros de bons du Trésor à six mois au taux de 4.82%, un rendement en hausse par rapport à l’opération équivalente de juillet (4.65%). Les professionnels du marché obligataire anticipaient un rendement situé entre 4.85% et 5.35%. “La Grèce a prouvé une nouvelle fois qu’elle avait accès au marché”, a commenté David Schnautz, stratège de Commerzbank à Londres. “Certes, le taux a augmenté par rapport à juillet mais étant donné la volatilité générale, il est en ligne avec le marché.” “On est à l’évidence sur une tendance à la pentification de la courbe des taux en Grèce. Si certains intervenants sont satisfaits des perspectives à très court terme, l’horizon s’assombrit au fur et à mesure que l’on avance dans le temps”, a-t-il ajouté. Depuis qu’elle a bénéficié en mai d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), la Grèce a décidé de passer à un rythme mensuel et non plus trimestriel pour ses émissions de bons du Trésor afin de faciliter la gestion de ses opérations et d’optimiser le profil de sa dette. L’agence de gestion de la dette publique (PDMA) a précisé que la demande pour l’opération de mardi avait représenté 4.5 fois l’offre, contre un ratio de 3.64 lors de l’adjudication de juillet. Le taux servi reste inférieur à celui de 5.0% dont Athènes doit s’acquitter pour les fonds prêtés par le FMI et l’UE. Mais il est nettement supérieur à ceux des opérations équivalentes d’autres pays “périphériques” de la zone euro. Le Portugal, par exemple, a emprunté à six mois le 1er septembre au taux de 2.045%.  Réduction du déficit budgétaire  Le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé dans un rapport sur la Grèce publié que certaines éléments conjoncturels au second semestre risquaient de compliquer la politique de réduction du déficit budgétaire, après la réussite affichée jusque-là. “Des risques pèsent sur les perspectives de recettes puisque l’économie se contractera, et que les dépenses des collectivités locales ne sont pas totalement contrôlées par le gouvernement”, a indiqué le FMI dans un rapport, daté du 26 août, sur l’avancée du programme économique qui accompagne un prêt d’environ 30 milliards d’euros au pays. “De plus, une certaine sous-exécution du budget du côté des dépenses devrait faire ressentir ses effets, à cause par exemple d’une concentration de paiements d’intérêts et d’une hausse des dépenses militaires au second semestre”, a poursuivi le Fonds. Il aussi relevé les sommes qui devraient couvrir en fin d’année les dépenses du secteur hospitalier. Enfin, “des postes qui ne sont pas encore visibles dans les critères de performance budgétaire, lesquels sont définis en termes de trésorerie disponible, comme les garanties publiques sur des dettes, devraient atteindre 1.5 milliard d’euros, avec les difficultés pour les entreprises publiques à refinancer des dettes qui arrivent à maturité”, a souligné le FMI.  Dans ce rapport, le FMI a amélioré ses projections de déficit budgétaire par rapport à celles faites lorsqu’il a débloqué le prêt en mai: ce déficit devrait atteindre 7.9% du produit intérieur brut en 2010 (contre 8.1% prévus auparavant) et 7.3% en 2011 (contre 7.6%). Le FMI a réitéré ses projections économiques de mai: un recul du produit intérieur brut en 2010 et 2011 (-4.0% puis -2.6%), et le retour de la croissance à partir de 2012 (+1.1%). 

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