Un triste jour pour le peuple syrien

15-12-2011 09:07 AM


Le Conseil de sécurité ne pouvait rester silencieux face à la tragédie syrienne. Il devait s’élever contre un dictateur qui massacre son peuple et cherche à étouffer l’aspiration légitime des Syriens à la démocratie. La France, avec ses  partenaires, a tout tenté pour proposer au Conseil de Sécurité un texte fort mais qui puisse répondre aux préoccupations de tous. Certains ont décidé de mettre leur veto. C’est un triste jour pour le peuple syrien. C’est un triste jour pour le Conseil de sécurité. Les appels de la Ligue Arabe à faire cesser l’effusion de sang, les déclarations des pays du voisinage, les souffrances du peuple syrien montrent bien que ce veto est à contresens de l’histoire qui se déroule en Syrie et dans toute la région.
Vetos russe et chinois à l’Onu 
La Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité, ont opposé leur veto à un projet de résolution des pays occidentaux menaçant le régime syrien de mesures ciblées pour la répression sanglante des manifestations. Moscou, allié de Damas qui bloquait depuis des semaines tout projet de sanctions, avait proposé son propre projet de résolution mettant l’accent sur la nécessité du dialogue politique en Syrie et mettant la pression aussi bien sur l’opposition que sur le régime du président syrien. La répression par le régime de Bachar du mouvement de contestation populaire a fait selon l’ONU plus de 2.700 morts depuis la mi-mars.
Colère occidentale
Les Occidentaux, France, Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni et Portugal, voulaient une résolution forte contre Bachar Al-Assad. Celui-ci était défendu par la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto. Sans surprise, les Occidentaux ont vivement réagi. Et pour une fois, ils n’ont pas usé de l’habituelle langue de bois diplomatique. Les Etats-Unis se disent “furieux”, l’Allemagne juge “l’échec très regrettable”, la France, par la voix d’Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, parle d’un “triste jour pour le peuple syrien et le Conseil de sécurité”. La Russie affirme pour sa part que “la menace de sanctions était inacceptable” tandis que la Chine estime que la résolution “n’aurait pas amélioré la situation en Syrie”. Au-delà de ce rejet, les Occidentaux ont au moins atteint l’un de leurs objectifs, placer la Russie et la Chine devant leurs responsabilités en les forçant à utiliser leur veto puisque la majorité nécessaire à l’adoption du texte a été obtenue. De sa part, la Turquie imposera des sanctions à la Syrie malgré le rejet au Conseil de sécurité de l’Onu d’une résolution qui aurait ouvert la voie à de telles mesures internationales contre Damas, a déclaré mercredi dernier le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.  
Soutien au “Conseil national syrien”
Des manifestations d’appui au Conseil national syrien ont eu lieu à Damas en dépit du déploiement massif des forces de sécurité, ainsi qu’à Hama, Homs, Idleb, Deraa, Deir Ezzor et la province de Damas. Le veto des Russes et des Chinois à l’ONU va encourager les violences en Syrie qui risque de basculer dans la guerre civile, a déploré dans un entretien à l’AFP Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien, instance de représentation de l’opposition syrienne. M. Ghalioun a également appelé à l’organisation d’une “conférence internationale sur la Syrie, avec les grandes puissances, les pays arabes mais aussi les Russes qui ont toujours cette position insoutenable”.
“On demande à la communauté internationale de nous proposer un plan de protection des civils syriens”, a-t-il dit à quelques jours d’un voyage en Egypte et en Tunisie où il veut obtenir le soutien des pays arabes.
“Nous rejetons une intervention à la libyenne. Protection des civils ne veut pas nécessairement dire intervention militaire”, dit-il en référence à la résolution 1973 de l’ONU sur l’intervention contre le régime de Mouammar Kadhafi.
“Si la communauté internationale prend une position unifiée et forte en collaboration avec la communauté arabe, on peut obliger le régime à céder”, estime-t-il.
“Soutenir Bachar al-Assad dans son projet militariste et fasciste ne va pas encourager le peuple syrien à rester dans la révolution pacifique”, a réagi M. Ghalioun en référence aux Russes et aux Chinois.
LE CNS, né fin août à Istanbul, réunit quasiment toutes les tendances politiques opposées au régime, notamment les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens.
Burhan Ghalioun, professeur de sociologie dans une université parisienne et installé à Paris depuis 1978, craint un basculement du pays dans la guerre civile, notamment à la faveur des désertions de soldats et d’officiers de l’armée après sept mois de conflit.
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