Un printemps d´artistes

15-12-2011 09:05 AM


Le festival du Printemps organisé par “Al-mawred al-saqafi” cherche à soutenir toute créativité artistique dans la région arabe. Ceci afin d’encourager tous les échanges culturels dans le monde. Festival jusqu’au 22 mai, au Caire, à Alexandrie et à Beyrouth.
La fondation libanaise Al-mawred al-saqafi (La ressource culturelle) sans but lucratif, organise jusqu’au 22 mai prochain, la 4e édition du Festival du Printemps dans tous les domaines de l’art (musique, théâtre, performance, danse, littérature…). Cette année et pour la première fois, le festival du Printemps est tenu simultanément au Caire, à Alexandrie et à Beyrouth, avec la participation d’un bon nombre d’artistes et d’auteurs de 15 pays : les musiciens et chanteurs sont : la chanteuse et joueuse de Dutar, Nodira Primatova (Ouzbékistan), et Homayoun Sakhi (Afghanistan). Ce dernier né en 1976 dans la capitale afghane, a appris la musique avec son père Ghulam Sakhi et son oncle, le célèbre musicien Ustad Mohammad Omar. Depuis la Californie où est située son école de musique, il œuvre à la préservation de ce patrimoine musical. Sa pratique du rabab adopte des techniques instrumentales inédites mais conserve un ancrage dans la tradition en particulier celle des pashtouns. De la République Tchèque participe au festival Iva Bittova. Actrice, chanteuse et violoniste, Bittova grandit dans une famille de musiciens. Iva Bittová commence à travailler très jeune comme actrice dans la compagnie de théâtre d’avant garde “Husa na provázku”. Elle apprend le violon et commence à chanter ses propres compositions. Elle a aussi interprété des mélodies classiques, notamment de Leos Janacek et a incarné Elvire dans “Don Giovanni” à Carnegie Hall en 2000.
De Cuba/Espagne se produira au festival du Printemps, le fameux arrangeur, pianiste et percussionniste, Omar Sosa. Aimant les mélanges savamment dosés, Omar Sosa est un être fin et cela s’entend. Sur des compositions solidement charpentées , il crée des ambiances à base de jazz, de hip hop et d’une touche cubaine omniprésente sans être envahissante. Sa musique spirituelle (mais non pas cérébrale) et, surtout, terriblement sensuelle, emmène l’auditeur vers des contrées à la fois urbaines et ouvertes vers des paysages aérés. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’homme ne s’habille que de blanc. Les chansons d’Omar Sosa sont à son image : dans l’air du temps, mais avec cette pointe d’originalité qui les rend immédiatement reconnaissables.
De la Tanzanie participe également le chanteur vivant en Norvège Nas Ras (le 15 mai, au théâtre Gueneina, parc Al Azhar). La musique de ce dernier mêle la musique africaine au reggae, tout en les incrustant de ses propres paroles poétiques.
Le festival du Printemps n’omet pas de céder honorablement place cette année, à danse des derviches tourneurs, et d’inviter de la Turquie le danseur et chorégraphe turc Ziya Azazi (le 20 mai, à Samaa Khana, rue Sweifiya, à Al-Helmiya al-guédida). Né en 1969 à Antioche (Turquie), Ziya Azazi finit ses études d’ingénieur à Istanbul où il découvre le monde de la gymnastique acrobatique et de la danse. A partir de 1990, il commence ses premiers travaux chorégraphiques au Théâtre d’Etat d’Istanbul. 
En 1994 il s’installe à Vienne en Autriche et participe à de multiples festivals en travaillant avec différentes compagnies. Il obtient en 1999 une bourse européenne de “DanceWEB”, lors du festival de danse “Sommertanzwochen” de Vienne avec une mention du jury l’honorant comme le danseur le plus remarquable de l’année pour sa performance en solo “Unterwegs Tabula Rasa”. Entre 2000 et 2002 Ziya Azazi est engagé par l’Opéra de Vienne, par le Theaterhaus de Stuttgart et par le Grand Théâtre de Genève. Ziya Azazi tourne depuis dans le monde entier, en Asie, aux Etats-Unis, en Amérique latine comme au Maghreb et au Proche-Orient. Depuis dix ans il se consacre à la danse traditionnelle soufie et a créé plusieurs oeuvres en solo en s’inspirant de cette danse rituelle, comme “Dervish in Progress” où ‘Azab recherchait une synthèse avec la danse contemporaine occidentale. Son solo Dervish, qui est une intégration de ces deux soli, connaît un très grand succès dans le monde entier.
Ziya Azazi a choisi la danse comme langage pour découvrir son centre, se déplacer dans le monde afin de trouver sa vérité, la vérité cachée qui se dévoile peu à peu à travers le mouvement, en suivant la lignée des mystiques d’Anatolie, en transgressant les frontières de cette tradition ancestrale. Le corps de Ziya Azazi parle un langage clair : l’homme cherche l’absolu, la vérité, le sens de l’être. Cependant il doit passer par plusieurs étapes comme la peur, la confusion, l’ignorance.
Pour les soirées du 21 mai au théâtre Gueneina d’al Azhar et le 22 mai au centre culturel des Jésuites, se produira le Quintet Barana, formé de musiciens de l’Orient et de l’Occident dont le percussionniste turc Behsat Üvez et le clarinettiste danois Steven Kamperman. De l’Afrique du Sud : la chanteuse Thandiswa (le 21 mai au centre culturel des Jésuites d’Alexandrie et le 22 mai au théâtre Gueneina) Pour Thandiswa, il s’agit d’une musique qui fait « retour vers l’Afrique ». Sa musique urbaine sud-africaine célèbre l’hédonisme, la lutte cntre la discrimination raciale et un espoir d’indépendance. De l’Angleterre participe au festival Benjamin Zephaniah. Ecrivain et poète britannique, Zephaniah a passé une partie de son enfance en Jamaïque. En 1968, il fait sa première performance dans une église et, dès 1973, il est reconnu pour son art dans sa ville natale.
Zephaniah publie son premier recueil de poèmes, “Pen Rhythm”, en 1980. Il est si bien reçu qu’il fera l’objet de trois éditions successives. Son album “Rasta” rend hommage à Nelson Mandela, et lui attire une renommée internationale. C’est à la suite de cet album qu’il est présenté à Nelson Mandela, futur président d’Afrique du Sud, alors prisonnier politique.
En novembre 2003, Zephaniah se révèle, dans le journal “The Guardian”, et est décoré par la reine Elizabeth II, comme « Officer of the Order of British Empire » (OBE). Zephaniah est membre honoraire de la Vegan Society (Société végétalienne) britannique. Au vu de son oeuvre, Zephaniah a été admis comme docteur honoraire de plusieurs universités : University of North London (en 1998), University of Central England (en 1999), Staffordshire University (en 2002), London South Bank University (en 2003), University of Exeter et University of Westminster (en 2006).
Autre pays qui participe au festival, c’est l’Irak, en présence du luthiste et chanteur Anwar Abudragh avec qui la fusion est le mot d’ordre. Anwar Abudragh est né à Bagdad en 1970. Il a étudié à l’Institut de la Musique et la faculté des Arts Plastiques de l’Université de Bagdad où il a obtenu une licence en art musical. Aujourd’hui, il travaille comme professeur de musique au Centre culturel Arabe à Bruxelles. En tant que soliste, il continue à donner des concerts d’oud et de djosé, et chante le maqam irakien. A l’heure actuelle, Abudrag cherche à réinventer le maqam irakien tout en se basant sur la tradition classique et en l’enrichissant de l’expérience qu’il a tirée de son travail avec ces groupes musicaux venus de différents horizons.
Le programme inclut également beaucoup de spectacles de théâtre tels que la « Cité des miroirs » mise en scène du libanais Roger Assaf. Le jeu de la pièce théâtrale est inspiré par les peintures de l’artiste Paul Giragosian (1926 – 1993) et par les documents sur Jérusalem avant 1948. Il est à savoir que Roger Assaf est né en 1941 à Beyrouth d’une mère française et d’un père libanais. Il entame en 1958, ses études de médecine à l’université jésuite Saint Joseph où il fonde le Centre Théâtral Universitaire avec le célèbre dramaturge George Shahada.
Assaf est le directeur du premier théâtre de Beyrouth fondé en 1965 et rouvert avec l’aide du fameux écrivain libanais Elias Khouri en 1992, après 20 ans de guerre civile.
Chrétien de naissance converti au chiisme, il est aujourd’hui considéré comme la référence du théâtre arabe engagé socialement et politiquement. Parmi ses œuvres: “Ayyam al-Khiyyam”, “Muzakkirat Ayyub” et “Lucie la femme verticale”. 

Quant au programme de Beyrouth, il inclut beaucoup de spectacles de théâtre, tels que « les deux immigrés » dirigés par Samer Omran de Syrie, « la dernière bande » dirigée par Ossama Ghanam de Syrie et « l’heure finale » par le directeur tunisien Ezzedine Ganoun, en plus de l’exposition de marionnettes la « terre et les saisons » par Zahra Sabry d’Iran.
Les événements de festival auront lieu à plusieurs lieux de rendez-vous au Caire et à Alexandrie comprenant le théâtre d’AL Genaina, le palais de l’émir Taz, Al Sama Khana, le théâtre de Rawabet, la Bibliotheca Alexandrina, et le centre culturel jésuite à Alexandrie (théâtre du garage). Alors que tous les événements tenus à Beyrouth auront lieu au théâtre du tournesol.
En marge du festival de cette année, ce dernier inclut également un programme intitulé « demain », qui sera maintenu au Viennois Hôtel (11, rue Champollion, centre-ville) et au théâtre de Rawabet (rue Mahmoud Bassiouni, bifurcation de la rue Champollion, centre-ville). Le programme qui ouvrira ses portes le 9 mai, inclut des exécutions théâtrales, comme “Squeeck” par Kholoud Nasser (Liban). Le message de Nasser dans son pantomime « Squeeck » est centré sur la monotonie de l’existence quotidienne, d’une manière amusante dans sa banalité. Un spectacle qui crée une sensation tragique-comique du vécu. 
Squeeck sera suivi d’”Upstairs” (en haut) de Jad Hakawati et Roaa Bazieh (Liban), des expositions d’art, des lectures littéraires et des criblages de films, par un grand groupe de jeunes artistes arabes qui ont reçu l’appui de production d’al mawred al saqafi (Ressource culturelle). Un festival prometteur.
Névine Lameï






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