Une mission d’urgence pour sauver la paix

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


L’émissaire américain George Mitchell entame une mission d’urgence au Proche-Orient destinée à sauver le processus de paix israélo-palestinien, qui menace de s’effondrer après la non-prolongation du moratoire sur la colonisation juive en Cisjordanie. La décision israélienne de reprendre la construction dans les implantations après l’expiration du gel suscite la colère des Palestiniens, qui menacent de quitter les négociations de paix relancées il y a moins d’un mois. Elle crée également des frictions entre Israël et son allié américain, parrain du processus de paix, qui s’est dit “déçu” par le refus israélien de prolonger le moratoire de 10 mois.   Reprise de la colonisation De sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a souhaité mercredi la poursuite des négociations avec le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, qui envisage de s’en retirer en raison de la reprise de la colonisation, en recevant l’émissaire américain George Mitchell. “Il y a beaucoup de doutes et d’obstacles sur le chemin de la paix. Tout le monde le comprend”, a dit Netanyahu, selon un communiqué de son bureau, lors de la rencontre avec Mitchell, arrivé mardi soir pour redonner vie aux pourparlers. “Mon gouvernement et moi-même sommes déterminés à parvenir à un accord de paix qui garantisse la sécurité et les intérêts vitaux d’Israël”, a-t-il ajouté. “J’espère que les discussions positives qui ont commencé avec le président Abou Mazen (Mahmoud Abbas) continueront pour tenter d’atteindre ce but”, a poursuivi le Premier ministre israélien.  Abbas a affirmé qu’Israël porterait la responsabilité d’un arrêt des négociations, entamées le 2 septembre, à cause de la reprise de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie. La construction a recommencé dans des colonies après l’expiration d’un moratoire de dix mois, qu’Israël a décidé de ne pas prolonger malgré d’intenses pressions internationales, et les mises en garde d’Abbas affirmant qu’il ne continuerait pas à négocier sans poursuite de ce moratoire. Mais il a indiqué qu’il annoncerait sa décision sur l’avenir des pourparlers de paix après une réunion de la Ligue arabe le 4 octobre. En visite à Paris, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré qu’il ne prendrait pas de décision sur un éventuel retrait des pourparlers avant de consulter la Ligue arabe lundi au Caire. Aux Etats-Unis, le porte-parole du département d’Etat, P.J. Crowley, a salué la décision de Mahmoud Abbas de ne pas quitter les négociations pour l’instant, et réprimandé Israël pour la reprise de la colonisation.  Médiation de Sarkozy Le président Nicolas Sarkozy a invité mardi soir son homologue égyptien Hosni Moubarak à une réunion préparatoire du sommet de Barcelone pour l’Union pour la Méditerranée (UpM). La réunion se déroulera à Paris au cours du mois d’octobre. Seront également conviés à cette réunion le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Une façon pour Nicolas Sarkozy de relancer des négociations pour la paix au Proche-Orient qu’il a jugé stériles, lors d’une conférence de presse donnée juste après son déjeuner de travail avec le président de l’Autorité palestinienne à l’Elysée. “Depuis la conférence d’Annapolis il y a trois ans, le processus de paix n’a connu aucun développement significatif. Dix ans après Camp David, nous n’avons pas progressé et nous avons peut-être même reculé.” Dans un communiqué diffusé par ses services, le Premier ministre israélien a fait savoir qu’il s’était entretenu au téléphone avec le président français Nicolas Sarkozy et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. “Je crois de tout mon cœur que nous pourrons aboutir à un accord-cadre d’ici un an qui changera l’histoire au Proche-Orient”, a-t-il dit. L’UPM a été créée le 13 juillet 2008 à l’initiative du président Nicolas Sarkozy. Elle compte actuellement une quarantaine de membres, dont Israël, l’Autorité nationale palestinienne, les pays arabes riverains de la Méditerranée et les pays de l’UE.   Absence européenne Nicolas Sarkozy a à nouveau réclamé que l’Union européenne (UE) et l’Union pour la Méditerranée (UpM) soient associées aux discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens, dénonçant un “problème de méthode” dans les pourparlers conduits par les seuls Américains. “Il ne s’agit nullement de critiquer qui que ce soit, je veux d’ailleurs rendre hommage aux efforts considérables du président américain Obama pour relancer le processus. Mais j’observe que, dix ans après Camp David, nous n’avons pas progressé et peut-être même reculé dans la reprise du dialogue”, a estimé Sarkozy. “On voit bien qu’il y a un problème de méthode”, a-t-il ajouté. “Le Quartette et ses membres doivent collectivement et concrètement exercer le rôle de supervision qui est le leur. L’Europe, premier donateur en faveur des Palestiniens, l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui est affectée par ce conflit, doivent, c’est une exigence, désormais participer au processus politique”, a-t-il poursuivi devant la presse. Les négociations directes de paix entre Israël et les Palestiniens ont repris début septembre à Washington sous la seule houlette des Etats-Unis, en l’absence des autres membres du Quartette (UE, Russie, ONU). 

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